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Commentaire de Raphaël Louvradoux

sur La révolution des fonctionnaires


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Raphaël Louvradoux 30 mai 2007 18:45

Tout d’abord, pour ce qui est de l’inefficacité globale, on ne peut que se rendre à l’évidence : je l’ai constatée à de nombreuses reprises, et ce dans plusieurs catégories de la fonction publique. Ce qui m’ammène à préciser que la « fonction publique » peut être une expression dangereusement fourre-tout du fait de la multiplicité des métiers et des status qu’elle renferme : la simplification abusive guette.

Or, il me semble que brandir l’inefficacité comme seul raison, pourfendant au passage les manques de moyens et d’effectifs, est un vice de raisonnement. Une augmentation globale des effectifs, sans aucun détail, c’est du mensonge par omission : j’ai effectivement vu plus de policiers et CRS dans la rue, mais pas plus, voire moins de personnels hospitalier et enseignant, qui manquent, eux, cruellement et ce depuis des années.

Un point sur les syndicats. Certes, là, rien à redire, on a un problème général en France, de sous-syndicalisation et de non-représentativité, allié à des syndicalistes vivant souvent dans une bulle faite de luttes de principe. Ça bloque beaucoup de choses, mais j’espère que ça n’éclipse pas trop ceux qui font vraiment et bien leur boulot de protecteur des droits des salariés.

Deuxième vice de raisonnement, toujours selon moi, dire que les présidents d’université souhaitent ladite réforme n’est en rien un argument concluant. Une personne par université, en terme de représentativité des opinions, c’est peu. et de surcroît, ça n’est pas non plus très objectif, de donner le voeu de ceux qui vont en bénéficier personnellement, par le biais d’un accroissement de pouvoir. Ce que je vois, en tant qu’étudiant, c’est que la fac est une vaste jungle qui manque à la fois de rationalisation de son fonctionnement administratif (aucune communication entre les services, ni entre les services et les étudiants ou les profs, horaires d’ouverture du secrétariat abérrants), mais également d’effectif (2 secrétaires pour plus d’un millier d’étudiants). Là est le gros du problème. en ce qui concerne à proprement parler de l’autonomie des universités, je pense pour ma part, surtout au niveau des diplômes, qu’il faut un cadrage national strict nuancé par quelques spécificités locales valorisantes, et non pas l’inverse. Et plus généralement, trop d’autonomie ce serait creuser un fossé immense entre les facs les plus riches et les plus pauvres.

Une expression me trouble : la « pensée unique ». J’ai dit plus haut mon sentiment à l’égard des syndicats, mais là c’est différent : c’est du vocabulaire de nature propagandesque, flou et caricatural au possible. Et dernièrement, un des thèmes récurrents, vaseux et bassement réthorique de l’ex-candidat Sarkozy. Mon avis est que ça n’a rien à faire dans un article. De même, associer l’expression « acquis sociaux », entourée de guillemets méprisants (c’est ainsi que je l’ai ressenti) à de vulgaires privilèges, c’est déchirer de nombreuses pages du livre de l’Histoire.

Sur la reconnaissance et les abus. Si il est évidemment vrai que la première est inexistante, et que c’st fondamentalement inacceptable, les seconds sont le fait d’une minorité, que l’on retrouve absolument partout, c’est le pourcentage d’individus incompétents ou pas à leur place qui existe dans l’espèce humaine, en schématisant énormément. Pour en revenir au sérieux, la conséquence est qu’une surveillance serait d’abord impossible, inefficace et malsaine.

Sur les salaires, conséquence de l’absence de reconnaissance, c’est ici qu’on touche l’un des points les plus ahurissants. Non seulement figés sur la durée d’une « carrière », mais surtout non revalorisés significativement depuis des années : ils ne suivent même pas l’inflation. Mais en même temps, comme l’essentiel des gens qui payent les impôts qui font les salaires de la fonction publique ne voient pas non plus leurs salaires suivre l’augmentation du coût de la vie, où trouver l’argent ?

Impôts, qui soit dit en passant, ne sont pas toujours plus faciles à déclarer sur internet. L’Etat montre ici en se pliant au progressisme de manière irrationnelle, son incapacité à gérer ce genre de mutations. Trop peu de serveurs par rapport au nombre de déclarations, mauvaise gestion des certificats (normalement valables 3 ans, mes parents doivent le renouveler chaque année, car annulé), et comme tous les services officiels, développés pour un foncionnement exclusif avec le produit payant et mal développé de Microsoft, InternetExplorer. On est même en train de sacrifier l’un des dernier symboles d’une démocratie faible, l’urne physique et transparente. L’éternel débat du « le progès c’est bien parce que c’est un progrès », sans concertation, sans recul, sans dispositif alternatif. Parce que payer ses impôts par internet, ça présente des avantages indéniables, mais encore faut-il avoir internet. Service payant et privé, je le rappelle.

Enfin sur les préjugés : vous dites qu’ils se fissurent. Mais ils ne sont et n’ont jamais été que des préjugés, et resteront comme tels. Le seul changement est dans l’esprit des gens, les préjugés ne changent pas. Dire qu’il y a des préjugés c’est les valider. Mettre en évidence les faits réels c’est les combattre.


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