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Accueil du site > Actualités > Société > Prôner la tolérance zéro, c’est crier avec les loups !

Prôner la tolérance zéro, c’est crier avec les loups !

La tolérance zéro dans les écoles , c’est crier avec les loups à moins que les « commentateurs » abandonnent la démagogie pour discuter et proposer des pistes de transformation

Prôner la tolérance zéro, c’est crier avec les loups !

Il vaut mieux participer à la construction d’une autre école

 Jean Paul Brighelli vient de rédiger un brûlot qui donne lieu à des réactions indignées de militants de l’enfance... Si je ne partage pas l’analyse du professeur écrivain et si je ne suis pas d’accord avec plusieurs de ces propositions, je considère que l’erreur consisterait à opposer encore une fois des « conservateurs  » et des prétendus « pédagogistes »

Effectivement Monsieur Brighelli ne fait pas dans la dentelle et prend beaucoup d’enseignants à rebrousse poils quand il écrit :

«  des petits morveux crânent en classe parce qu’ils savent que leurs parents interviendront  ? Interdisons à nouveau aux parents d’entrer dans les établissements scolaires. Fermons-leur les conseils de classe, de discipline et d’administration (franchement, en quoi y sont-ils compétents  ?). Après tout, les parents entrent-ils dans les hôpitaux pour suggérer aux médecins les soins que réclame leur progéniture  ? 

 »

Ce n’est pas un raidissement de l’institution tournée vers elle même qui permettra de restaurer un climat serein et apaisé. Il n’y a pas trop de parents à l’école mais pas assez. Il faut effectivement que des rencontres entre les professeurs puissent avoir lieu et qu’une continuité éducative émerge réellement...

D’autres pistes de réflexion et d’action proposées par l’auteur de ce texte paru dans Marianne méritent d’être prise en compte.

Ce ne sont pas des étudiants surmenés ou des grands frères qu’il faut recruter pour surveiller les collégiens ou lycéens mais de vrais adultes, peut-être des quinquagénaires mais surtout des personnels formés, titularisés et ayant un véritable métier...

Quand le gouvernement Jospin a créé des postes de médiateurs «  prévention violence  », il avait à la fois eu une excellente idée et à la fois commis des erreurs graves.

La bonne idée consista à créer des postes spécifiques et la mauvaise de réduire la « formation » à deux cents heures seulement !

Revenons en au texte de Jean -Paul Brighelli !

Il ne suffit pas de durcir le ton, de prôner la tolérance zéro pour trouver de réelles pistes de transformation contribuant à enrayer la violence scolaire insupportable.

Le prix à payer est lourd mais aucune résolution n’est possible si le problème n’est pas réfléchi.

Les établissements scolaires ont des dimensions inhumaines, les militants pédagogiques et beaucoup d’acteurs éducatifs ont crié au casse cou : oui il faut en venir à des établissements qui ne dépassent pas les 500 élèves, oui il faut former et recruter des enseignants au lieu de réduire leur nombre !

Le métier d’enseignant ne s’improvise pas, il se prépare dans une double maîtrise, celle de la discipline enseignée et celle de la pédagogie.

Dans leur ouvrage" L’élitisme républicain"Christian Baudelot et Roger Establet rappellent une idée simple :

"

....aucune amélioration ne pourra être durablement apportée tant que les ministres auront pour seule boussole une logique comptable de diminution des dépenses publiques, tant qu’ils laisseront le système se réguler de lui-même par la suppression de la carte scolaire, ce qui revient à accentuer encore les clivages ethniques et sociaux."

Des enseignants excédés par les violences réelles exercées contre eux ou contre des élèves, manifestent contre une irresponsabilité gouvernementale qui préfère manier le bâton au lieu de prendre les décisions qui s’imposent.

Aucune décision populiste ou simpliste ne pourra sortir le système scolaire de l’ornière où elle se trouve, il est temps que les syndicats, les mouvements pédagogiques et les intellectuels qui ont analysé l’incurie et les difficultés actuelles réfléchissent ensemble pour trouver des pistes de transformation.

Jean-François Chalot


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6 réactions à cet article    


  • projetX projetX 17 février 2010 14:17

    « Aucune décision populiste ou simpliste ne pourra sortir le système scolaire »


    Je ne vois pas en quoi la simplicité ou le peuple pose un probleme !
    Les décisions « intellectuelles et humanistes », on les connait, on les applique depuis des années, et elles ont données le resultat actuel à savoir : des enfants intouchables, des parents irresponsables, une hierarchie absente, une justice inefficace.

    il serait peut etre temps de retablir les exclusions définitives, le coup de pied au derriere, la mise en cause pénale des parents et de lourds travaux d’interets generaux pour les fauteurs de trouble sous la surveillance de militaires.

    Nul doute que ca serait plus efficaces que de reflechir à la « possible prise de conscience de cette jeunesse en mal de vivre »....

    • ddacoudre ddacoudre 17 février 2010 14:24

      bonjour chalot

      j’ai lu les ouvrages de brighelli pas le dernier.

      le pays est entré dans la maintenance d’une « violence sociale » durable qui ne va que s’accentuer.

      cela ne peu pas ne pas affecter l’enseignement puisque s’y regroupe des enfant qui la subissent dans leur environnement social. le pouvoir passe son temps a dénier cette violence là pour la ramener à des comportements individuels que l’on peut contenir a l’écart par les forces de police, pir à un moment il envisager de détecter la délinquance à la maternelle car effectivement elle est socialement transmissible.

      le meilleur moyen serait d’apporter une solution au chômage car c’est de son phénomène de dé socialisation que naissent les problème d’insécurité scolaire.

      ce n’est pas dans cette voie que nous allons bien au contraire, la réponse se trouve donc dans ce processus de policiarisation qui consiste à transformer nos vile en camp de concentration avec vigile sur les mirador et patrouille autour des barbelés. c’est cela qui va être proposé comme solution, la même que le corps enseignant à rejeté en 2004, mais compte tenu de la puissance syndicale cela pose problème alors le pouvoir est entrain de retourner l’opinion publique contre eux en relatant dans la presse tous les jours un fait problèmatiques, de sorte que ce soit par l’intermédiaire des parent d’élevés qu’entre la pression. ce sera merveilleux un ghetto comme symbole de liberté il ne faudra pas s’étonner qu’au cours d’une dissertation sur la liberté de trouver que c’est la prison qui en est la meilleure garantie.

      cordialement.


      • Markoff 17 février 2010 16:10

        Le problème de la violence « à l’école » traduit un problème beaucoup plus vaste, l’ école n’est que le reflet de la société dans laquelle on vit et qui a, peu à peu, perdu tous ses repères.
        Depuis les années 70, c’est un laxisme généralisé qui sévit dans les familles, dans les établissements scolaires, dans la société toute entière. Tout le monde a démissionné devant « l’enfant roi » sous l’impulsion d’une école de « psy » complètement déconnectés des réalités, à se demander s’ils avaient eux-mêmes des enfants.
        Augmenter les crédits, augmenter les personnels, c’est ne pas vouloir - ou pouvoir - traiter les problèmes à la source. C’est avaliser la défaite.
        Le chômage, la pauvreté, ça n’explique pas et ça n’excuse pas la violence. Il y a 60 ans, la misère existait, peut-être pire qu’aujourd’hui, et les écoles étaient calmes, jamais d’insultes aux profs, jamais d’incidents graves ( sinon quelques bagarres brèves, vites séparées et jamais au couteau ).

        Il faut revenir à des fondamentaux qui ont faits leurs preuves. Discipline stricte, enseignement du civisme et de la morale, punitions méritées. Ce n’est pas en culpabilisant les parents ou les enseignants parce qu’ ils donneraient, quand c’est mérité, une fessée ou une gifle qu’on y arrivera.
        Oui, il faut arriver à la tolérance zero. Ou alors ne pas se plaindre de ce qui arrive.


        • Mycroft 17 février 2010 17:30

          Arrêtez de raconter n’importe quoi, la criminalité était justement forte dans le passé.

          L’école était alors réservée a quelques un, dans les fait, même si la théorie était différente.

          Je pense personnellement qu’il faut, pour réduire les problèmes actuels, que ce soit en terme de violence ou d’inégalité scolaire, suivre un procédé qui marche assez bien dans les prépa : l’internat.

          Plonger irrémédiablement l’enfant dans la vie scolaire, en quasi permanence (sauf pendant les vacances). Ainsi, les enfants n’auront pas à faire face à des autorités qui se contredisent ce qui, au final, leur permet de n’en faire qu’à leur tête (et donc d’échapper aux sanctions méritées).

          Et sélectionner les élèves sur concours, non seulement après le bac, mais aussi avant : un certificat d’étude, un brevet et un bac réellement discriminants, pour permettre d’avoir des élèves de même niveau qui s’émulent intellectuellement les uns les autres.

          Maintenant, une telle réforme ne serait clairement pas donnée, parce qu’il n’est pas possible pour le corps enseignant, de gérer les gosses 24h/24h si on diminue les effectifs au lieu de les augmenter.


        • Markoff 17 février 2010 21:58

          Arrêtez de raconter n’importe quoi, la criminalité était justement forte dans le passé.

          Je ne raconte pas n’importe quoi,,je parle d’une époque que j’ai vécue.
          On ne parle pas de « criminalité » ici, mais de ce qui se passe dans certaines écoles, primaires, collèges et lycées. La criminalité, c’est autre chose. Ne mélangez pas tout !
          Et je confirme qu’il n’y avait pas d’insultes envers les instits et profs. Il y avait encore un respect naturel dû à une éducation qui, hélàs, a disparu dans beaucoup de familles.

          L’école était alors réservée a quelques un, dans les fait, même si la théorie était différente.
          Faux, l’école était obligatoire jusqu’au « certif », mais il y avait beaucoup d’élèves dans les collèges et lycées. Et c’est quoi la « théorie différente » ???
          Comme solution, vous préconisez l’internat pour tous ? C’est irréalisable pour plein de raisons. Mais même en internat, un voyou se comportera en voyou, le problème demeure.

          Et si les gens faisaient leur boulot d’éducation, les autorités ne se contrediraient pas.


        • french_car 17 février 2010 17:47

          Merci Mr Chalot, en tant qu’enseignant de grande expérience de ne pas avoir versé dans la caricature à la Brighelli.
          Pourtant il me semble que dans nos collèges il existe des « médiateurs » qui sont justement ces personnes expérimentées qui désamorcent les conflits.
          Et même souvent de bons CPE ont aussi cette capacité, même si dépendant directement de l’administration de l’établissement ils peuvent être considérés comme partiaux ou trop marqués « flic » par les élèves et « trop proches des élèves » par leur hiérarchie.
          La remarque de Brighelli est savoureuse :
          Après tout, les parents entrent-ils dans les hôpitaux pour suggérer aux médecins les soins que réclame leur progéniture  ?
          Mais oui Mr Brighelli ! Les parents ne suggèrent pas ce qui doit être prescrit mais ils orientent la prescription sur ce que l’enfant pourra supporter ou non, ils rassurent l’enfant en établissant une relation de confiance. Et le parent saura également orienter le diagnostic médical en attirant le médecin sur tel ou tel détail qui ne sera pas perceptible ou perçu pendant la consultation. Que ce monsieur aille visiter le service de pédiatrie de l’Institut Curie par exemple et il verra combien il se fourre le doigt dans l’oeil !
          Sinon je rigole quand je lis - dans les commentaires- que les instultes aux profs n’existaient pas il y a 60 ans et que les jeunes de maintenant blablabla. J’ai eu un instituteur qui avait commencé sa carrière en 1936 (!) et sa mère était elle-même institutrice. Elle l’avait mis en garde à l’époque : « quand j’ai commencé les élèves étaient polis bien élevés mais maintenant ils ne se tiennent plus sont insolents etc ... ». La dame avait sans-doute débuté entre 1910 et 1914 !
          Par contre il est vrai que la société étant de plus en plus violente on ne voit pas comment la violence ne pourrait pas augmenter partout y compris à l’intérieur des établissements scolaires.
          De plus la violence augmentant avec l’age, le fait de maintenir les ados dans le milieu scolaire de plus en plus tard a tendance également à faire augmenter le niveau de violence dans les établissements.
          C’est un constat, pas une solution.
          Toutes les pistes que vous suggérez sont à explorer.
          Je me demande ce que penserait votre ami Villach - plutôt du genre tenant du tout répressif - mais il ne vient jamais se commettre sous les articles des autres auteurs.

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