Votre DRH est-il un salaud ?
Votre DRH est-il un salaud ? Bien sûr que non, voyons ! Tous les travailleurs connaissent et apprécient l'extrême sensibilité et l'empathie naturelle de leur directeur des ressources humaines. Bon, d'accord, par manque de chance vous pouvez tomber exceptionnellement sur un petit salaud de DRH très ambitieux qui espère un avancement rapide, et qui est capable de licencier en moyenne une quarantaine d'employés par an. Cet homme dont il est question ici, a été DR Hache pendant 23 ans, il compte donc à son actif, ou passif, 1000 licenciements dans sa carrière. Peut-être que dégouté de lui-même, il prendra la décision d'arrêter le massacre des ressources humaines pour écrire un livre et expliquer les raisons de sa démission, pour dire tout le mal qu'il pense de son ancien métier. Dans le langage populaire, on appelle ça "cracher dans la soupe", non ?
Car quand même, reconnaître "je suis devenu un salaud" 23 ans après avoir joué les coupeurs de têtes pendant toutes ces années, sans vraiment se repentir d'après ce que j'ai compris ; ça dit quelque chose sur l'absence de scrupule du personnage, puisque "c'est pas tant que ça : sur 6 millions d'inscrits à Pôle emploi" de toute façon "très peu sont de ma faute ! Pour moi, il y en a quelques dizaines (...) "Le plus transparent des DRH doit faire le sale boulot parfois...
Pour lui, la violence dans l'entreprise est une "réalité". Il parle ensuite d'une "théorie", la "vitality curve", traduire par "courbe de vitalité", c'est joli comme expression. Mais ne vous fiez pas aux apparences, c'est un système opaque "qui consiste à virer en permanence les 5 à 10% des salariés les moins bons (...) pour "améliorer l'efficacité globale" de la boite. " L'auteur du livre prétend que cette pratique s'apparente à de "l'eugénisme", mais il devra s'y soumettre et pratiquer cette sélection radicale. Pourtant, au début, ne sachant trop que faire, il avait parlé à son patron de former les "plus faibles". Son supérieur lui avait répondu "Tu vas pas t'embêter pour rien. Tu as éliminé les moins bons. Donc même si tu prends quelqu'un au hasard dans la rue, il sera statistiquement meilleur ! ". Et puis, comme vous l'avez peut-être constaté vous-mêmes, certaines grandes entreprises n'aiment pas trop les formateurs, car envoyer un salarié en formation coûte cher, sans oublier que quelquefois le formateur ne dit pas que du bien de la boite qui l'emploie. Pourtant, les formations sont rentables pour l'entreprise.
Maintenant, le fichage des salariés n'est pas nouveau et de tels fichiers ne sont pas forcément toujours illégaux. Ce qui est illégal c'est de le faire sans les salariés et les syndicats soient informés. Bien sûr, vous connaissez tous la bonne vieille méthode de la carotte et du bâton. "Partout, il y a 5 à 10% de salariés qu'on appelle "talents" (...) qui accaparent la majorité des budgets, des primes" et puis à côté de cela il y a "le chômage, burn-out, dépressions..."
Sur le refrain bien connu du Médef pour qui il est toujours trop difficile de licencier, l'ex DRH n'est pas de cet avis, du moins dans les sociétés "au-delà de 200 ou 250 salariés" c'est "enfantin" d'après lui, "En une semaine et demie, on peut licencier quelqu'un. Après vous pouvez décider de jouer la prolongation 15 jours 3 semaines... pour rendre la personne plus molle, prête à accepter une transaction au rabais..." Et ça c'était avant la nouvelle loi travail. Maintenant, "Certains parleront de plus de flexibilité, moi de plus de précarité" dit-il. Mais, "En théorie, ça va créer de l'emploi. Je n'ai pas de raison d'en douter, et je peux comprendre qu'on se dise " je préfère un emploi précaire que pas d'emploi du tout". Mais ça va précariser le dialogue social".
Quant à la solidarité entre salariés, pour l'ex DRH elle existe encore chez les ouvriers. Par contre, beaucoup moins chez les employés de bureau et les cadres. Certes, en cas de problème "ils iront taper sur l'épaule de leur collègue pour lui signifier qu'ils sont avec lui, mais ils ne prendront aucun risque personnel pour lui."
Bon, je ne sais pas s'il faut parler d'un livre confessions ou plus simplement d'un besoin de vider son sac et ainsi mettre un point final à son passé de DRH. Ne me demandez pas non plus, pourquoi la photo de Donald Trump illustre cet article. Je vais quand même faire un peu de publicité pour le bouquin de l'ex DRH...
"DRH, La machine à broyer" - Auteur Didier Bille - Cherche-Midi
Sources - Extraits d'un interview du Républicain Lorrain
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