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Accueil du site > Tribune Libre > Une langue pour faire aimer le français et les autres langues

Une langue pour faire aimer le français et les autres langues

La Semaine de la langue française et de la Francophonie offre l’occasion de se pencher sur un moyen d’améliorer sa connaissance linguistique, pour les natifs comme pour les non-natifs, mais aussi, en dehors de la Francophonie, sur le moyen d’amener à la découvrir par une voie qui facilite son accès : l’espéranto.

Déjà expérimenté avec succès pour diverses langues, dont le français, un enseignement préparatoire basé sur l’espéranto permet à l’élève d’avoir en très peu de temps une langue de référence qui facilite la compréhension de diverses structures linguistiques. Il est connu que la première langue étrangère est la plus difficile à apprendre. Or, comme la langue étrangère aujourd’hui la plus enseignée au monde conduit à un taux d’échec excessivement élevé, et ceci avec une dilapidation considérable de moyens et de temps, donc d’argent, les effets sont désastreux non seulement pour la langue maternelle, mais aussi pour l’apprentissage ultérieur d’autres langues.

L’espéranto a le double avantage d’être une langue conçue pour la communication entre des peuples de langues différentes - ce qui n’a jamais été le cas de quelque langue nationale ou ethnique que ce soit - et de mettre l’élève dans de bonnes dispositions d’esprit pour aborder l’apprentissage d’autres langues et pour découvrir les ressources de la sienne. Nous connaissons en effet des cas assez nombreux de grands polyglottes pour lesquels l’espéranto a été la première ou l’une des premières langues étrangères, par exemple Georges Kersaudy, ancien fonctionnaire international qui a été amené à parler, écrire et traduire en une cinquantaine de langues, dont l’espéranto. Il est l’auteur d’un ouvrage dans lequel il décrit 29 langues de l’Europe : Langues sans frontières (éd. Autrement). Ce fut aussi le cas de Maxime Rodinson, orientaliste de grand renom, qui en connaissait une trentaine, ou aussi de l’Estonien Paul Ariste qui avait une connaissance active de 26 langues, et passive d’une trentaine.

Trop souvent considéré, par méconnaissance, et surtout par manque d’information, comme un passe-temps pour des gens originaux, comme une marotte, comme une utopie réservée à des doux rêveurs déconnectés du monde réel, l’espéranto est de plus en plus perçu comme une issue à l’impasse de Babel. Les initiatives les plus audacieuses et les plus dynamiques apparaissent dans les pays qui auront une grande influence mondiale dans un avenir pas très lointain, tels que le Brésil : lancement de la Télévision internationale ITV, production de films sur DVD en espéranto ; la Chine : formation d’enseignants dans la province du Liaoning et enseignement officiel dans bon nombre d’universités de Chine : 19 contre aucune en France, non point par manque de professeurs, mais du fait que les ministres successifs de l’éducation nationale ignorent même qu’ils sont ignorants en la matière. Y en aura-t-il un pour racheter les autres ? Chacun de nous ne connaît-il pas l’excuse de celui qui veut noyer son chien ?

Pour le régime nazi, l’espéranto était "une langue de juifs et de communistes", pour le régime stalinien "une langue de sionistes et de cosmopolites"... Le grand humaniste Érasme disait : "Je suis un Gibelin pour les Guelfes et un Guelfe pour les Gibelins". Il a fallu que le professeur Umberto Eco étudie l’espéranto, pour la préparation d’un cours présenté en 1993 au Collège de France, pour qu’un avis autorisé soit enfin exprimé : “L’espéranto est une langue construite avec intelligence et qui a une histoire très belle“. Mais entre le Collège de France et la rue de Grenelle, pour qu’un avis débouche sur une action concrète, il faut “un certain temps“.

L’espéranto aura 119 ans dans quelques mois, ce qui est évidemment très peu par rapport à l’histoire de la plupart des langues. Il serait possible de dire à son propos, à la façon de Don Rodrigue dans Le Cid  : "Je suis jeune, il est vrai, mais aux langues bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années."

J’ai été moi-même agréablement surpris, lors d’une réunion organisée à La Roche-sur-Yon par l’Association culturelle et artistique du Pays yonnais (ACALY), du bon accueil réservé à mon intervention, dont le texte peut être lu sous le titre “Quel parti la langue française peut-elle tirer de la défense et de l’illustration de l’espéranto ?->http://www.esperanto-sat.info/article708.html]“

Il sera sans doute utile de revenir sur les aspects historiques qui ont conduit à sous-estimer l’espéranto, voire à le mésestimer.


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20 réactions à cet article    


  • Olso (---.---.193.37) 22 mars 2006 13:03

    Excellent article, tout comme l’exposé fait à la Roche-sur-Yon (même si une fois de plus un peu surchargé de citations ;( ), je trouve que l’argument « espéranto, le Basic English du français et des autres langues » est très bon et mérite d’être réutilisé largement, à une époque où on parle beaucoup d’un anglais utilitaire, minimal, simplifié, globishé, un espér-anglais. Préférons l’original, l’espéranto !


    • Raymond Gueguen (---.---.10.58) 22 mars 2006 13:37

      Bonjour, Félicitations pour cette excellente présentation. Consulter mon site généraliste vous êtes autorisé à y emprunter des articles. Libre accès. Merci encore.


      • Yaarg (---.---.24.244) 22 mars 2006 15:57

        Comment sa fait-il que Radio-Esperanto est muette depuis juillet 2004 ?


        • Henri Masson (---.---.207.45) 22 mars 2006 19:09

          Là vous m’intriguez ! Je viens juste d’appeler l’animateur et il n’y a aucun problème s’il s’agit bien de RADIO ESPERANTO à Paris : 89,4 MHz tous les vendredis de 17h30 à 19h. Pour avoir d’autres émissions en espéranto à travers le monde, voir : /osiek.org/aera/> (en espéranto) ou /osiek.org/aera/fr.html> (en français).


        • Olso (---.---.235.114) 22 mars 2006 20:58

          Peut-être que la question porte sur radio-esperanto.com, qu’il est vrai on n’arrive plus à atteindre. Cependant il convient de rappeler l’existence de plusieurs radios, écoutables sur internet ou sur les ondes (faire une recherche « radio esperanto » sur la toile) sans oublier la toute jeune télévision sur internet en espéranto ITV ! http://internacia.tv


        • Henri Masson (---.---.207.45) 22 mars 2006 21:20

          Deux adresses de sites n’ont pas passé dans mon messsage précédent . Il s’agit de celles d’AERA. Nouvelle tentative . /osiek.org/aera/>


        • michel Dechy (---.---.194.38) 22 mars 2006 19:21

          Chaque homme est viscéralement attaché à sa langue maternelle : par elle il a découvert le monde, s’est construit et souvent s’est relié aux autres. La diversité de nos langues en Europe, pourtant une richesse à protéger, est plutôt perçue comme un handicap. Sans aucun débat, trop souvent avec la complicité de nos élites, la langue hégémonique actuelle est présentée comme la seule solution. Que de moyens Elle ou Ils disposent ! Outre les moyens économiques, la quasi totalité des moyens culturels, un véritable rouleau compresseur ! L’industrie du cinéma, les télévisions, les journaux et leur supplément « in english », la quasi totalité des chansons en langues étrangères, comme si nos voisins ne chantaient plus dans leur propre langue...

          Pourtant, la solution existe ! Les solutions aux problèmes ? En tant que prof de maths, toute ma carrière, j’aurais aidé les élèves à les trouver ! La solution, je la présente chaque année lors d’une vingtaine de conférences dans les lieux les plus divers : écoles, collèges, lycées, universités, Université du Temps Libre, médiathèques, Lions et Rotary...En décembre 2005, en primaire, avec des enfants de dix ans, après une heure de présentation de cette merveille linguistique, les volontaires enchaînent une heure de mathématiques en espéranto bien sûr, puis une heure de géographie européenne toujours en espéranto, enfin une heure de chansons de Noël ( 2 chansons issues du folklore allemand et du folklore anglais, chantées en espéranto par un groupe néerlandais), ils sont même capables de dire et de comprendre des mots qu’ ils ne connaissent pas dans leur propre langue ! Avouez qu’il y a de quoi « en perdre son latin » !

          Un grand projet pour l’Europe : une langue commune, neutre, respectant la langue de chacun, facile à apprendre et donc génératrice d’économies (le rapport GRIN l’explique très bien), permettrait d’ éviter de créer des citoyens « égaux à la Coluche ! » : Ceux dont la langue hégémonique actuelle est la langue maternelle, ceux qui à force de travail et de stages onéreux accèderont à un niveau frustrant, et l’immensité des laissés pour compte qui pourront juste capter le sens de quelque slogan publicitaire au vocabulaire sélectionné.


          • Jérémie (---.---.220.25) 22 mars 2006 22:42

            EXCELLENT article, très synthétique, très pertinent. Bravo et merci !


            • mouysset (---.---.189.60) 23 mars 2006 09:50

              Si la Chine s’y met,ça donne de l’espoir ! Bon courage aux espérantistes !


              • Negravaski (---.---.76.116) 23 mars 2006 16:22

                Il est bon que la première langue étrangère soit à la fois rigoureuse et libre. Rigoureuse, parce que c’est comme cela qu’on apprend à raisonner correctement. Libre, parce que c’est ainsi qu’on découvre que notre manière à nous de formuler notre pensée n’a rien d’universel, ce qui nous fait prendre du recul par rapport à notre langue maternelle et nous prépare aux formulations différentes des langues étrangères. Ce qui est une faute dans une langue peut être obligatoire dans une autre. En français, on dit *je regarde le musicien*. Dire *je regarde au musicien* serait une faute. En espagnol ce serait une faute de ne pas le dire. L’espéranto, comme première langue étrangère, a le mérite d’être à la fois rigoureux et libre. On peut dire aussi bien *mi rigardas la muzikiston* que *mi rigardas al la muzikisto*. La rigueur exige qu’on distingue le sujet du complément, mais qu’on le fasse par un *n* ou par une préposition est indifférent : on est libre.

                En espéranto, la liberté vient de la rigueur. C’est parce que la terminaison *-as* marque toujours et exclusivement le verbe au présent (rigueur) qu’on peut dire (liberté) *mi violonas* ’je joue du violon’, *li busas* ’il fait le trajet en bus’, ’il se déplace en bus’, *nebulo grizas* ’un brouillard « grisoie »’, *ili furiozas* ’ils sont furieux’ (traduction inexacte parce que trop statique, ce serait plutôt ’ils tremblent de fureur’, ’ils vivent une intense fureur’, ’leur comportement, leur expression manifestent leur fureur’), c’est-à-dire qu’on a la faculté de faire de n’importe quel concept un verbe, ce qui augmente sensiblement l’expressivité des énoncés.

                L’espéranto a été ma première langue étrangère, et cela a changé ma vie. Il m’a donné l’envie d’apprendre d’autres langues et m’en a facilité l’assimilation, de sorte qu’à 25 ans je me suis retrouvé traducteur à l’ONU (où, soit dit en passant, j’ai fait la connaissance de Georges Kersaudy, cité par « hm » dans le texte précédent). En espéranto, les rapports grammaticaux et sémantiques sont transparents, de même que les fonctions grammaticales. De ce fait, on apprend sans effort toutes sortes de choses importantes pour l’acquisition ultérieure d’autres langues.

                L’anglais a l’effet inverse, parce qu’il manque de rigueur. Il donne à l’élève l’impression que n’importe quoi peut aboutir à n’importe quoi. Par exemple pour mettre ’femme’ au pluriel, il faut, par écrit, remplacer le *a* de *woman* par un *e* (’femmes’ s’écrit *women*), mais, oralement, il faut remplacer le son /ou/ de *woman* (son écrit *o*) par un son /i/ , également écrit *o*, (*women* se prononce /wim’n/). Et la grammaire anglaise ne permet pas de savoir si le *homeless lawyer* dont parle John Grisham dans The Street Lawyer (Londres : Century, 1998, p. 187) est un avocat qui s’occupe des SDF ou un avocat qui, faute de domicile fixe, passe ses nuits sous les ponts. Bon, on finit par comprendre de quoi il s’agit, grâce au contexte, mais ce n’est pas comme cela qu’on s’habitue à penser clairement. Et il n’y a pas toujours de contexte. Dans une liste de fournitures, allez savoir si *washer* désigne une ‘rondelle de caoutchouc’ ou une ‘machine à laver’.

                L’apprentissage d’une langue étrangère comprend toujours deux volets : se déconditionner de la langue maternelle, se reconditionner avec les structures de la langue apprise. Si l’on acquiert plus facilement une troisième langue qu’une deuxième, c’est parce que l’étape « déconditionnement » a déjà été franchie. Mais on a tout intérêt à assurer ce déconditionnement sans reconditionner immédiatement l’élève dans une langue pleine d’arbitraire et d’aberrations. L’espéranto est sans doute idéal à cet égard. C’est un fait que ceux qui ont appris l’espéranto dans l’enfance deviennent plus facilement polyglottes que leurs camarades n’ayant pas eu cette chance. Et c’est également un fait qu’ils ont une meilleure maîtrise de leur langue maternelle. Le bon sens n’exigerait-il pas qu’on tienne compte de ces faits ?


                • ewropano (---.---.34.100) 17 mai 2006 01:26

                  Je ne sais pas si l’espéranto peut être qualifié précisément de langue « étrangère ». Pour celui qui la pratique, c’est une langue où on se sent chez soi, où l’on peut faire de l’humour sans craindre les pièges de références culturelles ignorées qui viendront en gâcher l’effet, qui n’est pas la langue des autres.

                  Je ne crois pas qu’un breton ou un occitan qui se remet à la langue de ses ancêtres a non plus le sentiment d’apprendre une langue « étrangère »...

                  Cela dit, une telle langue peut nous être encore étrangère... avant de la connaître.

                  L’espéranto exprimerait certainement mieux cette nuance.


                • Wàng (---.---.18.26) 23 mars 2006 17:09

                  Le deuxième article n’est pas mal non plus ! ;)


                  • FS (---.---.48.211) 11 mai 2006 22:00

                    Je trouve le texte qui nous est présenté très judicieux. On refuse trop souvent en France, notamment dans les milieux officiels, de réfléchir avec un peu de sérieux et sans préjugés aux questions linguistiques. C’est l’une des causes du recul de la langue française, que je déplore vivement, et que nous pourrions combattre, en effet, en utilisant l’espéranto, notamment par la préparation à l’apprentissage des langues à laquelle il est fait allusion dans le premier alinéa, tout en aidant par le m^me moyens les jeunes Français à de venir de meilleurs polyglottes, ce qui ne s’y oppose nullement.

                    Que l’auteur me permette de corriger une expression inexacte qui lui a échappé : l’espéranto n’est nullement une « langue étrangère », mais exactement le contraire. C’est pourquoi des personnes dont les langues particulières sont différentes peuvent communiquer au moyen de l’espéranto sans qu’aucune ait besoin d’employer une langue étrangère ni d’imposer la sienne à ses interlocuteurs.

                    Il n’en est pas moins excellent d’apprendre des langues étrangères quand on en a le loisir, et il est heureux qu’une initiation préalable à l’espéranto puisse y aider, comme il est rappelé plus haut. Mais c’est à la condition qu’on n’y soit pas contraint. Vouloir imposer une même langue étrangère à tout un pays, à tout un continent, voire au monde entier, comme on tente de plus en plus impudemment de le faire pour l’anglais, est une grave atteinte aux droits de l’homme et aux droits des peuples. Ce n’est pas le moindre mérite de l’espéranto que d’aider à y résister.

                    Si cette question de la résistance à l’oppression linguistique (avec ou sans recours à l’espéranto) vous semble importante, je vous recommande d’entrer en relations avec l’association « LPLL (LIBERTE POUR LES LANGUES) » [[email protected]] ou avec le Forum social des langues, destiné à rassembler des organisations voulant travailler ensemble dans ce domaine [[email protected]]. N’attendons pas que tout le monde parle l’espéranto pour refuser de nous incliner devant ceux qui veulent nous empêcher de parler et de transmettre les langues nationales et locales qui sont les nôtres.


                    • skirlet (---.---.35.148) 6 juillet 2006 00:55

                      Voilà ce qui est bien dit...


                    • Eva (---.---.63.110) 5 septembre 2006 11:59

                      Une langue pour faire aimer le français,oui je suis d’accord. Mon mari et moi parlons l’esperanto et aussi connaissons d’autres langues. Il y a environ 4 ans un jeune polonais de 16 ans qui commençait à apprendre le français cherchait désespérément un correspondant français pour améliorer son français. Comme il ne trouvait personne car peu de jeunes de son âge en France apprennent le polonais. Tomek, qui a appris par lui même l’esperanto à l’âge de 11 ans s’est adressé à l’association polonaise d’esperanto pour avoir un correspondant : nous lui avons répondu. Il nous écrivait donc en français, nous lui corrigions ses textes (parfois les explications pour les règles de français se faisaient en esperanto, langue-pont. Il est venu 3 semaines chez nous un été. Maintenant il a 20 ans et il va entrer dans une université et faire des études linguistiques.


                      • Gargamel Gargamel 2 avril 2008 14:12

                        Maintenant l’anglais est la langue étrangère la plus dure, c’est n’importe quoi ! Le chinois, le français, le russe sont (si je me souviens bien, je suis pas du genre à imposer des arguments d’autorité) les trois langues objectivement les plus dures. Votre diabolisation de l’anglais empire de jour en jour (quoi que je suis mauvaise langue, ça s’est un peu arrangé, dans le dernier article vous déclariez plein d’applomb que ce n’était même pas une langue !)

                        Il faut arrêter avec votre délire que l’anglais est impossible à apprendre, je parle un anglais valable depuis la 4eme (malgré l’enseignement prodigieusement misérable français), et encore une fois j’ai vu, avec confirmation des locaux, qu’aux pays bas les enfants parlent anglais courrament vers l’age de 9 ans. Spéctaculaire non pour la langue la plus difficile du monde ? S’il y a tant de gens qui parlent mal anglais en france c’est parceque l’enseignement est pourri, que les profs sont nuls pour la plupart, et que les français ne sont pas interressés dans les langues, encore moins l’espéranto.

                        19 universités en chine c’est un début (en admettant que votre chiffre soit vrai, les arguments sortis de nulle part ne semblent plus vous faire peur), mais à l’échelle de la chine c’est pas loin de que dalle. Et vu que dans TOUTES les écoles on leur fait apprendre l’anglais, je crois que c’est pas suffisant pour commencer à rattraper la vraie langue internationale...


                        • Gargamel Gargamel 2 avril 2008 14:16

                          Agoravox me déconcerte de plus en plus, j’ai vu cet article dans la liste des récents alors qu’il a deux ans...


                        • Henri Masson 3 avril 2008 07:51

                          Ce qui apparaît tout de suite, c’est que l’expression "l’anglais est la langue étrangère la plus dure" ne se trouve nulle part ailleurs que dans le commentaire de Gargamel ou dans sa tête.

                          Les natifs non-anglophone qui maîtrisent vraiment l’anglais comme des natifs ne s’avancent pas à dire qu’il est facile. Ça, s’est l’argument de ceux qui peuvent se débrouiller dans des situations pas trop compliquées mais qui, face à un natif anglophone, se trouvent en position d’infériorité. Ce n’est pas trop grave au niveau individuel mais ça l’est autrement plus dans des situations de négociations, comme le souligne le raport Grin http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf&nbsp ; ou
                          http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000678/index.shtml

                          "5) la position dominante des anglophones dans toute situation de négociation, de concurrence ou de conflit se déroulant en anglais." (p. 66)

                          Lire un texte de travers amène à le commenter de travers. Il n’y a pas de "diabolisation de l’anglais" de ma part, mais une mise en garde contre l’anglais en tant qu’arme de la guerre économique, d’asservissement. Je ne vais pas encore répéter les propos tenus par Margaret Thatcher ou David Rothkopf, ou aussi, plus récemment, Gordon Brown, ou encore les titres de livres du professeur Robert Phillipson et d’Alastair Pennycook qui, eux, sont de vrais anglophones et qui n’ont certainement pas l’intention de diaboliser leur langue.

                          Si quelqu’un a vu que j’ai écrit quelque part que l’anglais n’était même pas une langue, c’est que, là encore, il a lu de travers. Entre dire que ce n’est pas une langue et dire que ce n’est pas une langue pour bon nombre de ceux qui l’ont appris comme langue étrangère, il y a une sérieuse nuance que certains sont incapables de percevoir. Bien des personnes qui le parlent bien reconnaissent que ce n’est qu’un sabir. Voir à ce sujet l’avis de deux "Américains" :
                          http://www.esperanto-sat.info/article192.html
                          http://www.esperanto-sat.info/article194.html

                          Le délire est précisément dans le fait de croire que je délire en écrivant que l’anglais est impossible à apprendre, tout simplement parce que je n’ai jamais écrit une telle chose. Il y a les faits : l’anglais absorbe jusqu’à dix fois plus de temps que nécessaire pour une bonne communication entre des peuples de langues différentes. Or, le temps, c’est de l’argent, et ce n’est pas à des natifs anglophones qu’on l’apprendra.

                          Une comparaison de l’anglais et du néerlandais montre que les deux langues ont des traits communs et un vocbulaire proche, que ces deux langues appartiennent à la même famille linguistique. Par ailleurs, comme ils ont peu de chances d’être compris en parlant néerlandais dans les pays même voisins, il est évident qu’ils sont contraints d’apprendre jusqu’à trois langues (anglais, allemand et français)

                          Avant de traiter les profs comme des nuls, il faudrait commencer par être sûr de ne pas en être soi-même une nullité.

                          Pour les universités de Chine, il y a des preuves vérifiables. Les mises à jour sont faites à chaque fin d’année par un enseignant belge : http://www.esperanto-sat.info/article724.html

                          La différence que l’on remarque, c’est que ceux qui plaident pour l’espéranto ont des références précises. De l’autre côté, c’est le zéro absolu.

                          Par ailleurs, des Chinois découvrent que le meilleur moyen d’aborder l’apprentissage des langues occidentales est de commencer par l’espéranto. C’est en Chine, dès 1912, que l’espéranto fut considéré comme digne d’être pris en considération au niveau du ministère de l’éducation. Et, au début des années 1920, quand le gouvernement chinois plaidait avec onze autres pays (dont le l’Inde, le Japon, la Perse pour l’Asie) pour la prise en considération de l’espéranto à la SDN, c’est le gouvernement français qui s’y était opposé avec acharnement.

                          Le plus drôle, c’est que certains trouvent le moyen de parler de l’anglais comme d’une sorte d’espéranto, ce qui montre qu’ils n’ont vraiment rien compris au film :
                          http://www.esperanto-sat.info/article198.html
                          http://www.esperanto-sat.info/article1101.html
                          http://www.esperanto-sat.info/article352.html

                           


                        • Henri Masson 3 avril 2008 09:15

                          Quoi qu’il en soit, l’espéranto est et sera toujours d’actualité. Pendant que des non-anglophones dilapident plus de temps que nécessaire pour apprendre une langue qu’ils croient internationale, alors qu’elle est hégémonique, des natifs anglophones apprennent, eux, le chinois en premier lieu par intérêt économique.

                          Et il y en a d’autres qui, en Chine comme dans les pays anglophones, découvrent qu’il existe un parcours linguistique plus rapide pour bien se comprendre. Et, du côté chinois, il y a de la demande. Et ceci avec des moyens humains et financiers certainement bien moindres que ceux que nécessite l’anglais appuyé par les puissances qui tirent avantage de sa propagation. Avec des moyens financiers identiques, il ne leur faudrait pas longtemps pour comprendre que l’anglais est un leurre dans le rôle de langue internationale.

                          600 Esperanto Students in Shenyang University : A World Record ?

                          Posted by Wu Guojiang in several mailing lists. English version by Don Harlow.

                          The year 2007 is Esperanto-teaching year for the Liaoning Provincial Esperanto Association (LEA), China. Shenyang University has actively reacted to this initiative. On March 1, 2007, the first day of the new semester, 600 students entered the four Esperanto courses held by the university, and until now no one has dropped this elective object of study. This number is the highest among those universities in the province which have currently introduced Esperanto, and is truly a new record. The students will gain two credits if they succeed in passing the final exam. The textbook used is Esperanto Course in the New Century compiled by Prof. Liu Zhengkun and Prof. Song Yusheng.

                          In congratulating Shenyang University we are very happy and satisfied. The first Esperanto course for teachers of foreign languages in the colleges of the province of Liaoning is already flowering, because Prof. Wang Wenyu and Docent Pan Chengbo, teachers of the four courses, are graduates of the course. Thanks are owed to Mr. Zhang Ziming, professor of the university and vice-president of the Liaoning Provincial Teaching Institute of Foreignh Languages for College and of the Liaoning Esperanto Association for all his work. Last year he made a speciall 30-minute talk about Esperanto teaching in the working conference about teaching of foreign languages in the province, and he presided over the first Esperanto Seminar of Colleges in the province.

                          En Corée, voisine de cette province de la Chine, le 200e cours d’espéranto sera fêté cet été à Séoul.

                          Les anglophones ne sont pas en reste par les initiatives :

                          http://www.springboard2languages.org/home.htm

                          http://www.esperanto-gb.org/eab/eab_news/2008-01-05_nobel.htm

                           
                           

                        • J.F. Clet 28 mars 2009 22:19

                          Le plus difficile reste à faire : faire aimer l’espéranto aux Parlementaires Européens
                          Bon courage à Ljudmila Novak !

                          Et un coup de pied quelque part à la Fondation "Roi Baudoin", qui, après avoir recueilli une majorité d’avis de citoyens favorables à l’espéranto, propose de renforcer l’enseignement de l’anglais...

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