Qui commande quoi en Iran ?
La montée en puissance de l’Iran sur la scène internationale et la personnalité inquiétante de son nouveau Président, Mahmoud Ahmadinejad, rendent utile de se poser la question de qui commande quoi dans ce pays entre le Président, élu au suffrage universel, les conseils religieux, les ayatollahs, les pasdarans et le parlement. Et de mieux comprendre avec du recul les conséquences de la victoire de Mahmoud Ahmadinejad contre Rafsandjani lors des dernières élections.
Mieux vaut le savoir en effet alors que ce pays riche de pétrole, qui considère l’occident (tout l’occident) comme l’oppresseur mondial, a fermement l’intention de posséder l’arme nucléaire et peut être même de s’en servir et entend rétablir l’Empire Perse sur le plan géographique et le chiisme sur le plan religieux dans l’Asie centrale.
Car il y a en Iran une dualité de pouvoirs entre le pouvoir civil représenté par le Parlement et le Président de la République et le pouvoir religieux représenté par l’Assemblée des experts et le Guide religieux, actuellement l’ayatollah Ali Khameini.
Celui ci en effet contrôle directement l’armée, les Pasdarans, le pouvoir judiciaire, la police et les médias. Il a seul le pouvoir exorbitant de destituer le Président de la République. En un mot, c’est lui le véritable maître de l’Iran et Mahmoud Ahmadinejad ne parle que sous le contrôle du guide religieux.
Un mot sur les différents organismes du pourvoir en Iran. Les pasdarans, les gardiens de la révolution, tout d’abord sont une armée-bis forte de 300 000 hommes créée au moment de la révolution pour contrebalancer l’armée régulière et tout acquise à la cause des religieux. Le Conseil des gardiens, créée par l’imam Khomeyni, est en quelque sorte le Conseil Constitutionnel de l’Iran, et a pour rôle de veiller à la conformité des lois avec la constitution mais aussi avec l’Islam. Un autre de ses rôles, capital, est d’habiliter les candidats aux élections qui n’est pas, en Iran, un simple entérinement administratif sur la base de 500 signatures comme nous le pratiquons, mais un choix politique d’une dizaine de personnalités considérées comme aptes a diriger le pays et à être proposées aux votes des électeurs. Il est nommé par le Guide religieux pour moitié et pour les juristes qui en représentent l’autre moitié par le Ministre de la Justice qui dépend de toute façons du Guide Religieux. Ils sont entérinés tous par un vote du parlement.
Le pouvoir civil est donc représenté par le Parlement élu pour 4 ans au suffrage universel et par le Président de la République élu aussi pour 4ans au suffrage universel.
En cas de désaccord entre le Conseil des Gardiens et le pouvoir civil, Parlement et Président, c’est un organisme spécial, le Conseil de Discernement qui est chargé d’arbitrer. Créée par Khomeyni, il est présidé par Hachemi Rafsandjani, ancien Président et concurrent malheureux de Mahmoud Ahmadinejad à la dernière élection présidentielle. En cas de conflit entre Président et pouvoir religieux, on peut imaginer de quel coté penchera le Conseil de Discernement.
Un système donc dans lequel le Président occupe la scène, parle, prends des coups éventuellement tandis que le vrai maître reste dans l’ombre, observe et peut éventuellement rectifier le tir.
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