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Accueil du site > Actualités > Economie > Les paradoxes de la déflation

Les paradoxes de la déflation

C’est un immense paradoxe de la situation actuelle. Jamais les banques centrales n’ont mené des politiques monétaires aussi expansionnistes (la BCE restant la plus timide des grandes banques occidentales). Mais la déflation semble menacer. Pourquoi en sommes-nous arrivés là et quels sont les risques ?

Au bord de la déflation
 
C’est bien ce qui inquiètent un nombre grandissant d’économistes, et de médias, comme The Economist. C’est sans doute ce qui a poussé la BCE à baisser ses taux par surprise la semaine dernière. Les raisons de cette inquiétude sont simples : dans la zone euro, l’inflation est tombée à 0,7% en septembre, loin des 2% de l’objectif de la banque centrale. Aujourd’hui, il y a davantage d’inflation au Japon que dans la zone euro, signe que les temps ont changé. En outre, en Grèce, les prix baissent déjà et l’Italie et l’Espagne pourraient bien suivre du fait de leur effort pour restaurer leur compétitivité.
 
La déflation pose de gros problèmes (même s’il ne faut pas surestimer les maux de l’économie japonaise). Tout d’abord, elle complique grandement la politique monétaire en limitant l’efficacité de la baisse des taux nominaux, ce qui prive l’économie d’un de ses deux leviers d’action. Moins d’inflation, c’est aussi un poids plus important pour la dette. Enfin, la déflation, c’est aussi un poids pour la croissance puisque les acteurs économiques tendent à repousser leurs achats pour profiter de la baisse des prix. On n’a jamais vu une économie très dynamique à partir du moment où les prix baissent. Quelques économistes, Olivier Blanchard, du FMI, et Paul Krugman, plaident ouvertement pour plus d’inflation.
 
La situation n’est pas très brillante au Japon ou aux Etats-Unis, qui ont une inflation à peine supérieure à celle de la zone euro : 1% dans le pays du soleil levant, 1,2% outre-Atlantique. Pour les Japonais, il s’agit d’une grande réussite des Abenomics que d’avoir sorti le pays de la baisse structurelle des prix alors même que le contexte international n’est guère porteur. Cela s’explique par la baisse du yen et la politique monétaire ultra-accomodante menée depuis un an. Aux Etats-Unis, les effets de la politique de la Fed sont compensés par la baisse de la dette des acteurs privés et la baisse du déficit.
 
Causes et conséquences

C’est un point qu’oublie un peu trop Olivier Delamarche : les banques centrales peuvent faire tourner la planche à billets, si les acteurs privés réduisent leur endettement, les deux effets peuvent se compenser, ce qui explique la faiblesse actuelle de l’inflation, en contradiction avec les prévisions des opposants à l’assouplissement monétaire. Rien que dans la zone euro, le bilan des banques a baissé de 11,6% depuis 2008, soit 4000 milliards d’euros, plus d’un tiers du PIB de la zone. Du coup, la création monétaire de la BCE a été plus que compensée par une baisse de la masse monétaire privée !

Idem aux Etats-Unis et au Japon, où la création monétaire des banques centrales est en partie compensée par la baisse de l’endettement privé. Tout ceci explique que les torrents de liquidité n’aient pas créé, à date, de regain d’inflation. Mais les choses sont plus compliquées car une masse monétaire stable peut cacher une baisse des crédits à l’économie réelle et une augmentation des crédits pour la finance, ce qui semble être le cas aujourd’hui. D’où des entreprises souffrant d’un manque d’argent et une montée des marchés, nourris par une partie de cette création monétaire, sous la forme d’une bulle.
 
Parce que l’augmentation des dettes rend aujourd’hui insupportable la déflation, il est probable que les banques centrales vont agir vigoureusement pour l’éviter. Mais parce que le système financier est mal conçu, les crédits supplémentaires ne servent pas à financer l’économie, mais la spéculation.
 

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8 réactions à cet article    


  • Stof Stof 14 novembre 2013 13:06

    Il n’y a pas d’inflation parce qu’on ne comptabilise pas les actifs boursiers (ni l’immobilier)...

    Les marchés (= les riches) constituent un véritable aspirateur à monnaie. Mais leur fortune ne compte pas. Circulez, y’a rien à voir !


    • BarbeTorte BarbeTorte 14 novembre 2013 13:17

      Et çà vous étonne ?
      Depuis 30 ans, on mène une politique anti-inflation qui aboutit à ce beau résultat.
      Vous dites que les banques centrales n’ont jamais eu des politiques aussi expansionnistes. Je ne partage pas du tout cette analyse. Le fonds de la politique monétaire n’a qu’un seul but, du moins en Europe : limiter le taux d’inflation. Dès qu’il y a un semblant de reprise quelquepart, on assiste à une remontée des taux d’intérêts pour « limiter le risque d’inflation ».
      A croire que l’inflation est l’ennemi à abattre, en tous cas c’est ce qu’on nous serine depuis dès lustres. Et à chaque fois que quelqu’un ose soulever la question, on nous ressort les années 30 en Allemagne. C’est oublier que les 30 « glorieuses » ont connu un taux d’inflation grosso modo autour de 7 %.
      L’inflation est l’ennemi de l’actionnaire, elle est l’ami du salarié, surtout si celui-ci appartient au 90 % les moins riches de la population. Quand vous achetiez une maison en 1960, la proportion du revenu effectivement consacrée au remboursement de l’emprunt diminuait visiblement d’année en année, ce qui était propice à l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages.


      • spartacus spartacus 14 novembre 2013 16:30
        Article assez dramatique.
        Tout va mal, mais la voie choisie est la bonne. Et ça fait 70 ans que cette élite Enarchique nous sort ces fadaises !

        La situation n’est pas bonne au japon ??
        Comment se fesse ????
        N’ont ils pas essayé une politique d’endettement Keynésienne appelée « Abenomics »...
        Et l’auteur conclu que c’est « formidable ».....Ubuesque ! 

        Une relance par l’endettement et la création monétaire ??? qui ne relance pas l’activité ??? Comme c’est étonnant ?

        Par contre les contribuables japonais devront régler une dette qui représente désormais plus d’un million de milliards de yens. 1 000 000 000 000 000 yens. 245% du PIB japonais. Un endettement sur un siècle...Une destruction de masse du futur économique du japon...
         
        Vive les Keynésiens vive la vie sur les générations suivantes !!!! 

        Toutes la formation économique Française est faite sur l’instruction Keynésienne et iniquement celle ci. 
        Ils croient tous que l’état est le moteur économique. Tous Tous Tous. Ils sont bornés et ne comprennent pas que le moteur économique c’est l’individu. 
        En plus c’est écrit dans les livres économiques de l’école autrichienne ou de Chicago. Prouvé, démontré par les exemples précédents.

        Tellement plus simple de créer de la monnaie de singe pour faire plaisir aux groupes de pression que de gérer en bon père de famille. 

        Et tous les partis politiques sont aussi nuls et Keynésiens ! Plus il y a d’Enarques et Science Po a la tête, plus c’est borné.

        La crise est une crise de politiciens qui pour se faire élire dépensent l’argent des générations suivantes pour se faire élire au présent. En France comme au japon. 

        • millesime 14 novembre 2013 20:39

          selon la BRI il s’échangeait il y a seulement deux ans de l’ordre de 4 000 milliards de dollars au quotidien sur le marché monétaire, il s’y échange à présent de l’ordre de 5 300 milliards de dollars au quotidien, et sur cette masse colossale 20% sert aux échanges de biens (produits) et services entre Etats et entreprises, le reste soit 80% ....va sur les marchés dérivés c’est-à-dire la spéculation...de sorte qu’il n’y a aucune illusion à se faire quant à une reprise économique... !

          http://millesime.over-blog.com


          • BA 14 novembre 2013 20:45

            François Morin est agrégé, puis docteur d’Etat en sciences économiques. Il est professeur émérite de sciences économiques à l’université Toulouse 1.

             

            Il a été membre du Conseil général de la Banque de France, consultant international auprès de l’Organisation des Nations Unies, censeur de l’Institut régional du développement industriel, membre du Comité national des universités, administrateur d’Aérospatiale, membre du Conseil d’Analyse Economique.

             

            Le 6 septembre 2006, il avait publié un livre qui annonçait la crise des subprime : « Le nouveau mur de l’argent ; essai sur la finance globalisée ». Mais en septembre 2006, tout le monde s’en foutait. La presse n’en avait pas parlé.

             

            Sept ans plus tard, le 3 octobre 2013, il publie un livre qui annonce un énorme cataclysme financier : « La grande saignée ; contre le cataclysme financier à venir ».

             

            Dans ce livre, il écrit que les défauts de paiement des Etats européens vont provoquer la faillite des sociétés d’assurance et la faillite des banques européennes.

             

            Mais là encore, tout le monde s’en fout.

             

            François Morin : « Je pense que cette crise sera épouvantable. Elle va tout déstabiliser, avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer. Il peut en sortir Roosevelt ou Hitler. C’est pour cela que mon dernier livre appelle à lutter « contre le cataclysme financier à venir ». Dans cet univers dévasté, la nationalisation des banques sera le seul trait de lumière et permettra d’effacer une grande partie des dettes. Et, entre autres, d’envisager sérieusement le financement à long terme de la transition énergétique. »

             

            http://www.marianne.net/La-crise-qui-vient-sera-epouvantable_a233567.html



            • ddacoudre ddacoudre 14 novembre 2013 21:04

              bonjour laurent

              une bonne analyse qui améliorera certainement les comptes de la nation, mais développera l’accroissement de la fracture sociale, car cela annulera toutes tentatives d’investissements productifs qui ne compassera pas ceux qui se dirigent vers la spéculation financière.ddacoudre.over-blog.com
              cordialement.


              • claude-michel claude-michel 15 novembre 2013 07:48

                Donc..les problèmes du monde sont la monnaie..l’argent..le flouze..le pèze..qui circule dans les marchés à longueur d’année..qui fait que ça monte ou ça dégringole..ça vous ruine ou ça vous apporte la fortune.. ?

                Les « BOURSES » déglingue les économies..et vident les portes monnaies plus vite que l’éclair...On joue sur tout..même les aliments..et comme les banques sont des ogres qui en veulent toujours plus..elles jouent (avec l’argent des particuliers) sur les marchés et achètent des actifs pourris pour des milliards de dollars....Mais un jour ça craque et il faut aider ces banques avec l’argent des peuples bien sur pour éviter l’implosion... ?
                Personne ne trouve à redire...et allonge sa part sans broncher... !
                L’humanité est donc assez stupide pour gober n’importe quoi.. ?

                • Captain Marlo Fifi Brind_acier 15 novembre 2013 08:54

                  Ils ne savent plus quoi faire, tout ce qu’ils essayent échoue :

                  « Zone euro, la crise acte III »

                  Ils devraient, au lieu d’utiliser la méthode Coué, reconnaître l’échec de l’ UE et de l’euro.

                  « Une situation dégradée...mais des solutions existent » par Jacques Sapir

                  Sortir de l’ UE, revenir aux monnaies nationales, dévaluer de 25%, comme l’explique Sapir, l’essentiel de nos problèmes seraient résolus.

                  C’est aussi ce qu’expliquent Olivier Berruyer, et Philippe Murer dans cette table ronde sur l’euro

                  « Y-a-t-il une vie dans l’euro ? Et une vie après l’euro ? »

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