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Accueil du site > Tribune Libre > Le difficile choix des égyptiens

Le difficile choix des égyptiens

Il faut croire que beaucoup de peuples dits "arabo-musulmans" ne sont pas mûrs pour la démocratie ! Ils sont réduits à choisir entre une dictature militaire et une dictature religieuse. Les égyptiens ont choisi le moindre mal après avoir vu à l'oeuvre les frères musulmans !

Le résultat des élections présidentielles, était attendu ... et les méthodes d'y parvenir aussi, puisque le nouveau président a récolté 96 % des voix !

Dommage pour nos amis égyptiens que les choses se soient passées de la sorte !!

Mais devant la catastrophe qui ramenait le pays à des siècles en arrière et devant l'islamisation de la société et la progression du wahhabisme qu'imposaient les frères musulmans arrivés au pouvoir, qui en voudrait à un militaire d'avoir voulu mettre un terme à cette régression ?

Si les égyptiens ont dû choisir entre la peste et le choléra, acceptant qu'un militaire couronne leur révolution, c'est que celle-ci leur a été volée par les pétromonarques et plus particulièrement par celui du Qatar qui a joué un grand rôle agressif pour imposer les frères musulmans, ses protégés en les finançant et leur faisant une propagande inégalée grâce à sa chaîne de télévision Al JAZEERA.

D'ailleurs à voir les résultats des élections présidentielles d'Egypte commentés par Al-ARABIA, TV des Ibn Saoud et par Al-JAZEERA, TV de l'émir du Qatar ; on ne peut que constater "la jubilation" des journalistes de la première et l'amertume, voir l'aigreur de ceux de la seconde !

L'une et l'autre invoquant les règles démocratiques et les droits de l'homme, respectés pour la première, bafoués pour la seconde ... alors que les deux sont les portes-paroles de deux régimes monarchiques absolus, ne pratiquant ni la démocratie et ne respectant pas les droits de l'homme ! Grotesque mais rageant de voir les pétro monarques donneurs de leçons !!

Le comble est que Al Sissi rejetait violemment l'islamisme des frères musulmans mais semble admettre celui du parti Nour qui lui apporte son soutien ... alors que ce parti est né du néant par la magie des pétrodollars des Ibn Saoud pour contrer Morsi, le poulain de leur frère ennemi, l'émir du Qatar.

Mais a-t-il le choix, lui que les Ibn Saoud soutiennent et auquel ils promettent de lui accorder une aide financière, triple de celle des EU, qu'Obama menaçait de suspendre ? En échange de quoi, ils exigent de lui de neutraliser, voir d'exterminer les Frères musulmans devenus trop dangereux pour eux. 

Al Sissi avait-il le choix, alors l'Occident et les UE en tête en tête soutiennent les frères musulmans ? Et les égyptiens avaient-ils le choix ??

Et voilà comment Al Sissi se retrouve piégé : car s'il a combattu les Frères musulmans de peur du wahhabisme qu'ils veulent diffuser dans la société égyptienne, il n'échappera pas pour autant à celui des Ibn Saoud qui prendront le relais pour diffuser le leur : poison pur jus, pur et dur, puisqu'ils sont les détenteurs officiels de cette doctrine.

Si l'Egypte a réchappé à la catastrophe, il est certain que la révolution des égyptiens a le goût amer ... celui d'une révolution inachevée par la faute des bédouins d'Arabie qui se sont invités dans "le printemps arabe" pour avorter toutes les révoltes dans les Républiques et toutes les révolutions, de peur de la contagion qui leur coûterai leur trône !

On ne peut que dire patience aux égyptiens : s'ils ont échappé au cauchemar islamiste, il leur reste encore à refaire une autre révolution pour parachever la première, au cas où Al Sissi tomberait dans les mêmes travers des deux tyrans qu'ils ont dégagés : Moubarak & Morsi ! 

 

Il faut aussi constater que le peuple égyptien, tenu depuis des siècles dans l'ignorance par des régimes corrompus, n'était pas suffisamment éclairé pour faire un choix sage. Il était sûr qu'il tomberait soit sur la dictature des Frères musulmans la pire à tous égard, soit sous celle des militaires.

Tant que l'instruction ne se développera pas largement en Egypte (et il y a beaucoup à faire !), on ne doit pas s'attendre à autre chose. 

 

Al Sissi sera-t-il assez patriote pour s'associer à la société civile pour développer son peuple et l'instruire pour le soustraire à l'obscurantisme wahhabi qui le menace ? 

On ne peut que l’espérer, sans grandes illusions.

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5 réactions à cet article    


  • colere48 colere48 3 juin 2014 10:04

    Arrêtons de stigmatiser la pseudo incapacité des populations arabo-musulmanes de vivre en « démocratie ».
    Posons nous la question, sommes nous nous même en occident en démocratie ?
    ma réponse et NON, nous sommes sous l’emprise de l’argent et des « lobbies » eux même majoritairement sous contrôle « étasuniens » !
    AUCUNE différence avec ce qui se passe ailleurs et notamment dans les pays arabo-musulmans !! 


    • L'enfoiré L’enfoiré 3 juin 2014 14:03

      Je crois, Colere, que vous devriez aller voir sur place pour découvrir les différences.

       smiley


    • sirocco sirocco 3 juin 2014 13:18

      Al Sissi est un homme de main mis en place (dans l’extrême violence) par les USA, à la demande d’Israël qui ne voulait pas d’un gouvernement pro-palestinien à sa frontière sud-ouest.
      Les pauvres Egyptiens ont été privés de leur révolution pourtant chèrement payée dans le sang. Ils se retrouvent aujourd’hui sous un régime répressif pire encore que celui de Moubarak dont ils ont voulu se débarrasser, mais qui enchante Israël. Pour eux, tout reste à faire...


      • L'enfoiré L’enfoiré 3 juin 2014 13:56

        L’Egypte est une preuve évidente que de tenir séparé la religion de l’Etat.

        La religion se déroule dans l’intimisme.
        L’Etat se doit de tenir les meilleures relations avec les autres.
        Quand le tourisme est une partie importante du PIB, croire que l’on peut s’en foutre, fait courir le pays à la catastrophe.
        L’Egypte, un pays merveilleux qui pouvait compter sur son patrimoine, est réduit à sa plus simple expression, dans ce cas. 

        • Mugiwara 3 juin 2014 14:48

          j’ai lu de la part de ce nigaud de président égyptien qu’il n’y aura pas de démocratie avant un bon moment. or tout le problème est justement que la démocratie n’attend pas dans la mesure où chaque moment compte. il est important que les égyptiens puissent apprendre à vivre dans une démocratie, qu’ils puissent vivre peu à peu avec. la démocratie, ça s’apprend sur plusieurs générations.

          pour ici, en raison des mauvais résultats de hollande-valls-Ayrault sur le front de l’emploi, il serait judicieux qu’une loi permettre de prendre en compte une pétition pour destituer le président. le seuil de 15 millions de signatures serait adéquat. bien entendu, ces signatures durent tout le temps d’un mandat présidentiel et peuvent être retirées par les signataires. ça serait un très bon indice de popularité. 

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