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Commentaire de phyletta

sur La révolution des fonctionnaires


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phyletta 3 juin 2007 10:30

A Vrai travailleur

Vous êtes sympa. je n’ai pas tellement écrit cela pour me plaindre de mon sort, non, mais surtout pour dénoncer, notamment dans la gestion des cadres supérieurs surtout dans les très petites adminsitrations, la loi du « non écrit » du « non dit » au delà des belles assurances et des beaux principes qui paraît il régissent tout déroulement de carrière.

1) je vous dois d’être honnête : femme esclave est un peu fort : c’est vrai que chez nous, la plupart des femmes cadres supérieurs sont divorcées, ou sans enfants, ou célibataires, et de toute façon, se comptent sur les doigts d’une main ; il y a environ en douane, hors la direction générale à Paris, 7 postes de directeurs interrégionaux (trois à quatre directions régionales à gérer) et 44 directions régionales :
- sur les 7 DI, 0 femmes
- sur les 44 postes de directeurs, actuellement, 8 femmes, dont une seule mariée et mère de famille, un autre mariée sans enfants, les autres célibataires ;
- ceci dit, si d’aventure on devait nommer des femmes pour assurer une parité, je suis contre ce principe de discrimination positive : on ne devrait pas se poser ce genre de question, et ne plus faire attention, dans les nominations, si DURAND s’appelle Monique ou Pierre.

2) je suis très loin des 37h par semaine : dans le cadre de l’ARTT , les cadres sup sont au forfait : 38h30 par semaine au minimum. mais « cela ne se fait pas » qu’un cadre sup pose des « récupérations », pour l’exemple bien sûr. cela fait partie des interdits qu’un cadre sup s’auto inflige, pour ne pas « décevoir » : un cadre sup qui part à 18h, c’est mal vu... En Allemeagne ou dans les pays du Nord de l’Europe, cela signifierait au contraire soit que vous ne savez pas vous organiser dans votre travail (en allemagne), soit que vous n’avez pas de vie de famille, ou alors, qu’elle est franchement le dernier de vos soucis : ce qui explique que la majorité des directeurs soient plutôt des hommes, et que, pour cause de carrière, madame assure l’intendance, et donc ne travaille pas. d’où la faiblesse du nombre de femmes dans ce métier. cela explique aussi, puisqu’il n’y a qu’un seul salaire pour toute la famille, qu’un directeur « soit prêt à tout » pour faire carrière.

Et puis il y a aussi l’évolution des mentalités : du temps où j’ai passé ce concours, il y avait environ 140 postulants pour 15 places. maintenant, les jeunes couples travaillent tous les deux, et le rapport « qualité prix » s’effectue lorsqu’il est question que l’un des deux passe cette sélection. moralité, l’an dernier, 47 candidats inscrits (au niveau national !) pour 14 places.

Tout le monde préfère la carrière longue : pas de différences notoires de salaire, moins d’ennuis car moins de responsabilités au boulot, moins de mobilité...

3) je ne regrette rien de mon parcours, dans la mesure où si j’ai été esclave de quelqu’un, c’est d ’abord du boulot : j’aime cela, que voulez vous ! je crois que je dois tourner autour de 45h par semaine, j’en amène chez moi parfois, donc voyez, tout n’est pas de la faute de l’administration ; elle ne m’oblige pas à le faire. c’est moi qui me sens obligée de le faire (ce qui existe chez la grande majorité des cadres supérieurs, à des degrés plus ou moins divers, je ne suis pas la pire...)

4) Et puis, à 48 ans, où voulez vous que j’aille, à part mon expérience de fontionnaire, qui en voudrait d’ailleurs ? Il faut avoir des qualités que je n’avais peut être pas pour « se jeter à l’eau » dans le privé, le gôut du risque par exemple. j’ai choisi la sécurité, pour les enfants principalement. Donc, je n’ai pas le droit de me plaindre tout à fait.

5) En revanche, il y a de sacrés progrès à faire dans l’honnêté du discours, la gestion des personnes, le déroulement des carrières etc etc ; c’est vrai que je n’ai pas eu beaucoup de chance de ce côté là, mais vous savez, dans le privé, si je n’avais pas « cédé » à mon supérieur hiérarchique, ne croyiez vous pas que je l’aurais payé encore plus durement ?

n’empêche que votre message m’a fait plaisir. mais je pense à la majorité des femmes qui cherchent à s’émanciper, s’épanouïr dans le boulot, et de ce côté là, je n’ai quand même pas tout raté ! merci en tout cas de votre sollicitude, de la part d’un cadre sup fonctionnaire femme mère de trois enfants, très « incorrecte poliquement » !


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