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Accueil du site > Tribune Libre > On ne va pas recommencer une polémique d’Alésia...

On ne va pas recommencer une polémique d’Alésia...

Dans une interview accordée à France-culture le 11/02/95, Vincent Guichard, actuel directeur du Centre archéologique européen, a très clairement fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de recommencer pour Gergovie la polémique dont le site d'Alésia a été l'objet ; on ne peut pas être plus clair pour signifier qu'on refuse tout débat.

Et à l'occasion d'une exposition, il publie en 2002, le manifeste suivant intitulé "La preuve par la pioche" : Régulièrement, la presse aime relancer le débat sur la localisation des sites d’Alésia de Gergovie ou de Bibracte : "science officielle" contre "gens du terrain" soucieux de donner tort à leur inventeur, Napoléon III . La polémique tient du combat d’arrière garde : au XIXe siècle, tout érudit local se devait de prouver que "son" site collait le mieux au récit de la Guerre des Gaules. Du désir à la réalité, il y a un fossé. Ou plutôt... des fossés, relevés par les archéologues. Aux savantes interprétations, ces derniers opposent mille faits objectifs : plans, armes, pièces d’équipement et projectiles d’artillerie datés de l’époque césarienne, inscriptions... Inexplicables hors du contexte de la Guerre des Gaules, ces objets sont évidemment absents des autres sites. Ils sont pourtant de ceux qui font toute la différence entre le "possible" et le "plausible". (extrait du catalogue de l’exposition de Bibracte "sur les traces de César" http://arafa.fr/SPIP/spip.php?rubrique10).

Vous avez tout de suite deviné que les "savantes interprétations" sont les miennes mais qu'on a désormais décidé de me critiquer par amalgame et cela sans jamais me nommer. Voyons d'un peu plus près la stratégie de ce qu'il faut bien appeler une technostructure (collège de France, archéologues, revues spécialisées, journalistes accrédités etc). 

I. Le piège que FR3 Bourgogne m'a tendu (on m'y a coupé mes principaux arguments).

FR3 Bourgogne le 14 avril 1999 : « La ville de Bibracte a-t-elle bien été construite sur le mont Beuvray ? Pas sûr. L'historien de la région, relayé par quelques députés, conteste aujourd'hui cet emplacement, lui préférant celui de Mont-Saint-Vincent, près de Montceau-les-Mines, une affirmation avancée alors que l'ancienne capitale romaine des Eduens est depuis 130 ans l'objet de fouilles ininterrompues dans le Morvan : une thèse qui, à l'instar d'Alésia, fait légèrement sourire au centre de recherches de Bibracte. Le point avec Gérald Tessier.

(E.Mourey) : « Nous sommes ici à l'entrée de l'oppidum du mont Beuvray. La reconstitution du rempart est une reconstitution récente. Pour moi, le site du mont Beuvray est un site très intéressant, mais ce n'est pas celui de Bibracte, mais celui de Gorgobina. »

(Gérald Tessier) : « Emile Mourey en est convaincu, Bibracte n'est pas au mont Beuvray. L'ancien militaire devenu historien situe, lui, la capitale romaine au Mont-Saint-Vincent, près de Montceau-les-Mines, un coup de tonnerre scientifique que l'homme depuis 18 ans publie à tour de bras. Dernièrement, six députés de toutes tendances se sont émus de ses travaux auprès du Ministre de la Culture Catherine Trautmann. Emile Mourey, lui, plaide l'évidence :»

(E.Mourey) : « Les oppidum des grandes cités gauloises, les oppidum-capitales, se trouvent soit sur les grands couloirs de circulation que sont les fleuves, comme Besançon, Paris, et Orléans, soit dans des régions très riches sur le plan agricole, comme Gergovie qui dominait la plaine de la Limagne. »

(G.Tessier) : « Ce n'est pas le cas du mont Beuvray. »

(E.Mourey) : « Ce n'est pas du tout le cas du mont Beuvray. »

(Gérald Tessier, commentaire hors-caméra) : « Le mont Beuvray pourtant consacré en 1995 sous François Mitterand par un musée Bibracte et un centre de recherche. Dans ce dernier, les doutes d'Emile Mourey font sourire, simple agitation, juge-t-on ici, d'un amateur peu averti. »

Fin de mon interview.

Interview de Vincent Guichard :

(Vincent Guichard) : « Dans la communauté scientifique, ça fait belle lurette que plus personne ne doute. Ça fait... au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de... de Bibracte, capitale des Eduens, mentionnée par César à multiples reprises, sur le mont Beuvray. C'est... c'est absolument clair. »

(Gérald Tessier, commentaire hors-caméra) : « Le regard des archéologues reste donc tourné vers le mont Beuvray, où un deuxième rempart romain vient d'être découvert. A 46 kms de là, le Mont-Saint-Vincent est, semble-t-il, encore loin de passer à la postérité. »

 Fin du reportage.

II. On me refuse un droit de réponse.

Marc Francioli, médiateur des rédactions de FR3, le 25/11/1999 : "Ce reportage a consacré une place importante (environ 1 minute et 10 secondes) à votre thèse et votre détracteur a bénéficié d'un peu moins de 20 secondes... que dire que votre découverte fait sourire est un fait objectif."

Dominique Baudis, le 10/2/2005 : "En tant que président du CSA, je n'ai pas de compétence particulière pour soutenir votre requête."

III. Déchaînement médiatique et silence radio.

Christian Goudineau, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités nationales, se déchaîne dans ses ouvrages et articles contre les historiens qui ne sont pas de métier mais quand un journaliste lui demande d"exposer ses arguments, il se défile. Je cite : «  Il les écarte (mes arguments) avec le bouclier de la science et l’armure de l’institution, sans se donner la peine de les réfuter. ». Jean-Philippe Mestre, Le Progrès de Lyon du 18/04/1999.

Le journal de Saône-et-Loire refuse d'ouvrir le débat. Les maisons d'édition refusent d'éditer mes ouvrages.

Le journal La Montagne ironise sur mon compte.

Au muséo-parc d'Alésia, on veut ignorer mes explications de la bataille d'Alésia publiées sur Agoravox.

IV. Le ministère de la Culture m'a tué http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-ministere-de-la-culture-m-a-tue-85734

Que voulez-vous faire dans ces conditions face à une technostructure dont les membres, où qu’ils soient, se tiennent la barbichette à un point qu’il est difficile d’imaginer, où les promotions, les publications, et j’en passe, ne se font qu’à condition d’être dans la ligne tracée, où les éditions et journalistes spécialistes sont tributaires des informations qu’on leur donne ? Que voulez-vous faire quand les comités de lecture des maisons d’édition, éditeurs de revues diverses, journalistes indépendants, sont incapables de juger par eux-mêmes, tellement le niveau de culture et d’instruction a baissé dans notre pays ?

V. Heureusement, il me reste ma chaumière à restaurer, même si tout le monde s'en fout http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Taisey.



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4 réactions à cet article    


  • Antenor Antenor 26 octobre 2011 11:53

    Si je devais faire transiter un convoi de chariots entre le Rhône et la Seine, je passerais plutôt par Autun ou Arnay le Duc que par le Mont-Beuvray.

    Quel intérêt de monter là-haut ? Qu’est-ce qu’ils ont à me vendre à part du bois ?

    De la viande et des céréales ? Il y en a déjà dans la plaine.


    • Antenor Antenor 26 octobre 2011 12:09

      L’agglomération du Mont-Beuvray n’a pu se créer et se maintenir que parce qu’elle a été financée de l’extérieur. Quand ce financement a cessé, l’agglomération a disparu.

      La question essentielle est la suivante : qui a payé et pourquoi faire ?

      Tout le monde est d’accord pour dire que le principal avantage fourni par le Mont-Beuvray est la sécurité immédiate. Or cet avantage est primordial pour un établissement militaire mais pas pour une ville.

      La principale garantie de sécurité pour une ville, c’est sa puissance économique. Rome a beau ne pas être perchée au sommet d’une montagne, cela ne l’a pas empêché de se tailler un empire considérable.

      A contrario, un établissemnt militaire ne possède pratiquement aucune puissance économique intrinsèque. Il lui faut être financé par une collectivité. S’il se finance par lui même cela s’appelle du pillage et du brigandage. Bibracte au Mont-Beuvray aurait donc été un repaire de bandits terrorisant et rançonnant les villages en contrebas ?

      Dans ce cas, bravo à César d’avoir mis fin à cela.

       


    • Emile Mourey Emile Mourey 26 octobre 2011 13:27

      @ Antenor

      Les archéologues du mont Beuvray sont, en effet, en pleine incohérence. Vincent Guichard reconnaît lui-même que l’installation d’une ville sur cette hauteur défie toute logique mais il en tire la conclusion absurde que c’est le modèle de la ville gauloise, lequel aurait précédé l’urbanisation romaine ; et cela même si ses confrères européens s’étonnent de retrouver ce modèle beaucoup plus en Centre-Europe qu’en Gaule. On en est même à supposer que les pentes granitiques du massif étaient dégagées et cultivées, que le sous-sol devait receler des mines aujourd’hui épuisées. Chaque mois, on expose au musée des objets souvent venus d’ailleurs mais sans toujours le préciser. Faisant fi de toutes les règles de la recherche archéologique, ces archéologues ont inventé un nouveau concept : le faisceau d’indices qui permettrait de conclure à une quasi certitude.

    • Antenor Antenor 26 octobre 2011 16:05

      Ils se réfugient derrière des termes ambivalents comme « ville » ou « capitale » mais sans jamais les définir précisément.

      Les garnisons romaines sur les limes peuvent aussi être qualifiées de véritables villes dans le sens où elles concentraient une forte densité de population. Seulement, les villes de garnison qui présentaient un intérêt économique régional de par leur situation ont survécu jusqu’à aujourd’hui tandis que celles qui n’en avaient pas ont disparu avec l’Empire.

      Le cas du Mont-Beuvray tient de la seconde situation à l’échelle de la guerre arverno-éduenne.

      A Corent, on a un autre type de ville lié à la présence d’un grand sanctuaire religieux populaire. Quand le christiannisme est devenu la religion officielle, le sanctuaire a disparu et la ville du plateau de Corent avec. Ce sont les pélerins qui faisaient vivre la ville.

      Tandis que Clermont et les villes de la plaine situées en des lieux beaucoup plus intéressants pour les échanges sont toujours là.

       

      Et qu’est-ce qu’une capitale sinon un lieu de prise de décisions politiques ? En quoi le Mont-Beuvray est-il mieux placé que d’autres sites ?

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