» Pas touche à l’Euro » ce pourrait être le slogan de Pierre Laurent secrétaire national du PCF et président du PGE. Oui le PGE, vous savez cette organisation rassemblant divers partis sociaux démocrates sous l’égide de l’Union Européenne et doté d’une subvention de près de deux millions d’Euros par la Commission Européenne.
Une aberration quand on voit que c’est grâce à l’euro que la Commission Européenne et la BCE ont réussi à imposer 3 plans d’austérité successifs à la Grèce. A violer le vote des grecs qui ont massivement dit OXY (non) à l’été 2015 au plan d’austérité, par un véritable coup d’état. Car grâce à l’Euro, l’oligarchie capitaliste a le contrôle totale des finances des pays de la zone euro.
Mais si Pierre Laurent – à rebours total du combat historique des communistes et des syndicalistes non seulement de France mais de toute l’Europe contre la construction de l’Union Européenne et de l’Euro – tient absolument à ce qu’on reste dans l’Euro et l’UE, c’est parce que selon lui "l’euro protège". Il reprend ici un des arguments de la doxa ultra libérale. Mais la question n’est pas de savoir si l’euro protège, mais qui l’euro protège.
L’Euro, une monnaie largement sur-évaluée pour l’économie française selon … le FMI
Admettons que vous ne fassiez pas confiance aux bolcheviks du PRCF, qui dans les colonnes d’Initiative Communiste expliquent depuis maintenant près de 15 ans que l’Euro est un grave handicap pour le développement d’une économie au service des travailleurs en France. Vous conviendrez que le Fond Monétaire Internationale (FMI) l’organisation internationale présidée par la banquière et ex ministre des finances de Sarkozy Christine Lagarde ne saurait être accusée de sympathie gauchiste. Bien au contraire.
Et bien le FMI vient de publier une étude (son « External Sector Report » ) pour calculer la valeur de l’Euro si cette monnaie devait être adaptée aux caractéristiques économiques de chacun des pays de la zone euro.
Selon les calculs du FMI, l’Euro est 6% trop élevé pour l’économie Française. Dans le même temps, les économistes du FMI observent qu’il est 15% plus bas que ce qu'il devait être pour l’Allemagne.
En clair, si la France disposait encore du franc, ce dernier devrait être dévalué de 6% par rapport au cours de l’euro actuel pour correspondre aux caractéristiques de l’économie et de la production en France. Et le Mark devrait lui être renchéri de 15%. Soit un différentiel entre le franc et le mark de 22%. Un différentiel énorme.
Rester dans l’Euro c’est se condamner à une baisse des salaires de 22%
Mais quelles sont les conséquences de ce différentiel et de cette inadaptation structurelle de l’euro à l’économie française.
Pour la France, cela signifie deux choses :
- sur le marché international, l’Euro renchérit de 6% les exportations françaises.
- au sein de la zone euro, le prix des exportations françaises est augmenté de 22% par rapport à celui des exportations allemandes par le seul effet de l’Euro
En clair, pour remporter un marché à l’exportation, une entreprise produisant en France doit réduire son prix de production en Euros de 6% par rapport à si elle exportait en Francs. Pour fixer les idées, en faisant l’hypothèse d’un impact proportionnel sur l’ensemble des postes de dépense de l’entreprise, cela revient à diminuer les salaires de 6% ou faire travailler pour le même salaire chaque travailleurs 2 heures de plus chaque semaine.
Et au sein de la zone euro, pour être compétitif par rapport à l’Allemagne, il faut que les entreprises française réduisent leurs couts de 22%. Ce qui revient, en reprenant le même exemple à devoir supprimer les 35h pour passer au … 43h !
Or qu’est ce que l’euro austérité imposée par l’Union Européenne ? c’est la guerre contre les salaires, au nom de l’alignement de la « compétitivité » sur l’Allemagne. En clair l’objectif fixé par l’Union Européenne et imposé par l’Euro c’est une baisse de 22% des salaires. C’est à dire diminuer le SMIC à 850 € !
N’est-ce pas là l’objet du CICE, de l’ANI, du pacte de compétitivité, ou encore de la Loi Travail ou de la Loi Macron, toutes mesures directement imposées par la Commission Européenne ?
Si maintenant chacun comprend bien la conséquence dramatique pour les travailleurs, chacun comprend aussi que l’Euro protège… les banquiers, les patrons, les multinationales, en un mot la classe capitaliste.
L’Euro, une formidable aubaine pour l’Allemagne
L’inadaptation de l’Euro à l’économie française est flagrant, mais les bénéfices pour l’Allemagne le sont tout autant. Par exemple, le solde de la balance commerciale annuelle – c’est à dire le montant des exportations diminué du montant des importations – de la zone euro est positive de 392 milliards d’euros en 2015. C’est plus de 1,5 fois le solde de la balance commerciale de la Chine.
Mais ce solde pharamineux cache en fait le solde gigantesque de l’Allemagne. L’Allemagne dispose ainsi d’un excédent de sa balance commerciale de 306 milliards de dollars. Alors que la France se trouve en déficit de 21 milliards d’euros. Bien evidemment avec de dramatique conséquences en termes de chômage et pour le produire en France, se traduisant par une désindustrialisation massive, et la destruction accélérée du secteur primaire (agriculture, pèche…). Bien sûr une dévaluation de la monnaie permettrait de rétablir une balance des paiement plus satisfaisante et équilibrée. Mais cela est impossible, l’Euro consistant à fixer de manière définitive la parité des monnaie au sein de la zone euro.
L’Euro, pour s’en sortir, il faut en sortir
Bien conscient de tout cela, les communistes avaient appelé à voter NON à Maastricht après avoir été les seuls à voter non à l’Acte Unique instituant l’Euro (rappelons que le FN n’a pas voté contre l’Acte Unique). Dénonçant les effets qu’auraient l’Euro : casse des salaires, dumping social, désindustrialisation, chômage de masse. Tout cela est arrivé.
Moralité ? l’euro pour s’en sortir, il faut en sortir. Et c’est bien ce que proposent aujourd’hui et depuis plus d’une décennie les militants franchement communistes du PRCF. Eux qui n’ont pas renoncé à défendre l’intérêt de la classe des travailleurs là où d’autres pour quelques subsides européennes, quelques strapontins piégés vites retirés préfèrent répéter partout que « l’euro protège » et sautant tel des cabris au coté du PS pour glapir « l’europe sociale, l’europe sociale ». Abandonnant la défense de la classe ouvrière et laissant le champs libre au discours confusionniste et de haine du Front National, qui profitant des renoncements de la gauche déploie une réthorique eurocritique visant à séduire les classes populaire, mais qui en réalité est contre la sortie de l’UE et de l’Euro.
Bien évidemment la seule sortie de l’euro n’est pas une recette miracle. Mais c’est une condition sine qua non d’une politique économique au service des travailleurs et non des multinationales, d’une politique de coopération internationale au profit des échanges mutuellement bénéfiques plutôt que du dumping social et environnemental. A l’inverse rester dans l’Euro c’est se condamner à subir la guerre permanente contre les salaires et la destruction totale des conquètes sociales fruits de siècles de luttes acharnées, de la destruction de la capacité productive du pays et de sa possibilité de faire face aux défis immenses de l’avenir, et de la liquidation de la souveraineté de la Nation, base essentielle de la démocratie.
JBC pour www.initiative-communiste.fr – site web du PRCF