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Blessent mon cœur d’une langueur monotone…

Le 6 juin 2009 marque le 65ième anniversaire du Débarquement en Normandie.
A chaque commémoration, les vétérans encore présents sont un peu moins nombreux. Mais ils viennent, ils sont là, de même que les habitants des régions de Normandie, tous ceux qui ont vécu cet épisode à la fois totalement dramatique et absolument incroyable de notre histoire, et qui peuvent encore témoigner. Alors n’est-ce pas inapproprié de négliger les commémorations, par exemple en n’y invitant pas la Reine d’Angleterre, de ce qui fut une tragédie humaine imposée par la nécessité absolue de retrouver enfin la liberté ?

« Cette année, nous accueillons une quinzaine de vétérans, âgés de 85 à 95 ans. […] La plupart m’ont dit qu’ils venaient chez nous pour la dernière fois. La charge émotionnelle n’a jamais été aussi intense. On assiste à la fin de quelque chose. Les vétérans veulent aller une dernière fois à la rencontre des familles. »

Ainsi s’exprime, dans un article daté du 28 mai 2009 du journal Ouest France, Jean-Marie Oxéant, maire de Vierville-sur-Mer dans le Calvados.

Comment ne pas être touchés, en effet, par le geste de ces hommes qui traversent, à chaque commémoration, la Manche ou l’Atlantique, parfois dans une chaise roulante comme la télévision le montra lors du 60ième anniversaire, pour venir se recueillir, se souvenir, se rencontrer, retrouver les habitants qu’ils ont autrefois libérés et, à travers eux, ceux de l’Europe entière, qu’ils ont sauvés du joug nazi ?

Que ferons-nous lorsqu’ils ne seront plus là pour nous raconter et nous faire revivre le sacrifice héroïque, n’ayons pas peur des mots, qu’ils ont consenti, eux qui étaient parfois si jeunes et idéalistes à l’époque, et dont beaucoup venaient de si loin qu’ils ne parlaient pas un mot de notre langue ?

C’est souvent en se rendant soi même sur les plages du débarquement ainsi que sur les autres lieux de mémoire de la région que l’on prend pleinement conscience de l’ampleur des événements. Depuis les immenses plages d’Omaha et d’Utah Beach, où percent encore parfois, ça et là, les pieux (1) que la vase n’a pas engloutis, jusqu’au paysage quasi lunaire, tant il est défiguré par les cratères de bombes, de la pointe du Hoc, en passant par les impressionnantes batteries allemandes telles celle de Crisbecq, le célèbre Pegasus Bridge, renommé ainsi par les Anglais qui parvinrent à prendre son contrôle, ou les dernières barges de débarquement, encore échouées sur les plages autrefois transformées en ports artificiels et qui continuent de rouiller lentement, on est stupéfait de constater qu’en Normandie, les stigmates du débarquement sont encore visibles, et les événements à ce point présents dans les mémoires. La Normandie vit toujours avec le débarquement du 6 juin 1944, que personne là bas n’a oublié, et qui changea à jamais le cours de l’histoire…

 

Les origines du débarquement.

"Vous devez préparer l’invasion de l’Europe car, à moins de porter le combat contre Hitler sur terre, nous ne gagnerons jamais cette guerre", annonça en octobre 1941 Winston Churchill au jeune Lord Mountbatten, qu’il venait de placer à la tête des « Opérations Combinées ».

Ces « Opérations Combinées » comptaient un corps de commandos, nouvellement créé, qui devait effectuer des opérations de faible envergure permettant de toucher ponctuellement l’ennemi. C’est ainsi que l’opération « Jubilée », visant la ville de Dieppe, fut créée, et mise en œuvre en août 1942. Il s’agissait de tester le Mur de l’Atlantique, dressé à partir de 1941 par des Allemands pas dupes, qui avaient bien compris qu’un nouveau front serait crée quelque part sur les côtes de l’ouest. Ce premier assaut, dans lequel furent sacrifiés 1500 hommes, échoua faute de renforts, mais permis d’observer les réactions ennemies, de recueillir des renseignements servant pour un futur débarquement, cette fois de très grande envergure.

Une fois le principe du grand débarquement décidé, se posa alors le problème du choix du lieu de ce débarquement. Les avis étaient partagés. Impossible, en tout cas, de débarquer sur les côtes atlantiques de France, en raison de la présence de nombreux U-Boots, les redoutables sous marins allemands, dans les parages. D’autres solutions furent envisagées, puis tour à tour rejetées.

Alors, puisque les Allemands étaient persuadés qu’ils débarqueraient dans le Pas de Calais, en raison de la proximité des côtes anglaises, et qu’ils les y attendaient de pied ferme, les Alliés décidèrent de débarquer en Normandie.

 

Les préparatifs.

Les industries américaines d’armement se mirent alors à tourner à plein régime pour fournir tout le matériel nécessaire. On appela le débarquement du nom de code « Opération Overlord ». Le premier souci fut l’acheminement des hommes et du matériel jusqu’en Angleterre. Il s’avéra extrêmement difficile de faire traverser aux navires de guerre un océan Atlantique truffé de U-Boots. Les pertes alliées (tout comme allemandes) furent importantes, et finalement les Alliés parvinrent à s’assurer cet indispensable couloir maritime.

Commença également le travail des avions de reconnaissance, envoyés pour photographier et cartographier les côtes françaises. Leurs photographies servirent également de base pour décider du type d’entraînement que devaient subir les soldats.

Et c’est alors que les Alliés, qui se savaient bien évidemment espionnés par les Allemands, montent une incroyable opération, nommée « Fortitude », dont le but était de désinformer les services de renseignements ennemis.

Ils alignent, sur les côtes anglaises situées juste en face du Pas de Calais, une très grande quantité de blindés gonflables et de canons en bois, et même des bateaux en bois ou en caoutchouc amarrés dans le port de Douvres, créant ainsi une véritable « armée fantôme » comme on l’appelle désormais, qui sera régulièrement survolée et photographiée par les avions allemands. Toujours pour faire croire à un débarquement dans le Pas de Calais, les bombardements Alliés s’intensifient dans cette région. La réussite est totale : c’est le branle bas de combat de l’autre côté de la Manche. Pendant ce temps, les préparatifs, les vrais, se poursuivent tranquillement en Normandie. L’entraînement des soldats Alliés s’intensifie et leur moral est au beau fixe.

Mais les Allemands ont aussi leurs leurres : les blockhaus, par exemple, sont souvent camouflés pour prendre l’aspect de paisibles maisons campagnardes, ce qui trompe les avions de reconnaissance Alliés.

Cinq plages sont choisies pour accueillir le débarquement, et renommées de noms de code : Omaha et Utah seront américaines, Gold et Sword anglaises, Juno principalement canadienne, mais aussi française. Des soldats de bien d’autres nationalités se joignirent également aux opérations.

Cinq ports anglais abritent alors les 5000 navires qui composent la colossale armada de l’opération Overlord, auxquels s’ajoutent 4000 péniches de débarquement pour faire la navette entre les bâtiments et la terre ferme. Et puisque tous ces navires ne sont pas stationnés au même endroit et qu’il faut coordonner les opérations, une vaste zone de regroupement de toutes les forces navales est choisie, en pleine mer. Elle est nommée "Piccadilly Circus". La totalité de l’armada y a rendez vous, avant se foncer ensuite vers les côtes françaises.

Comme prévu, quelques jours avant la date choisie pour le débarquement, la résistance française est informée, sur les ondes de la radio de Londres que s’efforcent de brouiller les Allemands, par la lecture du premier vers du poème « Chanson d’Automne » de Verlaine : « Les sanglots longs des violons de l’automne… », que le débarquement aura lieu dans la semaine.

Et voilà qu’une tempête imprévue se déclenche le 3 juin, compromettant la bonne marche des opérations ! Si le débarquement ne peut avoir lieu le 5 ou le 6, les prochaines conditions météorologiques favorables (temps, et en plus marée, qui doit absolument être basse) ne se produiront qu’en septembre ! C’est tout simplement impossible d’attendre jusque là. Alors, en dépit du mauvais temps qui s’éternise, Eisenhower donne son feu vert pour un débarquement le 6 juin.

Le deuxième vers du poème de Verlaine tombe alors sur les ondes : « Blessent mon cœur d’une langueur monotone. » : le débarquement aura lieu dans les quarante huit heures.

Ca y est ! Enfin ils arrivent ! La résistance française organise plusieurs centaines d’opérations de sabotage qui aideront beaucoup les Alliés, détruisant par exemple des lignes de chemin de fer, posant des mines anti chars sur les routes…

 

Le débarquement.

L’armada se met en marche le 5 juin, en pleine tempête, direction Picadilly Circus.

Les Alliés préparent en même temps le terrain par de nombreux bombardements des côtes, envoient des planeurs et larguent des parachutistes, par exemple ceux des 82ème et 101ème Airborne américaines, à l’intérieur des terres. Canardés en plein vol, handicapés par une mauvaise visibilité, les avions qui parviennent à s’en sortir sont obligés de se dérouter et 75 % des parachutistes seront largués loin de leur objectif.

De très nombreux parachutistes qui atterrissent sous les tirs ennemis le font malheureusement dans les champs que Rommel avait fait préventivement inonder. Ils ne parviennent à s’extraire de ces marécages. Ils s’empêtrent parfois dans leur parachute tombé sur eux, ou ne parviennent à reprendre pied en raison du lourd matériel porté sur leur dos, et se noient en quelques instants, souvent dans moins d’un mètre de profondeur. Les pertes humaines résultant de ces opérations aéroportées seront catastrophiques. D’autres auront plus de chance, comme John Steel, que personne n’a oublié, qui atterrit sur le clocher de l’Eglise de Sainte-Mère-Eglise, et reste accroché là haut, se balançant des heures à un pan de son parachute avant de pouvoir enfin être délivré.(2)

Pendant ce temps, les parachutistes britanniques et canadiens, qui ont également subi de très lourdes pertes, se battent âprement dans leurs secteurs pour une difficile conquête de morceaux de territoire.

A ce stade, alors que les milliers de navires de guerre font route vers les côtes françaises, les Allemands ne sont toujours pas conscients de l’imminence du grand débarquement. Ils ne peuvent non plus repérer les bâtiments lorsqu’ils approchent des côtes qu’ils surveillent, car un rideau de brume artificielle, créé par des vedettes envoyées en première ligne, enveloppe de façon astucieuse l’armada, la dissimulant totalement aux yeux de l’ennemi ! Et lorsque les milliers de navires percent enfin ce rideau de brume et font leur soudaine apparition juste devant les côtes, il est déjà trop tard pour les repousser. Les défenses allemandes entrent alors en action.

Il est difficile d’imaginer, sauf en regardant des photos et les quelques films d’époque et en lisant les témoignages des vétérans, l’appréhension des soldats Alliés, entassés à bord de leurs péniches de débarquement, alors qu’ils se rapprochent des plages dans une mer démontée, sous le feu nourri de leur ennemi, sans savoir s’ils seraient encore en vie une heure plus tard (3), tandis que les bombardements et le bruit qui en résultait donnaient aux côtes des allures d’enfer sur terre.

Dans les péniches ballotées par la tempête, le mal de mer gagne les soldats. Certaines péniches sont touchées par les tirs. D’autres chavirent, et les soldats coulent immédiatement à pic avec leur lourd équipement sans avoir la possibilité de sauver leur vie. L’enfer va se poursuivre à peine auront-ils posé le pied sur leur plage. Les premiers à débarquer seront ceux d’Utah Beach. Les soldats débarqués sur cette plage, ainsi que sur les plages anglaises, furent un peu mieux lotis que ceux d’Omaha, notamment en raison du soutien de chars amphibies dont ils ont bénéficié. Les soldats d’Utah ont également bénéficié du fait que la plage était moins fortifiée que les autres. Utah Beach fut rapidement sous contrôle Allié.

Les soldats canadiens débarqués à Juno subiront de lourdes pertes, mais ceux qui souffriront le plus durant ces premières heures du débarquement furent les soldats débarqués à Omaha , en raison du nombre important, et du peu de destruction des batteries allemandes. Ils ont subi un véritable carnage (90 % de pertes pour la première vague d’assaut), tout comme la compagnie de Rangers qui s’est élancée à l’assaut de la falaise de la pointe du Hoc, à côté de la plage d’Omaha, et qui devait escalader la falaise avec des grappins, des échelles ou même à mains nues, sous les tirs des soldats allemands postés en haut. Les Rangers qui ont réussi à monter jusqu’en haut découvrent avec stupéfaction que les pièces d’artillerie qu’ils devaient détruire, pour lesquelles tant d’hommes ont donné leur vie, étaient en fait des leurres… Les vraies étaient postées plus à l’intérieur des terres… La compagnie de Rangers est sur le point d’être décimée (il ne reste que 90 hommes sur 225)  lorsque les renforts parviennent enfin sur les lieux.

Plus de dix mille hommes périrent lors de ce débarquement gigantesque, désormais considéré comme la plus grande opération militaire de toute l’histoire contemporaine, peut être même de tous les temps.

L’écho de l’horreur des combats résonne toujours aujourd’hui, et pour longtemps encore, aux oreilles des promeneurs insouciants qui déambulent sur les longues plages que plus personne désormais n’appelle autrement qu’Utah, Omaha, Sword, Juno et Gold.

 

Notes.

(1) Appelés, notamment par les gens du pays qui ont connu cette période et à qui on a demandé de les planter, les « asperges de Rommel », ces pieux minés devaient empêcher l’atterrissage de planeurs et l’avancée des chars et des péniches de débarquement.

(2) Son mannequin en treillis, accroché plus tard avec un parachute au clocher de l’église par les habitants de la région pour honorer sa mémoire, est toujours là, attendant sous les yeux des touristes son hypothétique délivrance.

(3) Les soldats envoyés lors des toutes premières vagues d’assaut n’avaient que peu de chances de s’en sortir, et ils le savaient très bien.


Sources. 

Cet article ne pouvait malheureusement être exhaustif et donner toutes les infos sur le débarquement. Il a été élaboré en prenant principalement comme support des textes des deux sites internet suivants, à consulter si l’on souhaite de plus amples renseignements et approfondir ce chapitre de l’histoire.


http://www.dday-overlord.com/

Site très complet, peut être le meilleur site en français sur le débarquement du 6 juin 44, la bataille de Normandie qui a suivi, et la Normandie aujourd’hui (visite des plages et des autres lieux de mémoire). On peut également y lire des témoignages de vétérans. Importante bibliographie et filmographie. Le débarquement minute par minute...

http://www.6juin1944.com/

De très nombreuses photos en noir et blanc des sites (blockaus…), beaucoup de cartes aussi. Ici aussi, le débarquement raconté minute par minute. Portraits de vétérans présents lors des commémorations, répertoire de liens internet, et bien plus encore…

Les photos insérées dans cet article sont dans le domaine public. La carte montrant Picadilly Circus a été trouvée sur ce site internet, et provient en fait du site 6 juin 1944.

 

De nombreux autres sites racontent le débarquement, parmi lesquels :

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Overlord

Wikipedia propose aussi une page html pour chacune des cinq plages.

http://normandie44.chez.com/

http://hsgm.free.fr/debarquement.htm 

http://www.dday.org/

La fondation D Day aux USA

http://www.normandiememoire.com/


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24 réactions à cet article    


  • Surya Surya 12 juin 2009 13:37

    Trois fois le plan de Picadilly Circus dans l’article, ça, c’est moi qui ne sais toujours pas utiliser internet... smiley


    • brieli67 13 juin 2009 19:44

      merdre merdre shit shit Scheisse echt Scheisse
      ce genre d’articles

      http://www.youtube.com/watch?v=h1VD84SLW8I

      Dans nos Camps de Jeunesse on nous faisait frotter gratter les vieilles pierres

      15 jours parmi ces tombes s’il pleut s’il neige sous le soleil
      et sans gants , de l’eau et une brosse
      avec du gris Troupes au shit, du jaja au bromure, du singe en boîte,
      au son des marches militaires de sonneries de clairons.

      Ras le bol de ces discours glorifiant les vainqueurs et pontifiant les raisons d’Etat.
       Les parents, les grands parents ont vécu ces années. Le quotidien . Leur quotidien sans fards ni trémolos
      Posez des questions à ces contemporains....
      Faites les évoquer leur cheminement, leurs souffrances, leurs désarrois , leurs deuils, leurs joies...

      Même si leurs faits ne sont pas extraordinaires, ne feront pas un buzz , sont pitoyables comparés aux « héros médiatisés »....

      Opportunisme, ne pas faire parti du mainstream dominant, un passé « criminel » un comportement de mouton, .... La guerre libère les passions : on hésite de parler de guerre civile entre français pendant l( Occupation.

      Depuis presque 70 ans entre les 4 murs du cabinet médical - confessionnal aseptique moderne : mal vivre, des crises de foi, ces « vraies » épisodes de ma vie, les « sans-mentir, Docteur »

      Si la parole se tait se tarit ....  ça de vient de la pierre.......... de l’archéologie.


    • finael finael 12 juin 2009 14:58

      Cet article illustre surtout la légende qui entoure le débarquement en Normandie.

      Quelques rappels historiques :

      - L’idée d’un débarquement sur les côtes françaises date de la conférence de Téhéran (28 novembre 1943), ce qui n’a laissé que 6 mois de préparation. D’ailleurs, initialement prévu en mai, il dut être retardé pour cause de manque de moyens (essentiellement les péniches de débarquement ).

      - Les anglais, et tout particulièrement Churchill y étaient fortement opposés, préférant un débarquement dans les Balkans.

      - Malgré cela, ce furent les anglo-canadiens qui fournirent le gros des forces d’assaut (79 000 hommes contre 52 000 américains)

      - Un débarquement sur les côtes atlantiques ne fut jamais envisagé sérieusement, non pas à cause des U-booten sérieusement étrillés en 1944, mais bien à cause de la longueur du voyage nécessaire, de l’étirement des lignes de communication et de la distance par rapport aux objectifs.

      - Malgré cela, ce furent les anglo-canadiens qui fournirent le gros des forces d’assaut (79 000 hommes contre 52 000 américains)

      - Les pertes furent très inférieures aux prévisions - y compris sur Omaha : environ 3 000 hommes pour les Anglo-Canadiens et 4500 chez les américains (en comptant les blessés), même après les déboires d’Omaha et le semi-échec des divisions aéroportées améicaines. Les estimations antérieures alliées étaient de près de 10 000 morts pour le premier jour.

      A comparer avec les 15 000 morts civils normands du fait des combats plus 15 000 du fait des bombardements (il semble que les soldats américains n’aient pas toujours fait la différence entre « ennemi » et « occupé par l’ennemi »).

      - Bien que les vers du poème de Verlaine furent popularisés par le film « le jour le plus long » les messages à la résistance furent nombreux et variés, chacun s’adressant à un groupe particulier (c’est la première des précautions). Les plus importants furent « L’heure du combat viendra » (pour annoncer la mobilisation), « les dés sont sur le tapis » (destruction des moyens de communication - destinés aux normands), puis « Il fait chaud à Suez » (attaque des voies des communication).

      - Si le débarquement fut réussi, la bataille de Normandie n’avait pas été préparée et fut bien plus meurtrière. N’insistons pas sur les erreurs grossières de Montgomery !

      - La Normandie subit des dommages considérables (Caen, St-Lo, Carentan, Villers-Bocage, Falaise, ... n’étaient plus que des champs de ruines, sans compter que la quasi-totalité des clochers des moindres petits villages furent la cible privilégiée de l’artillerie des 2 camps). Au total 70 000 normands périrent dans la bataille, soit plus que le nombre de tués de l’armée britannique ... et les alliés s’étonnaient que l’accueil fut tiède.

      Ce ne fut donc pas sur les plages que se décida le sort de la bataille.

      - Quelques références :

      - Le mémorial de Caen, évidemment !

      - Le débarquement, Georges Blond, Livre de poche

      - Histoire de la bataille de normandie, Olivier Wiekorka, Ed du Seuil

      - D-Day et la bataille de Normandie, Antony Beevor, Calman-Lévy

      - Ils arrivent (Sie kommen), Paul Carrel, Robert Laffont (le point de vue allemand)

      - D-Day 6.6.1944 (DVD documentaire)

      - Le Jour J (DVD documentaire)

      - Jour J Bataille de Normandie (DVD documentaire)

      - Ete 44 la Libération (DVD documentaire)

      etc, etc, etc ...


      • Surya Surya 12 juin 2009 15:32

        Bonjour Finael,

        Vous avez bien raison de dire que mon article reflète plus la légende, c’est tout à fait vrai. Les visites des plages du débarquement, des sites et des musées de la région vers 1994, avec aussi des gens rencontrés, (vous citez le Mémorial de Caen qui est un musée fantastique en effet, je recommande également la visite du musée de la Liberté de Quinéville sur Utah Beach) m’ont tellement marquée, que j’ai un peu préféré aborder le sujet sous cet angle.

        D’autre part l’impression que l’article n’est peut être pas suffisamment documenté est aussi justifiée, car je l’ai écris et envoyé un peu trop rapidement (d’où la fausse manip que j’ai faite sur la carte en l’envoyant plusieurs fois au lieu d’une, d’ailleurs) alors merci beaucoup pour la bibliographie que vous avez indiquée.

        Il y a un site internet très sympa où ils recensent pas mal de messages de radio Londres, avec pour certains leur signification. Mais je cherche toujours la signification du message « les carottes sont cuites » et je n’ai pas trouvé, est-ce que vous (ou une autre personne) la connaissez ?


      • morice morice 13 juin 2009 12:18

        il n’y a donc PAS de « légendes »... ne sombrez pas dans le n’importe quoi.


      • Gazi BORAT 12 juin 2009 15:41

        @ FINAEL

        Juste en passant :

        Regardez par curiosité le parcours antérieur de Georges Blond. Juste avant qu’ils n’écrivent en livres de poche ses ouvrage grand public.. et à l’époque où les forces alliées débarquaient sur les plages normandes..

        La belle histoire du débarquement est largement due, tout au long des années cinquante/soixante, à la guerre froide. Il s’agissait de démontrer l’écrasante supériorité de la technologie et du commandement américain..

        Les Russes firent de même avec Stalingrad..

        Maintenant que le monde n’est plus bipolaire, on s’aperçoit que ce débarquement fut largement conçu sur le modèle du « rouleau compresseur », peu économe en vies humaines et dont, habituellement, on attribuait l’exclusivité aux régimes soviétiques ou chinois..

        gAZi bORAt


        • finael finael 12 juin 2009 17:47

          Je suis d’accord pour la stratégie du « rouleau compresseur », en l’occurence l’écrasante (au sens propre) supériorité aérienne, la très importante supériorité numérique et de puissance de feu.

          Pour ce qui est du « peu économe en vies humaines », c’est vrai pour les civils et les troupes ennemies, mais pas tellement en ce qui concerne leurs propres troupes : les américains avaient le souci de ménager leur opinion publique et les anglais devaient faire face à une pénurie croissante de soldats (ils étaient en guerre depuis 5 ans).

          Au niveau technologique, l’avantage était plutôt du côté allemand, comme au niveau du moral et de l’entrainement-endoctrinement des troupes.

           Si vous jetez un regard plus attentif sur les références que je propose, George Blond n’est qu’un parmi beaucoup d’autres, et je n’ai cité ni les revues, ni les ouvrages ou documentaires plus généraux traitant aussi d’autres sujets.


        • brieli67 13 juin 2009 12:38

          La chair à canons américaine
          recrutement dans les asiles et les prisons
          Gros problèmes dans l’après-guerre aussi dans le Commandement.
          Le sort réservé au combattant allemand, vols et pillages, le blocus alimentaire et famine organisée.

          Méconnaissance du Traité de stratégie militaire de von Clausewitz « Vom Kriege »
          http://en.wikipedia.org/wiki/On_War
          Sans évoquer le Nuremberg baclé avec le fleau de la justice penchant dans le sens de la logique du vainqueur. On aurait pu attendre plus et mieux d’un Etat-Tiers.


        • Surya Surya 12 juin 2009 15:50

          Lien vers le Musée de Quinéville.

          Ils annoncent sur le site avoir ouvert le nouveau musée en 2005, il y en avait déjà un quand je me suis rendue sur place. Sur la page d’accueil je reconnais des décors, et si celui ci est encore mieux (un peu comme le nouvel aquarium de La Rochelle ouvert en 2000, qui a remplacé l’ancien) alors ça donne vraiment envie d’y retourner !
          Si ma mémoire est bonne,ce musée de Quinéville avait la particularité, un parti pris des concepteurs, de n’exposer aucune arme d’aucune sorte, mais mettait l’accent sur la vie quotidienne, et exposait beaucoup d’affiches d’époques, comme celles annonçant la mobilisation, des lettres, des objets... Ca m’avait vraiment plu. Je suppose que ça n’a pas changé.


          • finael finael 12 juin 2009 17:59

            Lien très intéressant !


          • yvesduc 12 juin 2009 23:33

            Merci pour ce superbe article. Dommage toutefois que le rôle déterminant des Soviétiques durant la Seconde Guerre Mondiale soit toujours oublié et le rôle des États-Unis, toujours valorisé. Le pays à l’origine du grand tournant de la guerre, c’est l’URSS lors de la bataille de Stalingrad. Pour la première fois, l’armée allemande a reculé. Le pays qui a subi les plus lourdes pertes, c’est l’URSS : 21 millions de victimes. Le pays ayant infligé les plus lourdes pertes à l’Allemagne, c’est encore l’URSS ! 80% des pertes allemandes sont dues à l’URSS. Je ne suis ni communiste ni nostalgique de l’URSS, mais cette déformation de notre mémoire collective illustre parfaitement l’adage : l’histoire est écrite par le vainqueur. Des historiens Russes pensent même que les États-Unis ont attendu les victoires Soviétiques pour mettre le paquet de façon à stopper les Soviétiques le plus vite possible. Sans quoi les Soviétiques seraient peut-être allés jusqu’à la pointe de la Bretagne, qui sait ?


            Quoi qu’il en soit, oui, il faut emmener nos chères têtes blondes au Mémorial de Caen car la culture historique est la meilleure façon de s’immuniser contre une répétition de l’histoire. En revanche, les amateurs de géopolitique seront déçus par ce musée.

            • Radix Radix 13 juin 2009 10:13

              Bonjour Yvesduc

              Vous avez raison de souligner l’importance du rôle des soviétiques pendant la seconde guerre mondiale, en effet sans le pacte entre Staline et Hitler... il n’y aurait pas eu de guerre, donc pas de débarquement ! 

              Curieusement on l’oublie toujours !

              Comme on oublie également que si nous avons déclaré la guerre à l’Allemagne pour défendre la Pologne, nous aurions du la déclarer également à l’Union Soviétique qui l’avait également envahie.

              Radix


            • yvesduc 13 juin 2009 21:16

              Radix : non, avant la guerre la France a refusé la protection de Moscou, qui du coup n’avait plus qu’à se protéger lui-même. C’est ce qu’il fit avec ce pacte germano-soviétique, qui n’était rien d’autre qu’un pacte de non-agression. Cf. l’historienne Annie Lacroix-Riz.


            • Radix Radix 15 juin 2009 18:48

              Bonsoir Yvesduc

              Vous y croyez encore à cette fable ?

              La Russie n’avait aucun besoin de se protéger de l’Allemagne car celle-ci pour l’attaquer aurait du d’abord envahir la Pologne donc retour à la case départ !

              La véritable raison de la volte-face de Staline (et non pas l’inverse) c’est qu’il avait parié sur une longue guerre d’usure, du genre de celle de 14-18, et qu’il aurait profité de l’affaiblissement des pays engagés pour ramasser la mise.
              Il a en quelque sorte donné à Hitler le feu vert pour attaquer à l’ouest, car celui-ci n’aurait jamais répété l’erreur de la guerre sur deux fronts fatale pour l’Allemagne en 14-18.

               La défaite éclair de la France l’a pris de court, mais comme l’Angleterre résistait toujours, il se croyait encore à l’abri en 41 quand Hitler l’a attaqué.

              Il a perdu son pari et cela a couté cher au peuple soviétique. 

              Radix


            • yvesduc 16 juin 2009 22:17
              Ce n’est pas une fable mais de l’histoire documentée. Quand l’URSS a proposé sa protection à la France, celle-ci a envoyé des émissaires de second rang n’ayant aucun pouvoir de signer, tout en faisant croire à l’opinion publique qu’elle cherchait l’appui de Moscou. Pour rejeter la faute sur Moscou.

              La protection dont il est question est bien celle de la France, vu que l’URSS n’en avait pas besoin comme vous le dites vous-même. Le pacte ne dit rien d’autre que : « on ne bougera pas, vous non plus ».

              Pourquoi l’URSS aurait-elle attaqué Hitler alors que la France refusait son aide ? L’URSS n’était pas attaquée.

              Que la guerre soit d’usure ou non, elle affaiblit les pays engagés. Pourquoi excluez-vous que les États-Unis aient pu tenir le même raisonnement ? Avant la guerre, les pays européens disposaient d’un considérable empire colonial, surtout la France.

              Quant à la « défaite éclair » selon vos termes, appelée « drôle de guerre » par les commentateurs de l’époque, l’expression ayant fait date, en effet les dirigeants français semblaient surtout préoccupés par ne pas infliger trop de pertes à l’ennemi (pour ne pas le fâcher ?) et par se diriger le plus vite possible vers une défaite honorable. Ce fut donc la Collaboration et la France de Vichy. Les élites militaires elles-mêmes n’y croyaient pas et ne livrèrent quelques batailles (sanglantes tout de même) que pour la forme. Même les historiens rangés admettent cela.

              Et j’en veux pour preuve qu’après la seconde guerre, les États-Unis et l’OTAN ne prirent aucune mesure pour empêcher le retour de pouvoirs autoritaires en Europe, s’accommodant fort bien de ceux existant (Espagne, Portugal, etc.). Les Gladiateurs (les membres des services secrets de l’OTAN) y trouvaient refuge lorsqu’ils étaient chassés de leurs pays d’origine par le scandale. Les États-Unis et l’OTAN consacraient par contre toute leur énergie à lutter contre le communisme, y compris en l’empêchant d’accéder au pouvoir par les urnes. L’OTAN eut d’ailleurs fort à faire, vu la cote de popularité des communistes au sortir de la guerre. Attentats, assassinats, chantage, campagnes de calomnie furent employés pour combattre les communistes en Europe de l’Ouest, lesquels avaient compris qu’ils perdraient leur popularité si jamais ils tentaient d’accéder au pouvoir par la force. Par exemple, en Italie Aldo Moro fut assassiné pour avoir été le premier chef de gouvernement à outrepasser la consigne formelle de Washington de ne pas laisser les communistes entrer au gouvernement.

            • Radix Radix 17 juin 2009 17:55

              Bonsoir Yvesduc

              Je suis d’accord avec vous sur le fait que la classe politique et surtout le patronat étaient plutôt favorable à Hitler par anticommunisme.

              Mais celà est un autre débat et n’entève rien aux calculs de Staline dans son alliance avec l’Allemagne qui est d’ailleurs restée incompréhensible aux communismes de bases surtout après l’affrontement de la guerre civile espagnole.

              Radix


            • Radix Radix 17 juin 2009 21:56

              Re bonsoir

              "La protection dont il est question est bien celle de la France, vu que l’URSS n’en avait pas besoin comme vous le dites vous-même. Le pacte ne dit rien d’autre que : « on ne bougera pas, vous non plus ».


              Pourquoi l’URSS aurait-elle attaqué Hitler alors que la France refusait son aide ? L’URSS n’était pas attaquée."

              Non seuleument elle n’était pas attaquée, mais elle a attaqué la Pologne, donc elle a bougé en fonction de ses intérêts : mettre la main sur la Pologne et établir un glacis entre elle et l’allemagne.

              Radix

            • yvesduc 18 juin 2009 20:52

              En vertu de quoi, selon vos propres explications, l’invasion de la Pologne reflétait bien la défiance de l’URSS envers Hitler, et non la confiance (glacis). Une autre explication est que militairement parlant, l’URSS n’était pas prête à affronter Hitler en 1939.


            • Radix Radix 19 juin 2009 18:13

              Bonsoir

              Visiblement l’utilité militaire d’un glacis vous échappe !

              Cela permet de faire reculé la ligne de front hors de son territoire, d’ailleurs la majorité des troupes russes étaient stationnées sur le territoire soviétique, juste à la frontière.

              Staline était sans illusion sur Hitler, ces deux là se ressemblait trop pour ne pas s’en être aperçu ! Il avait conditionné sa permission à l’envahissement de la Pologne à l’octroi de la moitié du pays : c’est cela le pacte germano-soviétique !

              Vous dîtes que l’armée soviétique n’était pas prête à affronter l’armée allemande, on le sait maintenant, Staline l’ignorait, comme d’ailleurs l’armée française ignorait qu’elle allait être vaincue en 6 semaines !

              Il est facile d’être visionnaire après l’évènement !

              Radix


            • Fergus fergus 13 juin 2009 07:55

              Bravo à l’auteur et à tous les intervenants de rétablir quelques vérités écornées par la communication politique des uns et la mythification des évènements. Rien à ajouter.


              • morice morice 13 juin 2009 11:05

                il faut impérativement entretenir ce devoir de mémoire auprès des jeunes générations. Ce sont des gamins qui sont morts. Une vingtaine d’années pour la plupart.


                • morice morice 13 juin 2009 12:19

                  Ça c’est exact Léon. Machiavélique en effet.



                    • jaja jaja 13 juin 2009 21:41

                      Pour ce qui concerne le rôle de la résistance française ces quelques lignes copiées de Wikipédia... Georges Guingouin et ses maquisards, bien oubliés de nos jours, ceux que l’ignoble Faurisson a tenté de salir, ont toute leur place dans la mémoire des gens du peuple.

                      "En mai 1944, la Haute-Vienne compte environ 8 000 hommes armés. C’est le département qui en compte le plus dans toute la France. Après la fusion des mouvements de résistance (Armée Secrète, ORA) et des FTPF pour former les FFI dont Georges Guingouin assure le commandement dans le département, les structures de la Résistance armée demeurent toutefois confuses, puisqu’en dépit de l’organisation commune les FTPF ont conservé la possibilité d’agir de façon relativement autonome. ( Des photos de ce maquis et de son chef ont été prises à l’époque par le photographe Izis Bidermanas qui avait pris les armes avec lui )

                      Après le débarquement en Normandie du 6 juin 1944, les maquisards de la Haute-Vienne sont mobilisés pour effectuer le plus grand nombre de sabotages possibles afin de paralyser les communications allemandes. La division SS Das Reich (exactement 2e PzD SS), qui a quitté le Tarn-et-Garonne pour rejoindre la Normandie, atteint Limoges le 9 juin. Le 10 juin, un détachement de cette division commet le massacre d’Oradour-sur-Glane. Le 10 juin au soir, des hommes de la « 1re Brigade du Limousin » capturent le Sturmbannführer SS (commandant) Kämpfe, considéré comme le « héros » de la division. Le général Lammerding, commandant la division Das Reich, demande sa libération en échange de 40 résistants emprisonnés. Guingouin, qui a eu connaissance du massacre d’Oradour, refuse ; le Sturmbannführer est fusillé, ce qui entraîne de nouvelles représailles, mais fait perdre 48 heures à la division Das Reich, laquelle ne repart vers la Normandie que le 12 au matin. Ce retard a été considéré par Eisenhower comme un élément important dans l’issue de la bataille de Normandie.

                      Au début juillet 1944, Guingouin avait été averti qu’une offensive allemande se préparait contre le maquis qu’il dirigeait. Le 17, la « 1re Brigade » est attaquée par la brigade allemande du général von Jesser, forte de 500 véhicules, appuyée par divers renforts, ce qui déclenche la bataille du Mont Gargan : les maquisards perdent 97 hommes (38 morts, 5 disparus, 54 blessés), contre 342 tués ou blessés pour les Allemands. C’est l’un des rares combats de la Résistance de l’intérieur dans une bataille rangée...."

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