Par lefigaro.fr
Mis à jour le 25/03/2012 à 19:35
| publié le 25/03/2012 à 19:17
L’homme de 29 ans est mis en examen pour complicité d’assassinats,
vol en réunion et association de malfaiteurs en vue de la préparation
d’acte de terrorisme. Des « indices graves » pèsent sur lui.
« Des indices graves ou concordants » pèsent contre Abdelkader Merah, a révélé dimanche le parquet de Paris. Le frère aîné du tueur de Toulouse
a été mis en examen dimanche soir pour « complicité d’assassinats »,
« association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de
terrorisme » et « vol en réunion » du scooter qui a servi à Mohamed Merah pour l’exécution de ses crimes. Quelques heures auparavant, la justice avait ouvert à son encontre une information judiciaire.
Photo non datée.Crédits photo : HO/AFP
Interpellé
mercredi avec son épouse à leur domicile d’Auterive, à 40 kilomètres au
sud de Toulouse, Abdelkader Merah été placé en détention au terme de
ses quatre jours de garde à vue au siège de la Sous-direction
antiterroriste (SDAT), à Levallois-Perret. Le lieu de sa détention est
pour l’heure inconnue.
Lors de ses auditions l’homme de 29 ans
s’est dit « fier » des actes de son cadet, qui a abattu sept personnes,
dont trois enfants. Le frère aîné du « tueur au scooter » a reconnu avoir
accompagné son cadet chez un concessionnaire Yamaha où ce dernier
s’était rendu le 6 mars pour demander en vain comment désactiver le
système de géolocalisation du deux-roues. Il était également présent au
moment du vol du T-Max dont s’est servi Mohamed Merah pour commettre ses
crimes. Abdelkader Merah a également fait, pour le compte de son frère,
des achats, dont il reste à déterminer la nature. L’homme a en revanche
nié avoir été au courant des projets de son cadet.
Et pas Squarcini ? La thèse de Morice a vraiment du plomb dans l’aile ...
INTERVIEW
- Rencontré vendredi à Toulouse, Jérémy*, un ancien compagnon de
cellule de Mohamed Merah, est, lui aussi, sous le choc de ces trois
attentats.
Aujourd’hui sorti de prison, Jérémy, condamné
pour braquage, accepte de raconter au JDD son séjour de quelques mois
en prison avec Merah. Selon le jeune homme, ce dernier a basculé dans
l’islamisme radical sous l’influence de son frère Abdelkader.
Comment avez-vous connu Mohamed Merah ? J’étais incarcéré au
centre de détention de Saint-Sulpice, dans le Tarn, quand il est arrivé
en 2009. Nous nous sommes retrouvés dans la même cellule. Il venait de
faire une tentative de suicide à la prison de Seysses. Mais on n’en a
jamais parlé ensemble. Il supportait très mal l’incarcération.
Comment se comportait-il ? Au départ, c’était un garçon très
sociable. Il rendait service à tout le monde, il venait facilement jouer
au foot avec nous, il servait le thé. Il adorait les voitures et les
motos. Il sautait toujours sur le moindre journal automobile. Il avait
mis des photos de bagnoles sur le mur de la cellule. Des filles lui
écrivaient. Il avait les cheveux longs et une sorte de bandeau. Il se
faisait chambrer. C’était un mec tranquille, joyeux et pas méchant. Mais
il a changé d’attitude au bout d’un mois. Il s’est peu à peu renfermé.
Que s’est-il passé ? Son frère est venu le voir régulièrement
avec sa mère. Il lui a fait passer un tapis de prières et une djellaba,
qu’il mettait parfois sous son jean. Et puis surtout il lui a donné un
CD avec des chants islamiques, des bruits de détonations. Il écoutait ça
à fond, du matin au soir. Je ne comprenais pas l’arabe, mais selon un
copain maghrébin de la prison, ça parlait de personnes égorgées, des
âmes corrompues qui iraient en enfer. C’était insupportable. En plus, il
s’est mis à faire plusieurs prières. Il se levait même dans la nuit. Ça
m’a gonflé. Au bout de quelque temps, je lui ai dit d’aller dans une
autre cellule.
Comment expliquez-vous ce revirement ? Quand son frère venait
au parloir, il baissait la tête et l’écoutait. Mohamed parlait de son
frère comme de quelqu’un d’important. C’est lui qui a pris les commandes
de la famille. La mère et la soeur n’avaient pas voix au chapitre. Pour
moi, c’est lui qui a conditionné Mohamed. Pour moi, il est
difficilement imaginable qu’il n’ait rien à voir dans tous ces
massacres.
* Le prénom a été changé à la demande de l’intéressé.
Sans doute, encore pour Morice, un agent de la DCRI