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Le livret de compétences masque la baisse du niveau scolaire

Un très bon article de Mara Goyet, une collègue d’histoire-géographie qui a déjà enseigné 10 ans dans un collège en zone d’éducation prioritaire, et qui ne peut donc pas être soupçonnée de ne pas connaître les réalités de l’enseignement dans ces structures, est paru au journal Le Monde du 7 octobre 2012.

Il met en particulier l’accent sur la question du niveau scolaire, sur l’inanité des items du livret de compétence (par exemple : « gestes quotidiens sans risquer de se faire mal ») et sur la dérive conséquente que toutes les innovations pédagogiques stériles font peser sur le travail du professeur quand celui-ci est tenu de renseigner et de noter à tout bout de champ dans une frénésie pathétique : cahiers de textes, appel et cahier de texte en ligne en temps réel (à remplir en classe sur son laptop ou sa tablette pour avoir l’incomparable joie de renseigner immédiatement l’administration sur les absences et sur ce qui a été fait ou prévu de faire en classe, compter 10 minutes de perte de temps par heure d’enseignement), notes en ligne pour les bulletins trimestriels, validations d’items de l’incomparable et inénarrable livret personnel de compétences…

Comme le dit l’auteur, il n’y a plus aucune réaction dans les salles de professeurs. L’encéphalogramme devient plat après le matraquage des réformes déstructurantes à répétition de ces dernières années. Le mot d’ordre est à la « survie dans son coin ». Les enseignants du terrain n’ont plus le temps de se battre ou de se poser des questions : il faut refaire son cours en suivant des programmes tout neufs et impossibles à appliquer (du moins pour les mathématiques au lycée, domaine que je connais bien et où je peux apprécier la nature des objectifs fixés, les méthodes imposées et les horaires officiels) en accueillant des élèves de plus en plus perdus qui disposent de moins en moins de moyens dans des classes qui continuent d’être surchargées (même si la rénovation de l’éducation annoncée l’été 2012 devrait changer quelque chose sur ce dernier point).

Comment ne pas remarquer que le tout nouveau programme déstructurant de mathématiques qui vient d’être imposé, et qui sera changé sans doute tous les deux ou trois ans, est censé être déversé sur nos apprentis en appliquant tout un ensemble d’instructions fantaisistes concernant l’utilisation des technologies numériques, l’omniprésence de la calculatrice comme « oracle de vérité », et l’interdiction répétée de proposer un cours structuré sur une notion donnée à un moment donné, ce qui nous ferait évidemment retourner à l’époque maudite des cours magistraux. On imagine alors tout un ensemble de galériens en train de ramer dans des suites d’activités sans fin et parfois loufoques, visant à faire apprendre par eux-mêmes des notions difficiles qu’il aurait été plus simple de présenter en commençant pas le « bon bout » et sans créer des difficultés qui n’existaient pas. Bref, les élèves et leurs professeurs tentent de survivre dans leur coin, et on ne leur en voudra pas !

Que vient faire le livret de compétences dans tout cela ? Laissons à César ce qui appartient à César, et à Mara Goyet les lignes qui suivent, où elle cerne excellemment le rapport entre la valorisation de compétences banales et la mise en veilleuse des compétences disciplinaires fondamentales :

« Depuis quelques années, le ministère a trouvé la parade ultime pour gagner en efficacité et en finir une fois pour toutes avec l'indiscipline généralisée (des enseignants, des élèves, des parents, du réel). Il a traité l'école comme on le ferait d'un déchet nucléaire, en la coulant sous une chape de béton et en l'envoyant au fond des eaux.

Prenons la question du niveau des élèves, angoissante et pénible, cruciale et pourtant délaissée. Plutôt que de la considérer en face, de face, elle a été ensevelie et étouffée par le nouveau système d'évaluation en vogue à l'école, un outil soi-disant moderne, objectif, clair, européen et juste. De quoi satisfaire la droite et la gauche. Bien vu. Il s'agit du livret personnel de compétences qui est une longue litanie hétéroclite et rassurante d'items (mini-compétences) que les élèves doivent valider - c'est la loi - tout au long de leur scolarité.

Cela peut aller de « répondre à une question par une phrase complète à l'écrit » à « se déplacer en s'adaptant à l'environnement », en passant par « respecter tous les autres, et notamment appliquer les principes de l'égalité des filles et des garçons ». Il conduit les professeurs à adopter une forme de pédagogie moléculaire et chirurgicale qui évite soigneusement les civils, c'est-à-dire les élèves qui ne sont pas, aux dernières nouvelles, un assortiment varié de compétences mais des individus. Il est vrai qu'en mettant sur le même plan l'expression écrite et l'accomplissement de « gestes quotidiens sans risquer de se faire mal », il est facile d'arriver à des conclusions rassurantes.

Marcel Proust écrivait certes bien, mais qui sait s'il n'aurait pas eu tendance à se coincer les doigts dans le tambour du lave-linge ? Le petit Lucas, lui, est peut-être illettré mais plutôt prudent dans la vie de tous les jours. Ce qui n'est pas si mal en 4e. Cela permet de relativiser les talents des uns et des autres. Et de se rassurer à bon compte. » (Goyet, 2012)

 

Avec de telles réflexions, on se trouve vraiment dans le vif du sujet et on comprend mieux ce qu’on est en train de vivre. Qui peut lutter contre ces sornettes ? Le jeu n’en vaut pas la chandelle : quand tout le monde danse, il vaut mieux danser tranquillement dans son coin. Cela explique peut-être le manque de riposte de la part des enseignants : à quoi bon ? Chacun y va de son credo sur l’école, et il n’y a pas d’autre perspective que de voir l’esquif balloté sur les flots grondants d’une onde terrible. Pour acte. Et le professeur se contentera de cocher des cases :

« Le professeur, dans cette perspective, ne doit plus se contenter d'enseigner. Il doit aussi, et surtout, renseigner. A tout bout de champ : cahier de textes, notes en lignes, validation des items. Le bon enseignant, c'est celui qui fait des diagrammes, des progressions, remplit des fiches, monte des projets, se lance dans le tout-numérique, remplit des cases, fait des synthèses, des appels d'offres, fait remonter l'info, connaît les protocoles, obéit aux chefs...

Il devient, avant tout, l'administrateur de son enseignement. L'air de rien, la bureaucratie que l'on croyait terrassée revient hanter le quotidien des professeurs sous la forme d'un contrôle a posteriori. Après tout, cela débarrasse le corps enseignant d'un sentiment de culpabilité qui le taraude et dont il ne sait que faire : le niveau des élèves, c'est à la fois de notre ressort et hors de notre portée. La technocratisation contribue à dissimuler l'état des classes. Les protestations sont molles. Qui voudrait mourir pour trois formulaires insipides ? » (Goyet, 2012)

 

Et de continuer avec cette comparaison qui a le mérite de bien nous faire réfléchir :

« Imaginons l'équivalent dans le domaine de la santé : un ministre vantant les vertus oubliées du clystère et de la saignée, un ministre s'enthousiasmant parce que nombre de malades du cancer n'ont pas de cors aux pieds et jettent l'emballage de leurs médicaments dans la poubelle à papier, un ministre qui ferme les hôpitaux et se réjouit, du coup, du faible pourcentage de patients hospitalisés dans son pays, signe des progrès de la médecine. C'est, à sa manière, ce que l'école subit. Ce n'est pas létal. Mais brutal. » (Goyet, 2012)

 

Ces lubies éducatives sont imposées d’en haut, comme le livret de compétences, et le professeur lambda n’a pas les moyens de les remettre en cause puisqu’un fonctionnaire est tenu d’appliquer les textes.

Qui diable impose de telles orientations ? Il semblerait que ce soit tout le monde et n’importe qui. Surtout n’importe qui, puisqu’en matière d’éducation tout le monde se veut compétent. Les personnes dont les parcours étaient administratifs et/ou politiques seront les premiers à prendre position et à parler. Quant aux enseignants, on ne leur demande rien car on estime qu’ils sont les derniers à savoir quoi que ce soit en matière d’éducation.

C’est encore plus pathétique quand il s’agit de définir quel enseignement des sciences on proposera à nos bambins, car au-delà des affrontements idéologiques on ne demandera jamais l’avis des scientifiques. Peut-on imaginer un programme de mathématiques et des instructions sur la façon dont il faut l’enseigner, donnés par des littéraires, des sociologues, des psychologues et des journalistes ?

Après les rencontres d’été 2012 liées à la refondation de l’école, le quatuor chargé d’orchestrer les concertations présente un rapport contenant dix orientations. Au-delà des propositions arrêtées, qui demeurent critiquables et restent à analyser très précisément, on remarquera qu’aucun enseignant ni aucun scientifique[1] ne figure parmi les quatre personnalités responsables de ce travail si important de concertation et de production d’un rapport qui engage l’avenir. On compte une sociologue, une journaliste, l’administrateur général du CNAM (conservatoire national des arts et métiers) et un président de région (Battaglia, et al., 2012). Avec une telle brochette de personnalités qui n’ont rien à voir avec l’éducation, la France se prépare des réformes « à l’aveugle » du type « café du commerce », dont les modalités auront été inventées dans des think tanks institutionnalisés où beaucoup se sentent contraints de faire preuve d’excentricité pour exister.

Quant à l’enseignement des sciences, j’imagine que le thème n’a pas été abordé. En tout cas je n’ai rien entendu à ce sujet, si ce n’est certains qui répétaient comme une ritournelle « qu’il faut faire plus de place au numérique » en sautant comme des cabris, comme s’ils imaginaient que cela allait changer quelque chose.

 


[1] La sociologie est une discipline scientifique qui n’a rien à voir avec les sciences exactes. Par « scientifique » je pense ici avant tout aux sciences exactes comme les mathématiques ou les sciences physiques qui sont les grandes perdantes de toutes les réformes entreprises depuis 1983. Un acharnement terrible qui commence malheureusement à porter ses fruits…

Goyet, Mara. 2012. A l'école des bureaucrates. Le Monde du 6 octobre 2012. [En ligne] 6 octobre 2012.

Battaglia, Mattea et Collas, Aurélie. 2012. La boîte à idées sur la refondation de l'école attend sa déclinaison politique. Le Monde du 6 octobre 2012. [En ligne] 6 octobre 2012.

 

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44 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 11 octobre 2012 09:06

     l’interdiction répétée de proposer un cours structuré sur une notion donnée à un moment donné, ce qui nous ferait évidemment retourner à l’époque maudite des cours magistraux.

     je viens enfin de comprendre pourquoi je n’étais plus en mesure d’aider mes enfants d’une quelconque façon sur leurs devoirs de maths , ne trouvant aucun cours magistral et avec des bouquins de maths sans aucune explication , seulement des exercices ! smiley
    si on part du principe qu’un cour magistral , c’est fasciste , on est mal barrés !


    • pergolese 11 octobre 2012 11:43

      Dans ces conditions on comprend pourquoi beaucoup sont largués quelques semaines après la rentrée universitaire...


    • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:57

      A la limite, ce n’est pas trop le problème. Si un enseignant est bon lorsqu’il enseigne magistralement, il doit le faire, s’il est bon quand il propose des ateliers de travail à ses élèves, il doit le faire aussi. C’est quand l’Education Nationale commence à mettre son groin dans le travail de l’un ou de l’autre que ça commence à sentir mauvais...


    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 00:48

      @ LE CHAT

      Vous avez tout compris ! Le cours magistral est fasciste, et il faut toujours faire des activités, seulement des activités, toujours des activités. Je ne suis pas spécialement un grand défenseur du cours magistral, et personnellement j’ai adopté une approche originale pour enseigner les fondamentaux à mes étudiants qui préparent le CAPES et le master. Mais ce sont des étudiants qui ont une licence en poche, et qui sont capables d’un travail personnel soutenu, et c’est en salle qu’on approfondit ce travaille, qu’on le met en scène, en s’amusant si cela est possible. Mais en lycée, ne faire que des activités, des exercices et des TP sur ordinateurs a pour résultat d’embrouiller TOUS les élèves, même ceux qui n’avaient pas de problèmes avant ces réformes. 
      Bon, il est vrai que le problème le plus important concernant l’apprentissage des mathématiques est le manque d’heures de cours. Actuellement, dans les classes de lycée en tout cas, un élève « normal » ne peut pas bien comprendre ce qu’il devrait acquérir en maths simplement parce qu’on ne dispose pas de temps suffisant pour faire des mathématiques. C’est mission impossible... Et cela retombe finalement sur les enseignants et les élèves.



    • LE CHAT LE CHAT 11 octobre 2012 09:18

      Le bon enseignant, c’est celui qui fait des diagrammes, des progressions, remplit des fiches, monte des projets, se lance dans le tout-numérique, remplit des cases, fait des synthèses, des appels d’offres, fait remonter l’info, connaît les protocoles, obéit aux chefs...

      ça correspond complétement à ce qui se passe chez les cadres en entreprise , complétement déconnectés de la base , ils ne sont plus que des gestionnaires de budget et des bureaucrates statisticiens obsédés par des objectifs abscons ...


      • pergolese 11 octobre 2012 11:41

        On est dans le rituel en somme...


      • appoline appoline 12 octobre 2012 12:38

        On voit ce que cela donne aujourd’hui : apragmatisme


      • LE CHAT LE CHAT 11 octobre 2012 09:24

        Quant à l’enseignement des sciences, j’imagine que le thème n’a pas été abordé

        là , le truc , c’est de supprimer les cours et les remplacer par des expériences où des élèves de sixième sont censés tirer eux mêmes des conclusions avec une méthodologie
        d’étudiants scientifiques , c’est kafkaien !


        • ricoxy ricoxy 11 octobre 2012 12:08

          Le Livret personnel de compétences, ce sont en somme les hadiths de l’Éducation nationale ?


          • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:55

            Non, ce sont les entretiens d’embauche par anticipation de Ikea 2020.


          • Anaxandre Anaxandre 11 octobre 2012 13:08

             Comment le professeur peut-il lutter seul contre l’hydre « Déculturation » ? Comment lutter contre FaceBook et les SMS ? Contre les Black Eyed Peas et Lady Gaga ? Contre La France a un Incroyable Talent (!) et Secret Story ? Et contre la ringardisation accélérée et quasi achevée de toute vraie Culture ?

             Le tout favorisé par une idéologie suicidaire de destruction des hiérarchies à tous les niveaux, encore un des ravages de l’Égalitarisme forcené autant que mensonger et illusoire dominant : ainsi les « cultures » urbaines (on ne nous a heureusement pas encore trouvé d’équivalent rural) Hip-Hop en tête valent bien Debussy et Saint-Saëns destinés, comme tous les illustres grands représentants de notre Culture, à tomber dans les limbes de l’oubli.

             À la faveur encore d’une immigration sans précédant dont l’expansion territoriale va de pair avec une baisse vertigineuse du niveau d’instruction depuis quarante ans : seuls ceux dont l’esprit flotte dans les vapeurs éthérées de la négation du réel le contestent encore.

             Et à la faveur enfin d’une société dont les valeurs sont quasi uniquement marchandes. Quel bonheur pour les multinationales que cette jeunesse soit si dénuée de jugement, de discernement, de goût, de profondeur, bref, de Culture et d’Éducation.

             Quant l’État n’est plus rien qu’un ramassis de représentants de commerce et que le capital impose sa Loi et ses normes, on n’a bientôt plus de Citoyens mais des hordes éclatées dont le seul dénominateur commun est d’être de bons consommateurs à crédit décérébrés, ou comment remplir son vide par la surconsommation (certains commence d’ailleurs à remplir ce vide d’une autre manière : avec l’Islam par exemple - mais c’est un autre sujet...).


            • Anaxandre Anaxandre 11 octobre 2012 13:25

               (certains commencent, évidemment)

               J’ajoute que quand on ne note plus les élèves mais qu’on les évaluent avec de jolies couleurs afin, nous dit-on, de na pas les blesser (les « stigmatiser » ?...), on leur prépare à l’avance un avenir dans le nouveau monde hyper-concurrentiel bien douloureux...


            • Ardant 12 octobre 2012 20:24

              A la prochaine étape on les évaluera par des odeurs pour ne pas les stigmatiser.


            • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:59

              Franchement, la lecture de cet article vous rend nostalgique de hiérarchie ? Franchement ?


            • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 01:16

              @ Anaxandre

              Vous touchez à beaucoup de problèmes de fond dans votre post, et vous avez raison, mais il faut relativiser. La coexistence de cultures et d’intérêts différents n’est pas un mal, au contraire, si chacun s’épanouit dans son domaine sans détruire celui du voisin. La tolérance est de mise pour que nous puissions fonctionner avec harmonie dans notre société.

              Aimer écouter lady Gaga fait certainement du bien à ceux qui l’écoutent et l’apprécient. Personnellement je n’aime pas ses musiques (sauf exception) et ne suis pas attiré par ses frasques surtout depuis qu’elle a osé monter sur scène avec un habit entièrement créé avec de la peau de bœuf : des tranches de viande saignante qui ont servi de tissu à madame… Non, ça je ne peux pas l’admettre : on ne peut pas tuer un animal juste « pour s’amuser ».

              Pour l’égalitarisme forcené, vous avez raison. Interdire les devoirs à la maison et obliger les élèves à faire leurs devoirs en classe est présenté comme la solution idéale pour ne pas avantager les enfants des classes moyennes ou aisées. Cela revient à rabaisser le niveau de tous et ne sera pas bénéfique à la nation sur le long terme. Surtout que des différences existeront toujours après : par exemple certains enfants ont une chambre, d’autres pas, et la phase suivante serait de mettre tous les enfants dans la même situation en les regroupant dans des pouponnières dès leur naissance pour être certain que leurs familles n’interviennent pas de façon positive sur leur développement. On arrive à un collectivisme forcené en matière d’éducation, et c’est un vrai danger. C’est pourtant ce à quoi on aboutit logiquement si on veut interdire tout apport positif possible de la part de la famille ! Je ne peux pas être d’accord avec cela : si des parents arrivent à aider leurs enfants et leur apporter amour et présence, cela ne doit pas être remis en cause par la société. En fait, c’est la société qui doit tirer bénéfice de cela.

              Vous parlez ensuite avec raison d’une société dont les valeurs se réduisent à des valeurs marchandes où les citoyens sont considérés comme des « bêtes à consommation ». C’est vrai : trop mettre l’accent sur le commerce entraîne des dérives, même si on doit beaucoup au commerce et au développement qui en résulte. Mais cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix, et certainement pas en bradant l’aspect moral et désintéressé. La culture ne doit pas être systématiquement inféodée au commerce. Il y a des valeurs morales et humaines qui n’ont rien à voir avec l’argent, et heureusement beaucoup de nos concitoyens vivent avec ces valeurs et leur donnent corps. 

              En tout cas merci pour votre post qui, tout en étant selon moi excessif, présente des aspects importants sur lesquels il est bon de se pencher régulièrement.


            • Corinne Colas Corinne Colas 11 octobre 2012 13:58

              Bon article mais l’on vous sent désabusé...


              « Qui peut lutter contre ces sornettes ? Le jeu n’en vaut pas la chandelle : quand tout le monde danse, il vaut mieux danser tranquillement dans son coin. »

              Ce ne sont pas des sornettes. Si le livret de compétences peut paraître une lubie de bureaucrate qui s’ennuie... il n’en est rien cependant : 



               EXTRAIT 

              « mise en œuvre d’un fichage informatique d’une nature et d’une ampleur jamais imaginées : celui des compétences depuis la petite enfance et tout au long de la vie. Ces compétences déclinées en sous-compétences, définies par l’Etat comme des connaissances, des capacités et des attitudes [1], recueillies dans le Livret Personnel de Compétences, vont être attachées à l’identité des personnes par l’intermédiaire de leur matricule [2] et enregistrées dans d’énormes banques de données »

              De fait, nombreux sont ceux à penser qu’il est possible d’inventer une danse de résistance. Pour exemple :



              Et cela... parce qu’ils ont compris que ce sujet dépasse largement du cadre de l’école. En effet, ce livret n’est pas tombé du ciel tout à coup parce la France aime bien la paperasse ou a décidé d’améliorer le niveau scolaire de ses écoliers ou lycéens par un « meilleur » suivi (flicage) des profs.

              Les Français ont encore beaucoup de difficultés à appréhender un fait essentiel : au niveau national, on ne fait que mettre en musique ce qui a été décidé ailleurs. 

              En ce qui concerne le livret de compétences, c’est « juste » l’application d’une préconisation au niveau européen :

              On peut nous bassiner sur une « société fondée sur la connaissance », la finalité du projet est claire à propos des compétences requises :

              « garantissent davantage de souplesse de la main d’œuvre. La flexibilité de celle-ci lui permet de s’adapter plus rapidement à l’évolution constante du monde caractérisé par une plus grande interconnexion.

              Elles constituent également un facteur essentiel d’innovation, de productivité et de compétitivité, et contribuent à la motivation et à la satisfaction des travailleurs, ainsi qu’à la qualité du travail. »

              _____________________________


              Rappel de l’objectif dénoncé ici :

              http://www.fo-snudi.fr/IMG/pdf/ES_livret_scolaire.pdf

              « Ce LPC numérique, qui contiendra donc une multitude d’informations, notamment via les résultats aux évaluations nationales, permettra ainsi de « conserver » et de « suivre » les connaissances et les compétences de chaque élève tout au long de sa vie, et pourra être utilisé par n’importe quel employeur ! »

              __________________


              Bienvenue à Gattaca !


              • taktak 11 octobre 2012 22:29

                Votre commentaire me semble tout à fait pertinent.
                Il serait je crois naif de croire que la déstructuration de l’éducation nationale n’est que le fait de médiocres qui se trouve là du fait de l’incompétence des politiques.

                Il y a derrière tout cela un choix politique assumé de ne faire de l’école qu’une fabrique d’employés soumis, individualistes et dénués des connaissances suffisantes à leur permettre d’assurer la moindre émancipation politique.
                Qui plus est, la baisse du niveau permet la baisse des moyens et l’émergence d’une offre privée concurrentielle face à ce secteur qui pour l’instant échappe en grande partie à la loi du marché.
                Et l’union européenne est effectivement le lieu idéale -abritée qu’elle est des oreilles du peuples et sourde à ses protestations - pour impulser cette mutation inacceptable de l’école de la république.

                Par ailleurs, pour revenir sur ce que dit l’auteur s’agissant de l’attaque en règle contre les sciences, je crois qu’il faut mettre aussi cela en perspective de l’attaque en règle de l’enseignement technique : la classe dominante s’entend pour reconnaitre que ce qui relève de la technique doit être transmis par un patron dans le cadre de l’apprentissage....
                De toute façon, dans un pays qui se désindustrialise que ferait on de ces techniciens et de ces scientifiques. La classe dominante croit n’avoir besoin que de « manager » et de « commerciaux »....
                Au niveau de l’état, il suffit de voir le formidable désengagement de l’état dans la construction des règles de l’art : la libre concurrence de l’UE impose de mettre en œuvre des normes européennes absconses, bien souvent rédigées de la main même des industriels, alors même que cette libre concurence impose à l’état de ne plus faire quoi que ce soit (des infrastructures, du transport, du contrôle...) mais de faire faire à d’autre


              • Havoc Havoc 12 octobre 2012 21:17

                C’est sans doute vrai au niveau européen mais au niveau national, on n’a que des incompétents, des grenouilles aérophagiques et un système hiérarchisé autoritariste au sein duquel règnent la peur et la soumission. Rien de machiavélique là dedans, seulement du pathétique.


              • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 01:25

                @ Corinne Colas

                Merci pour toutes ces précisions indispensables. Bravo pour la résistance contre le LPC. Vous faites bien, aussi, de rappeler que toutes ces réformes se font pour « suivre nos voisins » et des directives européennes de gouvernance pour obtenir des futurs ouvriers compétents qui s’adapteront à ce qu’on leur dit de faire… Brrr : flexibilité, productivité, satisfaction du travailleur. Et tout le monde traité de la même façon, pour l’égalitarisme. 


              • non667 11 octobre 2012 14:37

                 à corine ,à dany
                les réformes ineptes de l’ E.N. ne doivent rien au hasard mais répondent à un plan concerté par les maîtres du monde et qui entendent le rester avec l’aide du progrès technologique (adopi......etc....) !
                ci dessous une réaction que je ressort /vérifie a chaque réformes de l’E.N.

                L’Histoire montre à quel point « l’ordre de la cité » peut passer par le « simple » endoctrinement des masses.

                l’école est un formidable outil d’endoctrinement , croire qu’un pouvoir en place (peillon ) va vouloir s’en passer est naïf .
                instruction publique = lire-écrire-compter
                éducation nationale = déposséder les parents de leur devoir/pouvoir d’éducation (morale ,religieuse ,sentimentale sexuelle )pour la confier à l’endoctrinement idéologique .(de droite ou de gauche , mais surtout pas de libre arbitre ) si bien qu’en 1968 cohn bendit à pu dire : il ne sert à rien de promouvoir/favoriser l’accès des fils d’ouvriers à l’université ils deviendrons les plus fidèles serviteurs du système capitaliste !!! (que lui en bon coco voulait abattre en France )

                sur les récurrentes réformes qui depuis 1965 vont toujours dans le même sens : sabotage
                celles à venir .

                c’est la notation pédagogique des profs par les chefs d’établissements  (qui ont déja la notation administrative qui compte pour 2/5 dans l’avancement ) . il est à noter que l’inspection peut être faite a l’initiative de l’inspecteur ,a la demande de l’intéressé ou du chef d’établissement . dans tout les cas l’inspecteur rencontre informellement le chef d’établissement avant l’intéressé ! si bien que l’on peut dire que la note est mise avant l’inspection ! alors pourquoi l’a confier officiellement au chef d’établissement  ??????????
                la seule explication plausible qui cadre avec toutes les autres réformes de l’ E.N. est que l’on la sabote (*) pour justifier la privatisation par l’autonomie des établissements et un recrutement /maintient des profs par le chef d’établissement (plus de recrutement par concours national anonyme mais recrutement à la carte politique ou piston ! )
                (*) = arrêt des notes....etc...


                • Havoc Havoc 12 octobre 2012 21:21

                  Il y a vraiment des gens qui font ce métier pour faire carrière ? Ils sont fous ?


                • lulupipistrelle 11 octobre 2012 15:54

                  Comment ne pas remarquer que le tout nouveau programme déstructurant de mathématiques qui vient d’être imposé, et qui sera changé sans doute tous les deux ou trois ans, est censé être déversé sur nos apprentis en appliquant tout un ensemble d’instructions fantaisistes concernant l’utilisation des technologies numériques, l’omniprésence de la calculatrice comme « oracle de vérité », et l’interdiction répétée de proposer un cours structuré sur une notion donnée à un moment donné, ce qui nous ferait évidemment retourner à l’époque maudite des cours magistraux.


                  Heureusement, on peut encore acheter des petits bouquins de bachotage, avec l’essentiel du cours, des conseils de méthode, de nombreux exercices et des problèmes types, tous les corrigés...et se passer d’aller au collège et même au lycée. 


                  • Corinne Colas Corinne Colas 11 octobre 2012 19:27

                    « instruction publique = lire-écrire-compter 
                    éducation nationale = déposséder les parents de leur devoir/pouvoir d’éducation » ...


                    Selon la formule de Barty de Fourtou en 1881 : l’enfant (..) « arraché au père pour le donner à la République ».... hier, c’était en partie pour créer (doux rêve ou cauchemar) un citoyen modèle

                    Aujourd’hui, c’est pour façonner un travailleur modèle. Pour ne pas paraître ringard, il est bon cependant de ne pas opposer « compétences » à « connaissances », « école » à « entreprise », « évaluation » à « enseignement »... Des profs assurément très modernes sont convaincus que tout cela est complémentaire, les plus extrémistes pensent d’ailleurs que c’est exactement la même chose. Beaucoup de parents angoissés les précèdent sur cette pente dangereuse car « il faut bien faire face à un environnement hyper concurrentiel, n’est-ce pas ! »... une phrase souvent entendue de la bouche même de ceux qui dénoncent par ailleurs cet état de fait.

                    Le livret scolaire et le livret personnel de compétences, sont à distinguer pourtant. 

                    Le LPC, c’est le retour du livret ouvrier par la grande porte, celle de l’école....
                    une nouvelle manière de se vendre qui dans le futur accompagnera la lettre de motivation et le curriculum vitae. 

                    Loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et à la formation tout au long de la vie : 
                    « Lorsque l’élève entre dans la vie active, il peut, s’il le souhaite, intégrer les éléments du livret de compétences au passeport orientation et formation prévu à l’article L. 6315-2 du code du Travail. »

                    Personne ne sera obligé bien sûr mais qui pourra se permettre de dire non quand tous les petits moutons bêlants seront fiers d’apporter les preuves de leurs « compétences » lors d’un entretien d’embauche. Exit celui qui réclamera le droit à l’oubli parce qu’il n’a pas su faire ses lacets à 5 ans, exit celui qui sera déclaré « antisocial » parce que lorsqu’il était au primaire ou au lycée... il n’a pas fait partie d’une asso de quartier vendant des biscuits au profit des vieux et des malades. 

                    Pour le moment, on s’en moque un peu (« quelles sornettes ») tant ce fatras nous paraît ridicule toutefois la démarche s’inscrit dans un cadre juridique (de coercition comme dirait Non666) qui déroule la formation (et non l’instruction) tout au long de la vie. Le livret scolaire, c’est à l’usage de l’école et de l’élève, le livret personnel de compétences, c’est à l’usage de l’Etat et de l’employeur, et sans droit à l’oubli. 

                    Concernant le cadre juridique, lire :

                    où l’explication de la maîtrise d’une compétence, vaut son pesant d’or... « bad robot » répondra le geek !!



                    Conclusion
                    Le livret de compétences, c’est un problème en deux volets. Le premier a été traité par Mara Goyet ds Le Monde et l’alarme a été reprise ici par Dany-Jacques Mercier. Extrait crucial : « l’inanité des items du livret de compétence (par exemple : « gestes quotidiens sans risquer de se faire mal ») et sur la dérive conséquente que toutes les innovations pédagogiques stériles font peser sur le travail du professeur quand celui-ci est tenu de renseigner et de noter à tout bout de champ dans une frénésie pathétique ». 

                    Je reviens donc sur une révolution et une alarme plus grave, c’est à dire le deuxième volet traité ailleurs : 

                    « Le fichage des compétences des citoyens tout au long de la vie, une réalité » de Mireille Charpy. (http://www.meirieu.com/FORUM/charpy_competences.pdf)

                    Extrait crucial : « traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé 
                     » livret personnel de compétences«  » : 

                    ces renseignements extrêmement sensibles, mais que l’Etat ne considère pas comme tels,  doivent être inscrits pour tous les jeunes dans des bases de données nominatives centralisées (..) qui comportent l’identité de l’élève, son numéro matricule, les établissements fréquentés, les options, les noms des enseignants, 7 compétences déclinées en 98 sous-compétences au collège avec leurs date de validation et le nom des enseignants, des attestations.
                    Au niveau primaire, sont évaluées 3 compétences déclinées en 46 sous-compétences au cycle 2 et 7 compétences déclinées en 98 sous-compétences au cycle 3

                    Ces « renseignements » font donc apparaître les connaissances, capacités et attitudes et par voie de conséquences les incompétences, incapacités, problèmes de comportements, difficultés, handicaps… »

                    et surtout :

                    « Le traçage dès la petite enfance

                    A l’heure où l’école doit enseigner au jeune la protection de ses données 
                    personnelles sur internet, 
                    elle est contrainte de lui apprendre à fournir un maximum de 
                    renseignements sur lui-même pour les inscrire dans un fichier, via internet, dont il n’a pas la 
                    maîtrise. Les méthodes employées par l’administration, refus de débat, menaces, sanctions envers 
                    les personnels qui dénoncent ce fichage ne font que renforcer le malaise. 
                    Les fichiers scolaires nominatifs informatisés et centralisés rompent d’un seul coup 
                    avec les principes déontologiques les plus élémentaires du métier d’enseignant : le respect 
                    de la confidentialité, la non stigmatisation des enfants, le droit à l’oubli, la séparation entre vie 
                    publique et vie privée, un livret scolaire en un exemplaire unique appartenant à l’enfant et à sa 
                    famille. 

                    Ces fichiers sont accessibles par la justice, la police et le fisc 
                    éloignant de ce fait des 
                    familles de l’école. Le numéro d’identification des élèves permet de rassembler un nombre 
                    considérable d’informations sur le jeune et sa famille. Les domiciles des bases élèves du primaire 
                    et du secondaire sont actuellement en cours de géo-référencement. Le jeune sera caractérisé par 
                    un réseau de compétences de toutes sortes dont on saisit bien le caractère privé, inquisiteur, 
                    générateur de gêne et de sentiments d’inégalité pour les jeunes

                    Ceci est d’autant plus inquiétant 
                    que ces dernières années le livret scolaire ne cesse de collecter toujours plus de renseignements 
                    et les transmet au collège, et que de nouvelles lois sont venues instaurer le partage de 
                    renseignements entre différentes administrations.
                    L’aspect national du livret de compétences est inquiétant du point de vue de la définition 
                    des compétences à acquérir et du point de vue des données recueillies sur les élèves, comme l’est 
                    le niveau européen du projet. 

                    Bien que le socle commun soit contestable, définir des savoirs, voire 
                    des savoir-faire nationalement n’est pas choquant en soi – s’il n’y a pas fichage –, mais définir des 
                    attitudes dans chaque discipline ainsi que des comportements sociaux, l’est éminemment. C’est 
                    comme si l’Etat pouvait définir un type d’homme idéal. »


                     Alors, disons les choses crûment  : jusqu’où irons-nous pour obtenir un boulot ? 


                    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 01:31

                      @ Corinne Colas

                      Merci pour ces précisions encore bien intéressantes ! Le danger d’un traçage est évident, même si pour l’instant on ne parle pas de regarder le LPC pour obtenir son BAC. Mais un document qui suit quelqu’un pendant si longtemps est un danger absolu qui empêchera ce « quelqu’un » de repartir d’un bon pied comme cela peut arriver. 


                    • drlapiano 12 octobre 2012 06:36

                      Toute l’E.N. est de gauche. L’administration centrale est de gauche ... la piétaille est de gauche. La gauche on le voit donc est incapable de gérer cette monstruosité qu’est l’E.N.

                      Or elle repousse systématiquement toutes le timides tentatives de changement venant de la droite ( quel ; horreur que de prononcer même ce mot !) d’ailleurs comment la droite pourrait-elle faire appliquer la moindre réforme avec une administration si massivement hostile.

                      - Eclatement du monstre en structures communales, départementales et régionnables.
                      - Desserement des quotas imposés à l’enseignement libre
                      - Autonomie de gestion des établissements
                      - Fin du fonctionnariat des personnels, contrat de droit privés systématiques
                      - Chèques éducation donnés aux familles
                      - Constitution d’entreprises d’éducation controlées par les parents, les collectivités locales les entreprises ...

                      Tout serait réglé par les méthodes habituelles de la gauche : violence et descente dans la rue.

                      Comment veut-on qu’une administration aussi colossale, gérée par des gens acceptant la violence comme mode de gouvernement, et étant persuadé être les dépositaires de la vertu, fonctionne ?


                      • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:51

                        Cette analyse purement idéologique et politicienne n’explique rien. Je suis d’extrême gauche et je ne vois aucun inconvénient à fermer le ministère et à confier la gestion de l’éducation et de l’instruction aux collectivités locales mais ça n’est pas une position idéologique, c’est du simple bon sens.

                        En finir avec le statut de fonctionnaire serait la pire des erreurs dans ce domaine de services. L’enseignant doit travailler dans une très grande indépendance et disponibilité d’esprit pour bien remplir sa tâche et surtout, il doit rester probe, ce qui n’est pas possible si on le transforme en lèche-botte.


                      • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 02:25

                        @ drlapiano

                        La gauche comme la droite a fait de mauvais choix en matière d’enseignement. Ce n’est pas une affaire de politique : il existe un consensus sur la gestion des flux scolaires et tout le monde y est responsable, parfois sans s’en rendre compte d’ailleurs.

                        Pour les sciences, cela a commencé vers 1983 avec la destruction de la série C sous prétexte que c’était une filière d’élite et que tous les parents voulaient que leurs enfants aillent en C ! Au lieu de conserver, en lycée, une section bien orientée sur les sciences, offrant un cours de qualité à des élèves qui désiraient se destiner aux métiers scientifiques, où l’on n’aurait accepté que les élèves qui avaient un niveau suffisant pour pouvoir suivre des cours de qualité, « on » a préféré laisser passer presque tout le monde, puis vider cette section de tout son « parfum scientifique » pour arriver à y fait un peu de tout, et, pour obtenir un franc succès au baccalauréat, on a joué sur les coefficients et les matières, et l’on a vidé les mathématiques et les sciences physiques de leur substance. Résultat des courses : un « bon élève » de troisième qui veut étudier les sciences se retrouve à travailler comme un fou un tas de matières non scientifiques et suivre un programme caduque en sciences destiné essentiellement à le faire attendre trois ans. Ce n’est qu’en entrant à la fac ou en intégrant une école post BAC que cet élève pourra commencer à travailler ce qu’il aime, s’il en a encore le cœur et n’a pas été dégoûté par les années d’attente précédentes. C’est du gaspillage !

                        Car quoi ? Avec la dernière réforme du lycée, et comme je l’écris dans mon livre [1] : « les horaires des matières scientifiques (mathématiques, sciences physiques & sciences de la vie et de la Terre) ne représentent plus que 35% des heures d’enseignement pour un élève d’une classe de première scientifique. Ce ratio était de 50% avant la réforme. » 

                        Pour la terminale S, 6 heures sur 10 sont encore accordées aux sciences, et j’ai pu écrire : « En terminale S en 2012, on s’aperçoit que les heures de culture générale et d’accompagnement personnalisé représentent 41,1% du temps global d’enseignement, le reste correspondant à des enseignements scientifiques. Le ratio reste donc à peu près le même que celui en 1983, et continue à accorder une part très importante aux enseignements de culture générale, soit deux heures sur cinq. »

                        Dans ce livre, j’ai donné un tableau où je compare les horaires hebdomadaires de mathématiques cumulés de la sixième à la terminale. J’obtiens 36h de maths en 1992 contre 31h de maths en 2012, et je peux conclure tout bêtement : 

                        « En vingt ans, tout se passe comme si on avait supprimé une année entière d’enseignement des mathématiques (soit cinq heures par semaine) prise sur les sept années du secondaire. »

                        Bref, la section scientifique n’est plus une section scientifique que par le nom qu’on lui donne.

                        Que l’on ne se méprenne pas : je ne suis pas pour une section scientifique portée aux nues et pour « rabaisser » d’autres orientations. Que non ! Les hommes sont différents, et tous n’auront pas ni l’envie ni les moyens de mener des études longues en sciences. Toutes les sections ont la même valeur : il faudrait une section littéraire typée réservée aux élèves qui ont les capacités, des sections économiques et sociales, des sections professionnelles, etc. pour le bénéfice et l’épanouissement de chaque élève. Chacun doit s’accomplir dans « sa » voie, et le lycée est là pour participer à cet accomplissement.

                        Je reviens sur votre post :

                        a)    - La droite n’a rien fait de bien nouveau après Jospin, elle a continué le travail d’Allègre en ce qui concerne les sciences au lycée, pour arriver à ce cataclysme.

                        b)    - Une éducation nationale centralisée est un gage de qualité car empêche déjà certains passe-droits.

                        c)    -  L’autonomie de gestion des établissements me semble dangereuse à cause des écarts qu’il y aurait entre ceux-ci. Il faut penser à tous les Français.

                        d)     - La fin du fonctionnariat des personnel serait une catastrophe car mettrait tous les personnels sous la botte des potentats locaux, et cela va plus vite qu’on le pense. Le fils de M. un tel, personne influente de telle ville, aura une très bonne note parce que l’établissement privé dans lequel il suit ses cours est dirigé par un ami de ce monsieur, et que les professeurs qui le suivent risquent de perdent leur boulot s’ils ne lui mettent pas de très bonnes notes. Par contre, le petit « Tartempion », on peut lui mettre des zéros, pas de problèmes… On ne peut pas être plus clair sur la nécessité d’avoir des enseignants indépendants des potentats locaux !

                        Bon, tout ça n’a rien à voir avec un quelconque clivage gauche-droite. D’ailleurs la droite à fait remonter le nombre d’élèves par classe de façon très inquiétante (30 à 35 élèves dans les classes de maths de première ou terminale S, c’était assez commun), et la gauche prévoit de recruter des enseignants pour les placer devant les élèves, pour acte. Mais cela aurait mal pu être autrement, à part en mettant une bonne partie des classes en autodiscipline et auto-formation. J

                         

                        //C:/Temp/aaa.docx#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1] Dany-Jack Mercier, Délires et tendances dans l’éducation nationale – Filières scientifiques en péril, éditions Publibook, 2012.

                         


                      • diverna diverna 13 octobre 2012 12:56

                        Je rebondis sur ces précisions pour en savoir plus ou avoir des pistes pour les textes concernant l’enseignement des maths. 

                        Exemple : à quel niveau un élève apprend-il sa première démonstration en maths ? La déduction logique à partir des prémices étant , à mon sens, le coeur de cet enseignement.

                        exemple 2 : j’ai entendu dire que le programme de maths sup serait modifié, certaines notions ne seront plus enseignées qu’en maths spé, sans doute à cause du « trop plein » entre lycée et prépa. Vous confirmez ?


                      • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 15:59

                        Bonjour diverna, voici ce que je peux vous répondre :

                        Au niveau des instructions concernant l’apprentissage des démonstrations, il n’y a pas eu beaucoup de changements. On affiche toujours qu’il s’agit d’un des objectifs de l’enseignement des mathématiques, bien heureusement. Le passage de l’observation des figures et de la démonstration instrumentée (donc en utilisant des instruments comme une équerre, une règle…) au raisonnement logique se fait toujours progressivement dès la classe de sixième (initiation : on commence à prendre conscience de la nécessité de faire un peu plus qu’observer et mesurer sur une figure ) ou de cinquième (on raisonne un peu plus, on se méfie des figures, etc.).

                        Un collègue de CPGE enseignant en maths sup m’a effectivement dit qu’il y aura des changements bientôt, pour mettre sans doute le programme un peu plus en conformité avec les exigences actuelles et les changements opérés au lycée , mais aussi pour repenser un premier semestre avec de la méthodologie (c’est à la mode) et le suivi personnalisé du genre tutorat, car on doit bien sentir que les nouveaux élèves auront des tas de lacunes comme on a de la peine à imaginer, compte tenu des horaires du lycée et des programmes et des instructions mis en œuvre. On ne peut pas accepter presque tout le monde en S sur un programme généraliste, et avoir ensuite des gars formés un minimum en « sciences dures » pour tout de suite enclencher à la fac ou en CPGE. Cela devient impossible : il faudra temporiser.


                      • eau-du-robinet eau-du-robinet 12 octobre 2012 06:42

                        — début de citation —
                        « Depuis quelques années, le ministère a trouvé la parade ultime pour gagner en efficacité et en finir une fois pour toutes avec l’indiscipline généralisée (des enseignants, des élèves, des parents, du réel). Il a traité l’école comme on le ferait d’un déchet nucléaire, en la coulant sous une chape de béton et en l’envoyant au fond des eaux.
                        — fin de citation —

                        Je me rappel il y environ vingt ans déjà du manque criant d’argent dans les universités (notamment des bâtiments vétustes), des chercheurs très sous payé comparé à leur collèges aux États Unis. La France été déjà confronté au problème de la fuite des cerveaux.

                        Notre pays est le perdant, ceci sur plusieurs décennies et sur deux tableaux :

                        1. C’est la France qui finance la formation des chercheurs (tout le cursus scolaire inclut) - Frais de(s) formation(s)imputé à l’Etat français !

                        2. Quand un chercheur ou une chercheuse part ensuite à l’étranger, un pays ou il est mieux payée qu’en France, c’est la France qui est de nouveau perdant, car les retombes des fruits de travail (recherche / innovation) incombent en général aux pays qui à accueillie ( qui à cueilli smiley ) le chercheur ou la chercheuse.

                        Je ne m’étonne plus que la France marche aussi sur la tête en ce qui concerne la négligence dans la préparation de ses jeunes citoyens, préparation devant aboutir à leur futur vie professionnelle.

                        Durant mon propre cursus scolaire et universitaire, en Allemagne, j’ai été confronte au problème de la surchargée, nombre d’élèves en classe très élevées. Nous étions une bonne trentaine d’élevés, et le professeur n’avait donc pas le temps, de s’occuper des « retardataires » créant ainsi une première forme de discrimination envers les enfants en général celles qui vivant avec des parents ayant des revenues modestes ! 
                        Liberté - Egalité - Fraternité ?

                        En France, il me semble, c’est souvent parreil (des classes surchargées)

                        Un autre problème qui me gêne en France ( c’est pareil en Allemagne) est le manque d’activités scolaires pour stimuler la créativité et la curiosité des enfants. Vous le devinez c’est toujours soit disant un problème d’argent nous dit ton .... mais peut-être aussi un manque de volonté ...

                        En négligent la « formation de qualité » des jeunes la France perd forcement en compétitivité avec les autres pays.

                        Voici un court extrait d’un article publié dans le journal lemonde :

                        — début de citation —
                        En trois ans, la France n’a pas amélioré ses performances scolaires, au contraire. L’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), menée par l’OCDE en 2006 et rendue publique, mardi 4 décembre, confirme le classement médiocre de la France, déjà pointée du doigt par l’organisation internationale dans ses précédentes études de 2000 et de 2003.

                        L’OCDE, qui teste près de 400 000 élèves de 15 ans scolarisés dans 57 pays, a choisi de se concentrer cette fois sur les sciences. Alors que les élèves finlandais caracolent une nouvelle fois en tête du classement, les Français plafonnent légèrement en dessous de la moyenne.
                        — fin de citation —

                        — Une autre citation source le parisien.fr —
                        L’OCDE vient de rendre les résultats de sa grande enquête internationale sur les performances de quelque 470 000 élèves de 65 pays.

                        Baptisée Pisa, cette étude quasi planétaire, menée tous les trois ans, évalue les élèves à 15 ans, en fin de scolarité obligatoire, sur leurs compétences - plus que sur leurs connaissances d’un quelconque programme - dans trois domaines : lecture-compréhension de l’écrit, maths et culture scientifique.

                        A travers les résultats des élèves, qui pour une fois, comptent assez peu en tant que tels, c’est de la performance des systèmes scolaires de chacun des pays participants, qui se trouvent ainsi comparés au niveau international, que l’on juge. D’où l’angoisse des gouvernements, qui ressentent invariablement comme une gifle de se retrouver dans le bas du tableau, quand des pays comme la Finlande ou la Corée caracolent en tête des plus performants, sans défaillir, depuis dix ans. La France elle, fait grise mine.

                        Si sa performance était une copie, elle s’ornerait une fois encore d’un « peut mieux faire. » Le hic, c’est que ça fait dix ans que ça dure.
                        — fin de citation

                        Quand vous écrivez :
                        — début de citation —
                        « Le professeur, dans cette perspective, ne doit plus se contenter d’enseigner. Il doit aussi, et surtout, renseigner. A tout bout de champ : cahier de textes, notes en lignes, validation des items. Le bon enseignant, c’est celui qui fait des diagrammes, des progressions, remplit des fiches, monte des projets, se lance dans le tout-numérique, remplit des cases, fait des synthèses, des appels d’offres, fait remonter l’info, connaît les protocoles, obéit aux chefs...

                        Il devient, avant tout, l’administrateur de son enseignement. L’air de rien, la bureaucratie que l’on croyait terrassée revient hanter le quotidien des professeurs sous la forme d’un contrôle a posteriori.
                        — fin de citation —

                        Trop de bureaucratie empêche le gens de travailler, se focaliser sur l’essentiel.... 

                        Mais bon la France est devenu un pays ultra bureaucratique ...
                        Quand on veut par exemple créer son entreprise vous êtes assaillie de formalités à remplir ... en plus il faut payer avant d’avoir gagne le premier centime d’Euro !

                        — début de citation —
                        Que nous est-il arrivé ?

                        D’ordinaire, quand les ministres tentaient de résoudre ou d’ignorer les problèmes scolaires les plus épineux, les établissements frémissaient, les voix s’élevaient, la réalité se cabrait. Depuis quelques années, le ministère a trouvé la parade ultime pour gagner en efficacité et en finir une fois pour toutes avec l’indiscipline généralisée (des enseignants, des élèves, des parents, du réel). Il a traité l’école comme on le ferait d’un déchet nucléaire, en la coulant sous une chape de béton et en l’envoyant au fond des eaux.

                        — fin de citation —

                        Alors il faut analyser cela de plus près.

                        Soit les divers ministre de l’éducation ont été tous incompétents, car c’est sure on peut faire beaucoup mieux...
                        soit on peut se demander légitiment s’ils ne font pas exprès de laisser tomber notre pays dans la ruine !

                        - Le chômage explose avec plus de 3 millions de chômeurs ...
                        - Les entreprises licencient en masse ou s’installent à l’étranger
                        - Notre industrie est tombé en ruine ( notamment avec la fermeture ressente des derniers haut fourneaux)

                        C’est le résultat (échec) de la gouvernance sur plusieurs décennies de gouvernance de l’UMP et du PS !!


                        • Ardant 12 octobre 2012 20:45

                          En résumé, si l’on additionne tout ce qui ne va pas en France (et que ça ne risque pas de s’améliorer) on peut facilement prédire que ce pays est en voie de décomposition générale.
                          Y en a qui attendent en embuscade et qui vont la ramasser à la pelle !


                        • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:48

                          Faut pas chercher midi à quatorze heures : non seulement les ministres sont nuls mais surtout, ils sont prétentieux. Un bon ministre commencerait déjà par se calmer en entrant dans cette écurie géante. Ensuite, il essaierait de faire tourner le moteur. au lieu de ça, ils sont tous persuadés de mériter un meilleur ministère (à part la Justice, c’est le ministère le moins coté de l’Etat).


                        • ZEN ZEN 12 octobre 2012 10:01

                          Bonjour
                          Merci pour cet article courageux et lucide
                          Un mal qui vient de loin...
                          Il faut relire Michéa

                          Les enseignants du terrain n’ont plus le temps de se battre ou de se poser des questions
                          C’est tout à fait ça pour la majorité et c’est grave


                          • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:43

                            Il ne faut pas injurier l’intelligence des enseignants. Ils ont très bien compris qu’ils ont à sauver les élèves des griffes de leur ministère et entre nous soit dit, ils n’en ont rien à péter de ce qu’en pense leur inspecteur.


                          • chantecler chantecler 12 octobre 2012 19:55

                            A repenser à toutes les stupidités du système éducatif depuis 30 ans ça donne le tournis .
                            Les bureaucrates du Min E. N ont voulu transformer les enseignants en technocrates pompeux .
                            Et il est vrai qu’ils ont tout fait pour délégitimer et court circuiter la parole des enseignants qui auraient pu leur faire de l’ombre et mettre à jour leur médiocrité .
                            J’ai connu des tentatives de livrets d’ évaluation à 400 items : tout était censé être repertorié .
                            Qu’en auraient fait les familles ?
                            Le plus rigolo c’est que les compétences laborieusement référencées ne veulent rien dire .
                            C’est pour ça qu’on a mis trois niveaux : acquis, non acquis et en voie d’acquisition .
                            Mais les enseignants , les éducateurs et le vulgus pecum savent parfaitement que rien n’est jamais acquis .
                            Telle opération , telle règle de grammaire , telle chronologie sue en mai ou juin par exemple est oubliée à la rentrée et ainsi de suite .

                            Pour répondre à un commentaire . Je doute que le système ait besoin de former des travailleurs très qualifiés en grande quantité .
                            Le travail disparaissant çe serait un handicap social de gens revendicatifs .
                            Par contre effectivement il a besoin de son lot de consommateurs parfaitement perméables à la pub, aux modes etc, etc ... Bref dénué de jugement d’esprit critique ...


                            • Havoc Havoc 12 octobre 2012 20:42

                              De toute façon, les parents ne lisent pas ce type de livret. Ils disent : « tu as eu tant de Acquis, tant de EnvoiedAcquisition et tant de NonAcquis, je veux tant d’Acquis et tant d’Envoie le trimestre prochain ».

                              Mais je peux vous dire que dans les bureaux des académies et des ministères, les mouches ont mal au cul !


                            • lloreen 13 octobre 2012 13:18

                              « Ils ont tout fait......médiocrité ».

                              Exactement.

                              Je connais très bien une dame professeur et suis donc bien renseignée sur les pratiques ubuesques qui ont cours dans cette institution.
                              A tel point que j’ ai décidé d’instruire moi-même mais enfants pour qu’ils ne pénètrent jamais dans ce cloaque clownesque.

                              J’espère que le bon sens des parents permettra à tous les enfants perdus dans ce labyrinthe d’en sortir très rapidement.

                              Mais pour ce faire, il faudrait qu’ils sortent eux-même déjà de leur condition d’esclave du système et je crois que je ne suis pas près de voir les prémices de cet évènement.


                            • lloreen 13 octobre 2012 13:18

                              pardon:mes enfants


                            • lloreen 13 octobre 2012 12:24

                              Le malaise de l’école reflète le malaise de la société.

                              Les parents ont été les anciens (bons ou mauvais...) élèves et le comportement n’évolue que très rarement.
                              Les « bons » élèves sont ceux qui ont une masse cérébrale très malléable et flexible...et on retrouve les anciens « bons » élèves exactement là où le système les attend : aux postes de contrôle.

                              Comment s’étonner dès lors, du malaise généralisé.

                              Dans ce système on ne « fabrique » pas des indvidus mais des clones et des robotoïdes.
                              Et ceux qui s’écartent de la voie sont impitoyablement jetés dans les fossés sans filet.


                              • diverna diverna 13 octobre 2012 12:43

                                L’auteur a eu la pudeur de ne pas signaler le livre qu’il vient de publier sur le sujet. Je souhaite un franc succès à ce livre et à son auteur qui a le mérite de monter au créneau quand beaucoup ont laissé faire.

                                « DELIRES & TENDANCES DANS L’EDUCATION NATIONALE »

                                Moi j’ai surtout des questions sur l’étendue des dégats. Les mathématiques enseignées comme science expérimentale, jusqu’à quel niveau ? On conçoit la linéarité comme pouvant faire l’objet de « TP » mais c’est déjà plus difficile avec la résolution des équations du second degré....


                                • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 octobre 2012 14:34

                                  @ diverna

                                  On peut présenter des activités de découverte pour toutes les notions imaginables, ce qui n’est pas un problème si l’on dispose de beaucoup de temps en classe. Les activités, TP sur machines ou pas, problèmes de toutes sortes, recherches et rédaction « font » les mathématiques, mais il ne faut pas que ce soit en sacrifiant trop la rigueur : il faut permettre de donner des définitions rigoureuses autant que possible à un niveau donné et compte tenu du public visé, et permettre de travailler à partir de ces définitions même s’ils elles sont parfois un peu théoriques, surtout si elles sont accessibles à des élèves du lycée qui choisiraient la vois scientifique moyennant une petite sélection à l’entrée.

                                  Ce n’est pas parce qu’on sait facilement simuler des jets de dés sur un tableur que l’on doive supprimer toute définition d’une « probabilité ».  

                                  Il faudrait continuer à enseigner des notions qui disparaissent pour être remplacées par des statistiques et de l’utilisation de machines. Ne plus savoir ce qu’est le produit vectoriel est dommageable pour nos jeunes scientifiques de terminale. Découvrir les vecteurs en seconde est une hérésie. Une collègue de terminale m’a dit hier que personne dans sa première S n’avait vu les vecteurs durant toute sa scolarité. Leur enseignant de seconde n’avait pas eu le temps de les aborder l’an passé, ce que l’on peut comprendre compte tenu des horaires dévolus aux maths, des méthodes prônées et du public disparate visé. Faire des TP sur ordinateur est chronophage, faire faire de l’algorithmique est chronophage, est difficile à enseigner et n’est pas spécialement passionnant pour les élèves. Certains élèves découvriront donc les vecteurs en première tout en écoutant leur professeur de sciences industrielles leur parler d’objets comme des « torseurs ». Pourtant le parallélogramme est étudié depuis la cinquième, en enseigner les vecteurs en collège ne posait pas de problèmes particuliers à ma connaissance, sauf à ceux qui n’avaient déjà pas le niveau à l’entrée en sixième et qui sont condamnés à pratiquer les mêmes programmes avec les mêmes horaires. C’est une notion qui se dessine facilement, à l’opposé des torseurs dont on peut « se passer » pendant toutes ses études de mathématiques à la fac, sauf spécialisation dans un domaine particulier.

                                  Que dire pour conclure ? Que je reste confiant dans la capacité de nos collègues de mathématiques à présenter les notions de la meilleure façon possible compte tenu des programmes et des horaires choisis, mais que ce n’est pas une raison de ne leur donner que de « missions impossibles ». Arrivera-t-on un jour à parler de l’enseignement des mathématiques de façon décomplexée ?


                                • lloreen 13 octobre 2012 13:24

                                  Nous avons à notre disposition tous les outils pour faire un excellent travail.

                                  J’ai eu un soupçon d’espoir lorsqu’il y a eu de nombreuses initiatives pour le télé-travail, qui a le mérite de considérer que l’être humain ne doit pas forcément végéter durant 42 ans dans un système concentrationnaire où il est sous la surveillance acariâtre de chefaillons, tant imbus de leur suffisance que cela en est une insulte à l’intelligence.

                                  Mais les contrôleurs veillent et ils sont impitoyables.Il est vrai qu’ils disposent de leur monnaie de singe.
                                  Et que trop nombreux sont encore ceux qui n’ont pas remarqué que même savants, ils sont encore restés à l’état simiesque pour faire perdurer ce système.


                                  • diverna diverna 14 octobre 2012 11:41

                                    En vrac, quelques réflexions et données complémentaires.

                                    J’ai 2 filles qui viennent de faire le cursus général. Elles avaient un bon niveau toutes les 2 (à 2 années d’écart - donc même période) - lycée en province pas très bien placé pour les résultats au BAC. 3 cas : Claire très bonne élève et surtout intéressée par les maths avait dans sa classe Wafa seulle autre élève à lui disputer la première place. Sonia, la soeur de Claire, avec la même prof de maths (2 ans derrière) avait des résultats presque meilleurs que sa soeur même si, moi, j’avais bien vu que la concentration et la rigueur était plutôt bien meilleures chez Claire (pour les maths - il y a plein d’autres filières etc...). Résultat maintenant que les 3 sont après le BAC. Claire a très bien réussi à Louis le grand en prépa et a intégré des la première année de concours à une bonne place. Wafa, qui avait un contexte familiale ne l’encourageant pas du tout à de fortes études a tout à fait « sombré » en restant en province ; il n’est pas acquis qu’elle obtienne une formation et un bon boulot. Sonia a eu du mal dans la meilleure prépa car elle manquait de vitesse pour rattrapper (surtout en maths). Elle a choisi la filière PC en spé, moins exigeante en maths (et retrouve le sourire !). 3 parcours et une impossibilité de prédire à la fin du lycée. Je trouve que cette situation demande réflexion.


                                    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 14 octobre 2012 13:51

                                      @ diverna

                                      La prédiction est un art effectivement difficile, voire impossible, car trop de paramètres entrent en jeu : caractère, mode de fonctionnement, curriculum, intérêts dans la vie, philosophie personnelle, parents, etc. Tout le monde ne peut pas supporter le choc que représente une formation en CPGE, et en plus à Louis le Grand où les places sont chères, on imagine l’effort d’adaptation que cela demande.

                                      Certains caractère arrivent à s’accommoder à la poursuite des études en maths sup, d’autres pas et ont intérêt à aller à l’université ou choisir une autre école, un endroit où ils pourront s’épanouir tout en préparant leur avenir et celui de notre société.

                                      Bravo pour votre première fille qui a su supporter et s’adapter dans une formation très difficile. Votre seconde fille a aussi bien réussi car il faut y arriver à passer en seconde année en CPGE. Pour moi, il est tout à fait « normal » de chuter en prépa vu la trop forte pression que subissent les

                                      L’important est de continuer à être motivé et de travailler dans le domaine que l’on a choisi pour y « exceller » autant qu’on le puisse, en restant équilibré et joyeux. Il est bien triste de voir une bonne élève au lycée ne pas continuer en post BAC dans une filière qui l’intéresse, et galérer sans but bien défini, et ce n’est pas une question de savoir si on reste en province ou pas, puisqu’on peut réussir en s’inscrivant dans une université de province ou dans une formation ad hoc. Cela fait peur et porte à la réflexion, c’est vrai…

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