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Commentaire de Henri Masson

sur 1887-2007 : Une histoire très belle


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Henri Masson 6 août 2007 09:24

Il ne s’agit pas d’être braqué. Quand il y a une situation d’injustice, d’inéquité, de déséquilibre, j’estime qu’il faut en dénoncer les causes avec énergie.

La difficulté de l’anglais, justement de par ses aspects linguistiques, doit être prise en compte. Cette langue est difficile même pour les natifs, mais ils ont l’avantage d’être dans le bain dès la naissance. On imagine mal plus de 95% de la population mondiale non anglophone aller faire des séjours en pays de langue anglaise. Ce serait d’ailleurs la condamnation à mort de celle-ci, ce qui n’empêcherait pas, dans un premier temps, des profits colossaux qui existent déjà. Il faut en effet se souvenir de ce qu’avait déclaré un directeur du British Council selon lequel l’anglais rapportait plus à la Grande-Bretagne que l’or noir de la Mer du Nord.

Churchill ne s’y était d’ailleurs pas trompé quand il avait salué, en 1943, les travaux du « Basic English » dont la facilité apparente poussait les non anglophones a engager le doigt dans l’engrenage : « I am very much interested in the question of basic English. The widespread use of this would be a gain to us far more durable and fruitful than the annexation of great provinces » (Je suis très intéressé par la question de l’anglais de base. L’utilisation répandue de ceci serait pour nous un gain bien plus durable et fructueux que l’annexion de grandes provinces). La main, puis le bras et le reste devaient logiquement suivre, et c’est ce qui est arrivé, si bien que nul n’a l’impression que l’anglais est imposé. La ruse a fonctionné et personne n’a remarqué" que le jeu était truqué. L’annexion des pays européens non-anglophones se déroule bien grâce à la passivité, l’inconscience et même la complicité de citoyens de ces pays, et souvent d’ailleurs des dirigeants et de prétendues élites.

J’ai déjà maintes fois cité David Rothkopf pour qui les « Américains » devaient se sentir partout à l’aise et que, de ce fait, on devait partout parler la langue des maîtres.

Il y a une étude intéressante à ce sujet sur http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amnord/usa_6-8histoire.htm « La superpuissance et l’expansion de l’anglais ». La question est abordée aussi dans des ouvrages de Charles Durand, en particulier « La mise en place des monopoles du savoir » (L’Harmattan) et dans de nombreux articles.

L’espéranto ne m’intéresse que comme moyen et non comme fin. Ce qui me révolte, c’est de voir tous les jours que cette langue fonctionne de manière satisfaisante, comme l’ont reconnu des linguistes, parfois même réticents et sceptiques au départ, alors que des gens parlent encore d’« utopie » ou font passer cette langue pour un passe-temps ou quelque chose d’insignifiant. Quelque chose qui fonctionne est déjà sorti du domaine de l’utopie, et c’est vérifiable sur http://www.esperanto-sat.info/article13.html . Le but de mes articles est d’abord de faire connaître son existence et ses applications, ce qui est logique et rationnel, car les gens ne peuvent utiliser une langue que s’ils en connaissent l’existence. C’est loin d’être le cas pour un fort pourcentage de la population.

Ce qui me révolte aussi, c’est de voir que l’on peut déjà tant faire avec cette langue et que des gens indélicats, des goujats, apportent leur soutien à des individus qui, comme Bénichou, déclarent dans une émission de grande écoute que l’espéranto est « une merde ».

Si des visiteurs ont senti un mépris de ma part, il est justifié par ces comportements qui sont ceux — pour parler le seul langage qu’ils sont capables de comprendre — de minables, de branleurs, de trouducs, de merdeux, et j’en passe. J’ai vu la boue que certains déversent sur l’espéranto, et surtout sur moi, sur les pages de la tête de mort encapuchonnée alors qu’ils se donnent ici, sur AgoraVox, l’air de gens équilibrés, cultivés, distingués, respectables et estimables. Mais ça ne me gêne pas, car cette boue éclabousse ceux-là mêmes qui se livrent à ce jeu infect. C’est éloquent sur la mentalité de ces gens qui vivent en sécurité, plus pourrie que celle de petits bourgeois.

Récemment, j’ai reçu cet appel en espéranto d’un Congolais, très croyant, par une adresse internet en Ouganda :

"Quel phénomène que cette insécurité continuelle dans nos régions Nord et Sud du Kivu (R.D. Congo) !!!

Dans la nuit du 31 mai 2007, vers 19h, tous les habitants de NYAMAZU/MSISI, notre quartier, ont été inquiétés par des ennemis vêtus en militaires ; ils ne venaient que pour piller les biens de la population. Ils ont tiré de nombreuses cartouches, en profitant pour voler toutes les choses nécessaires des habitants.

Malheureusement, 3 ennemis ont fortement poussé la porte de notre maison et y ont pénétré. Je me suis enfui par la seconde porte ; quand mon premier fils a crié, les attaquants ont tiré sur la cuisse droite de mon épouse, et l’enfant a eu une partie du visage tranchée.

La vie est vraiment dangereuse dans mon quartier. Mon épouse est maintenant opérée. Ils sont maintenant tous les deux à l’hôpital. (...). Trois habitants ont été tués, un autre volé. Quelques habitants ont décidé de déménager de ce district en allant jusqu’à la région Sud du KIVU/BUKAVU. Grâce à Dieu, personne de notre club n’est mort, mais tous les espérantistes sont disséminés dans d’autres endroits du district de BUNYAKIRI.

Priez pour nous tous car l’insécurité est devenue fréquente, principalement dans nos districts de RUTSHURU / R.D. Congo. Vraiment, les guerres cesseront-elles dans nos districts ?"

Plus tard, le 24 juillet, me parvenait ce message (traduction) :

"Vraiment, permettez-moi de vous gêner en vous demandant une petite aide, car on m’a toujours dit que l’homme se découvre lorsqu’il est devant des obstacles.

La fois dernière, des ennemis sont venus chez moi, ont cogné sur la porte pour pouvoir voler vers 20 h de la nuit [remarque : on peut comprendre, dans ces circonstances, quelques imprécisions sur l’heure et le déroulement].

Malheureusement, ils ont pénétré de force et tiré une balle sur une cuisse de mon épouse et d’autres ont tranché une partie du visage de mon fils. Grâce à Dieu, j’ai sauté par la fenêtre, sinon, j’aurais pu mourir. Le jour suivant, les voisins m’ont aidé à transporter mon épouse et mon fils à l’hôpital.

Des infirmiers ont essayé de la soigner, mais on a finalement opéré sa cuisse. C’est vraiment une vie dangereuse !!! Comme les problèmes ont persisté, les infirmiers l’ont amputée.

Maintenant, les infirmiers nous demandent de payer le coût de 350,6 $. Vraiment, nous vous demandons profondément pardon, si vous pouvez m’aider un peu à propos de ce problème...

En attendant votre petite aide un jour prochain, car mes idées sont tourmentées."

Ce matin, sur la liste de SAT, un Japonais rappelle le 62ème anniversaire du bombardement d’Hiroshima et cite le maire de cette ville du seul pays atomiquement bombardé et sur sa responsabilité : « Le gouvernement japonais, qui a le devoir d’efforts pour l’élimination des armements nucléaires selon la loi internationale, doit obéir à la Constitution pacifiste telle qu’elle est, et doit dire »NON« à la politique de retour et d’injustice des EUA. »

L’auteur ajoute que des maires des États-Unis se dressent en tête d’un mouvement contre les villes envisagées comme cibles, des maires de la République tchèque s’opposent au système de missiles, le maire de Guernica appelle à l’introduction d’une éthique dans la politique internationale, et le maire d’Ieper (Ypres) met un bureau à disposition pour une conférence pour la paix des maires du monde entier alors que les maires de Belgique lancent une collecte." [voir à ce sujet, en français, des initiatives méritoires de cette ville sur http://www.csotan.org/textes/texte.php?type=divers&art_id=246 ]

Donc, ce qui me tient à coeur, ce n’est pas tant une « victoire » de l’espéranto que sa mise à disposition de toutes les personnes qui souhaitent ajouter une possibilité supplémentaire, économique, pratique et équitable, d’accès plus facile que celui à n’importe quelle autre langue vivante, à leur bagage linguistique.

Votre analyse est donc erronée et ce que peut penser de moi le goret qui défie Masson m’importe peu, pas plus que les conseils qu’il a ajoutés ce matin. Il y a suffisamment de gens qui attendent des services ou des renseignements de moi pour occuper sainement mon esprit.

Que ceux qui me traitent de fanatique, d’illuminé et de je ne sais quoi encore s’examinent bien. Ou ceux qui me harcellent de questions auquelles des réponses ont été déjà données, souvent même répétées, par divers intervenants — pas seulement par moi —, en sachant bien que le temps ne permet pas de répondre à toutes et en détail. Je pense en effet que, comme les autres espérantistes ou phones, j’ai mieux à faire que de satisfaire le nombrilisme et la vanité de quelques pinailleurs qui se livrent à des jeux intellectuels alors que démonstration est faite que l’espéranto fonctionne à la satisfaction de ses usagers et apporte des services réels, surtout quand il y a tant de problèmes qui se posent à tous les niveaux.


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