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Commentaire de Jean-Philippe Immarigeon

sur National-Capitalisme : l'idéologie dévoilée de Nicolas Sarkozy


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Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 2 mai 2007 13:42

Le titre n’est effectivement pas très judicieux (mais comment trouver un bon titre ?), d’autant que ce que nous propose Sarkozy est quelque chose de très ancien et de très connu : le libéralisme autoritaire expérimenté une première fois en 1775 avec la libéralisation brutale du prix du pain, qui se termina tragiquement. Il est symptomatique que les propos à cette date de Turgot et surtout de Condorcet, qui poussait son ami à une répression encore bien plus violente, et surtout à ne pas céder face à la rue, se retrouvent exactement dans les mêmes termes dans les déclarations des économistes proches de Sarko (lui-même se réservant les saillies sur l’esprit de jouissance et le refus de l’effort directement copiées du discours de Philippe Pétain du 20 juin 1940).

http://coriolan.blog.fr/2007/04/09/les_pendus_de_turgot 2059792

Tocqueville dénonça le despotisme économique de manière extrêmement virulente dans deux chapitres de « L’ancien régime et la Révolution », et il précise qu’il y voyait les prémices des « funestes théories »communistes, bien plus que dans Rousseau et la Convention nationale. Car le problème reste que ce « libéralisme » devrait être qualifié « d’économisme », car il n’a strictement rien à voir avec le libéralisme politique, précisément parce que l’Etat y joue non seulement un rôle policier et répressif (voir Foucault) mais parce que, même en matière économique, il est interventionniste, et ce pour une raison très simple : l’ultra-libéralisme est invivable sans un Etat fort non seulement pour le préserver des aléas démocratiques (l’économie ne souffre pas l’incertitude), mais pour le sauver, aux frais du contribuable, lorsqu’il explose en vol. Immobilier US, banques japonaises, Enron, et chez nous Crédit Lyonnais, Alsthom, demain sans doute EADS... à chaque fois les dirigeants s’en sortent (sauf Enron) après avoir empoché leurs stocks options, leur golden parachute et leurs retraites de maréchaux vaincus et capitulards (Forgeard) et c’est le contribuable qui est un peu plus sollicité pour boucher un trou qu’il n’a pas creusé.

Ce système est donc non seulement immoral, il est totalement obscène. Et, d’Arlette Laguiller à Jacques Chirac en passant par nos deux derniers papes, tout le monde est bien d’accord là-dessus. Le grand mystère est qu’il ne soit pas encore mis à bas... Mais avec l’élection probable de Sarko, on peut s’attendre à une nouvelle Guerre des farines. Et après 1775 vint... ?


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