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PS : Agiornamento per un risorgimento

A quatre semaines des élections européennes, le principal parti de gauche est à la ramasse dans les sondages. Et si le dernier moyen de le sauver était de ne pas lui donner sa voix ?

J’hésite encore : le PS, pour sauver la gauche, doit-il mourir ou se "refonder" ?
La question n ’est pas que rhétorique, malheureusement. Il est certain que le PS est nuisible depuis une bonne vingtaine d’années aux idées de gauche. En revanche, il était le seul parti capable de porter une partie de la gauche au pouvoir. Aujourd’hui, il ne remplit plus cette fonction ou si mal. Hormis le cadeau offert par Chirac lors de la dissolution de 1997, le PS n’est plus au pouvoir depuis 15 ans dans des élections normales. Par ailleurs, l’espoir de remporter les seules législatives en vue de gouverner a disparu depuis le quinquennat et l’inversion du calendrier. Emporter les élections présidentielles est devenu le seul moyen d’accéder au pouvoir. Or le PS s’ingénie à se diviser dans ses occasions.
Nuisible intellectuellement à la gauche, le PS est il en passe de devenir son fossoyeur électoral ? C’est à craindre.

D’aucuns parmi vous, chers lecteurs, s’étrangleront, s’indigneront ou éructeront : "Mais par quoi le remplacer ? C’est si facile de cracher sur le PS mais c’est le seul..." Effectivement je vous l’accorde, mais ces arguments sont-ils une condition suffisante pour passer sous les fourches caudines à chaque élection ?
"Sans le PS on en prend encore pour vingt ans de droite" Oui mais cela est déjà le cas, avec ou sans le PS. Nous avons droit à quelques intermèdes "de gauche" : des emplois jeunes qui disparaissent, des 35 heures qui sombrent, des privatisations qui perdurent, et voilà on referme la parenthèse. Entretemps on supprime tout service militaire et on fait le quinquennat en se tirant une balle dans le pied.
Franchement à quoi ça sert ? Puisque la gauche est aujourd’hui un champ de ruines autant prendre le temps de la reconstruire !

Alors faut-il pour autant faire tabula rasa de l’existant ?
Durant les années 90, les contempteurs du communisme tout juste défunt, lançaient sans cesse leurs flèches sur un PCF déjà bien moribond sur le thème du "alors on défend toujours une idéologie qui a produit un système totalitaire responsables de dizaines de millions de morts ?" (Cf : "Le livre noir du communisme" qui posa le sceau scientifique et historique à ce discours politique dominant alors.) De façon identique ne serait-il pas judicieux de demander aux socialistes d’aujourd’hui : "Ne vous semble-t-il pas que votre appellation est galvaudée alors que vos politiques ont produit des millions de chômeurs ? Comment conciliez vous le socialisme avec les critères de Maastricht qui, jusqu’à peu, empêchaient de mener une politique de relance ? Pourquoi les sociaux démocrates européens ont-ils fait de l’UE le plus grand marché libre échangiste au monde ? Votre conversion au libéralisme ne s’apparente-t-elle pas à une trahison de vos idées et de ce qu’étaient alors vos électeurs, qui d’ailleurs ne se retrouvent plus chez vous ?"
Bien sûr la droite se garde de vous le dire bien que Fillon affirmait, il y a peu, que "la droite a gagné la bataille culturelle". Bien sûr, évidemment puisque vous vous étiez ralliés à leurs fondamentaux (sécuritarisme, libéralisme, résorption des déficits, ouvertures à la concurrence, privatisations...)
Mais, heureusement l’Histoire n’avait pas dit son dernier mot. La "crise" économique a fait chavirer les certitudes de la veille. Et là, la droite au pouvoir, a abandonné, en paroles, ses valeurs et entrepris une grande manœuvre de récupération, de ré appropriation d’un vocabulaire que je qualifierai de "socialisant". Ces mots là, vous ne savez plus les prononcer, pour vous ils font trop "vieille gauche" pas assez "troisième voie" ; pire, ils laissent apparaître un marxisme mal dégrossi, souvenir de vos premières années de militantisme. Alors, à la remorque de notre seigneur à tous, vous ânonnez, vous chuchotez. Chers camarades, il vous faut revoir votre logiciel, réapprendre ce qu’est le socialisme (et non le marxisme d’ailleurs). Le socialisme, à travers vos lèvres, était devenu "l’encadrement du système capitaliste", alors que son projet initial (avant le marxisme) était de lutter contre ce dernier, d’offrir une alternative sans pour autant revendiquer une quelconque "dictature du prolétariat".
Alors oui, il est grand temps pour le PS d’effectuer son agiornamento. De reconnaître ses erreurs, de puiser une nouvelle inspiration dans les origines de ce mouvement d’idées. La social démocratie que vous cherchez à incarner sous prétexte de modernité, est morte. La social démocratie fut un parti libéral, qui bâtit de ses mains l’Europe et le monde qui s’écroulent sous nos yeux : Un monde politiquement (démocratie représentative en tant que fin en soi) et économiquement (libre marché et concurrence, dérégulation, mondialisation du commerce...) libéral. Voilà tout.
Bref, sans effectuer ce difficile retour sur soi, pas d’issue. Avec, un déchirement assuré, des tiraillements, des combats singuliers, un éclatement, une implosion peut-être... Mais un discours sincère et des actes authentiquement de gauche : au bout du tunnel, un risorgimento.

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11 réactions à cet article    


  • Yves Loiseau Yves Loiseau 15 mai 2009 14:40

    La question qui se pose pour les futures élections du 7 juin n’est pas de réfléchir au PS comme à un élément de la politique française.
    Les prochaines élections sont des élections européennes.... Nous sommes tous des européens. Et lorsque, l’on est à gauche, quel est le parti qui participera le mieux au renforcement de l’idée européenne ? Quel est le parti qui œuvrera le mieux contre les crises que nous connaissons ? Quel est celui qui apportera le plus de solutions innovantes ?
    Ca ne peut pas être le PSE....
    Sur un problème comme la reconduction de Barroso ou la nomination de son remplaçant, le PSE n’a même pas réussi à avoir une position commune ! Ne parlons pas du reste !
    Quant au PS -je dis bien le PS cette fois- il serait quand même comique de voter pour des gens dont la grande moitié se sont pronohncé contre le traité de Lisbonne. Aujourd’hui, le probleme, chez eu, est mis sous la table... Mais une fois élu que vont faire ces anciens opposants ?
    Je n’ai pas entendu les grands ténors nonistes du PS faire ce que Jose Bové a fait : dire qu’à l’époque il s’était trompé de perspective.
    Je voterai Europe Ecologie parce que le progamme de ce rassemblement -parce qu’en France et en Allemagne les « verts » ont proposé des sièges à d’autres militants- <http://www.europeecologie.fr/programme&gt ; correspond à toutes les urgences -donc les crises auxquels nous sommes confrontés. Ce sera un vote purement européen puisque personne ne sait ce que deviendra ce rassemblement -en France- après les européennes justement. Quant aux verts, à l’intérieur du Parlement de Strasbourg, chacun sait qu’ils sont des forces de propositions et des faiseurs de majorité puisqu’ils ne sont affiliés ni aux libéraux, ni aux démocrates chrétiens, ni aux socialistes européens... Pas de risque donc de majorité automatique avec eux !


    • Elisa 15 mai 2009 14:45

      Pourquoi faut-il le sauver ?

      Le PS a historiquement failli depuis plus d’un siècle : union sacrée de sa majorité pour voter les crédits de guerre en 1914, non intervention durant la guerre d’Espagne, politique colonialiste de Guy Mollet en particulier durant la guerre d’Algérie, trahison de l’espoir populaire de 1981 par le tournant libéral du gouvernement Fabius, ralliement de Jospin à l’ultralibéralisme durant sa cohabitation (c’est sous son gouvernement que la France aconnu le plus de privatisations et amorcé le tournant qui mène au sarkozysme actuel). Ne parlons pas des thèmes de campagne de Royal sur l’ordre juste et la sécurité pour terminer par la dernière mouture des principes adoptés en congrès qui affirme l’inéluctabilité d’un ordre social fondé sur la concurrence et le profit.
      Pourquoi donc s’obstiner à soutenir malgré tout le PS si ce n’est pour des raisons électoralistes, je pense ici à la direction du PCF ou du NPA qui ont besoin du « pacte républicain » pour conserver ou obtenir quelques élus.

      Le PS est aujourd’hui en faillite parcequ’il fait la preuve de son incapacité ou de son refus d’affronter la politique actuelle de Sarkozy. Inexistant lors des luttes sociales récentes et actuelles, violemment critique à l’égard dui mouvement social en Guadeloupe, incapable de s’extirper de la connivence européenne avec tous les libéraux, enfin toujours à la remorque de la politique étatsunienne et de ses alliés sur le plan mondial en particulier au Moyen Orient.

      Il ne s’agit pas de souhaiter la disparition d’un parti mais de se rendre compte qu’une alternative de gauche ne peut pas se bâtir avec lui.

      En revanche, ce qui s’est passé en Guadeloupe doit nous inciter à réfléchir. Il existe en France nombre de mouvements politiques , d’associations, de syndicats qui pourraient s’unir sur des enjeux vitaux et urgents : suppression de la loi TEPA, revaloristion du SMIC, suppressions des lois qui mettent à mal le service public, etc...

      De nombreuses luttes et initiatives vont dans ce sens, pourquoi ne pas contribuer à les faire converger pour qu’elles aient enfin des chances d’aboutir ?


      • joelim joelim 15 mai 2009 23:31

        L’ordre juste et la sécurité c’est pas bien ? C’est à force de dénigrer ces aspects que vous avez contribué - une bonne partie de la gauche en fait- à faire un boulevard à l’entreprise Sarko Security Corp.


        Et vous continuerez c’est çà le plus fou !

      • Dudule 16 mai 2009 16:27

        Justement, une bonne stratégie consiste à ne pas accepter le combat sur le terrain choisit par l’adversaire : on est sûr de perdre. Croyez bien que la droite sera toujours plus crédible dans ce domaine.

        Parler d’ordre et de sécurité, très bien, mais surtout ne pas en faire un point important de sa campagne, ça aurait été intelligent !

        Le PS a bien d’autres choses à dire qui pouvaient mettre la droite en difficulté... encore faudrait-il qu’il soit de gauche, son européïsme béat l’ayant converti au libéralisme « soft », le laissant à court d’argument.

        Et encore, d’après certains, le PS ne serait pas encore assez recentré (dixit joffrin il y a quelques jours) ! Ça marche tellement bien, c’est sûr, il faut continuer dans cette voie !

        Tout ça est ahurissant d’imbécilité politique !

        Pour moi, le PS est déjà mort : il s’est noyé d’un le libéralisme et les sondages bidons.


      • Kalki Kalki 15 mai 2009 16:02

        Sauvez vous vous même.

        Y a personne d’autre pour vous sauver.

        Soyez des grands garcons et des grandes filles, finit les rêves des grandeurs comme un anneau pour nous diriger tous. Soyez citoyen dans votre démocratie.


        • anny paule 15 mai 2009 16:40

          Ce qu’écrit Elisa est totalement exact. Le PS n’est plus un parti de gauche depuis longtemps, il s’est écarté de la pensée de Jaurès qui voulait que « Le socialisme proclame que la République politique » doive « aboutir à la République sociale ».
          La République sociale, c’est bien le noeud du divorce entre le peuple et le PS.
          Si nous songeons que les responsables PS avaient majoritairement voté et appelé à voter Oui au TCE, ( et à ce que ce TCE représente), si l’on songe qu’ils ont permis que le Congrès de Versailles valide le Traité de Lisbonne en s’abstenant de voter, si l’on songe qu’ils ont voté, au même titre et avec la même ferveur que l’UMP et le Modem, la Résolution du 26 mars 2009, instaurant un grand marché transatlantiquenous rendant dépendants de la politique économique (entre autres) des E U, nous soumettant donc à l’hégémonie américaine, si nous songeons qu’ils ont également signé le « troisième paquet énergie » (privatisation d’EDF à la clef), la fin du monopole de la Poste pour les courriers de moins de cinq grammes... (à rajouter à tout ce qui a été dit par Rodolphe et par Elisa), nous avons une idée de la conception « SOCIALE » et économique du PS actuel...

          Si nous songeons au discours de M Aubry, « Il faut changer l’économie maintenant. Il y a un vote de conviction, un vote utile, c’est le vote socialiste » (Discours mercredi, au Cirque d’hiver), et au vide politique sidéral qu’il y a derrière, au double langage utilisé... nous avons tous les soucis du mondevis à vis du parti osant prétendre représenter la volonté populaire, la volonté de ceux qui souffrent du système... et qui sont de loin les plus nombreux.

          Décidément, UMP, MODEM, PS, même combat contre le peuple qui travaille (ou aimerait bien travailler), contre le peuple qui subit les écarts, chaque jour plus criants, des nantis.

          Pour ces élections européennes, ne donnons aucun blanc-seing à ceux qui nous enfoncent ! Par contre, votons en connaissance de cause pour ceux qui répondront le mieux à nos valeurs humanistes, laïques, républicaines, féministes, écologistes, démocratiques et qui ne prônent ni la révolution, ni le repli identitaire.

          Peut-être, alors, le PS fera-t-il son examen de conscience, et saura-t-il effectuer le grand virage nécessaire à sa représentativité ! Pour l’instant, il nous a bernés, au même titre que le Modem ou l’UMP ! 


          • Bois-Guisbert 16 mai 2009 12:58

            La République sociale, c’est bien le noeud du divorce entre le peuple et le PS.

            Non Madame, le noeud du divorce, comme vous dites, c’est l’appui du PS à l’immigration-invasion que les caciques du parti voient de loin et du haut de leur stupide évangile universaliste, alors que le petit peuple en subit toutes les promiscuités de plein fouet.

            P.S. - Ce qu’il y a d’amusant pour qui est un adversaire intransigeant des gens de gauche, c’est qu’on peut leur tremper le nez dans leurs âneries, tout en sachant d’avance qu’ils feront plus encore tout pour les aggraver. C’est le bon côté de l’endoctrinement smiley


          • barbouse, KECK Mickaël barbouse 16 mai 2009 09:19

            bonjour,

            quiconque regarde un peu sérieusement ces élections fini par ce rendre compte que le PS n’est pas une force d’opposition, mais d’avalisation par absorption et disperstion des forces de contestation a l’atlantisme libérale de la droite,

            autant au niveau français qu’au niveau de l’europe, où ils votes quasi systématiquement ensemble, d’un seul umps, des lois comme l’ouverture au marché commun avec les usa, comme dénoncer par Mélanchon.

            Aussi, voter PS c’est faire le jeu de la droite, n’en déplaise aux nostalgiques de mitterrand qui ne veulent pas voir ce que leur parti est devenu.

            amicalement, barbouse.


            • Bois-Guisbert 16 mai 2009 12:42

              J’hésite encore : le PS, pour sauver la gauche, doit-il mourir ou se « refonder » ?

              La seule façon pour le PS de refaire surface serait de se positionner clairement contre l’immigration allogène et pour La France aux Français.

              Il y a cinq ans que je le dis - prévoyant à ce titre la défaite de la gauche à la présidentielle de 2007, en dépit de la nullité sortante - et j’ai longtemps été bien seul, dans mon registre. Mais le 23 avril, j’ai reçu l’appui du « Wall Street Journal », par l’intermédiaire d’un de ses éditorialistes, Bruce Bawer, intellectuel de gauche, écrivain, poète, critique, juif et homosexuel.

              Avec une caution pareille, ma concierge devrait commencer à me prendre au sérieux smiley


              • Bois-Guisbert 17 mai 2009 00:05

                Ne leur donnez pas de bonnes idées ; ils seraient capables de les prendre du fond du trou ou ils sont....

                Pratiquement aucune chance. Voyez ce qu’il se passe en Italie. Alors que 80 % des Italiens approuvent le refus d’une société multiethnique exprimé par Berlusconi, le leader de l’opposition Franceschini (parti démocrate, ex-communiste) lui reproche... de ne pas tenir compte de l’avis des citoyens.

                Ces gens de gauche sont camés à l’idéologie et ensuqués à la doctrine... Ils s’imaginent que proclamer la France aux Français leur ferait perdre leur âme, alors que c’est leur pays qu’ils perdent...

                Le pays de Villon, de Molière, de Couperin, de Viollet-le-Duc, de Brillat-Savarin, de Rodin, de Monet, de Raimu, de Céline et de Bocuse, livré à des populaces dont l’entier du patrimoine culturel serait plus qu’au large sur une « antique » disquette de 3 1/2 pouces !


              • Marianne Marianne 16 mai 2009 19:48

                « Avec une caution pareille, ma concierge devrait commencer à me prendre au sérieux »

                A moins que cette personne soit d’origine étrangère auquel cas, comme moi, elle vous prendra probablement à son tour pour un âne batté d’extrème-droite et prendra ses jambes à son cou !

                Au fait, Bois-Guibert, lorsque vous parlez du petit peuple c’est d’expérience ?

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