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Commentaire de Eric LAITAT

sur Aucun banquier représenté au Grenelle de l'environnement : un simple oubli ou une erreur de stratégie ?


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Eric LAITAT Eric LAITAT 8 août 2007 21:27

Ikoff porte une vision précise et correcte sur le secteur de la construction durable. C’est d’abord un engagement politique : le changement du climat est le défi N°1 de notre société. Le changement du climat est reconnu le défi N°1 de la politique de développement des pays les plus industrialisés. Le processus d’Heiligendamm dans la politique internationale, et le Président Nicolas Sarkozy donnent le niveau de reconnaissance politique plus élevé pour le Construire-Durable. Cela va paire avec une réduction nette de la consommation énergétique dans l’habitat. Ces décisions politiques prises, il faut maintenant s’engager réellement dans le processus. Le Grenelle de l’environnement stimulera le développement de l’économie française. Il est suivi de très près dans les pays voisins !

La construction durable a la sympathie de tous. Elle doit s’imposer sur le marché. Pour l’heure, seuls quelques pionniers ont essuyé les plâtres, construisant, souvent à la campagne, des maisons à basse énergie ou des maisons passives. Plus rares encore, des éco-quartiers ou des éco-cités, visent aussi à juguler la question du transport vers les lieux de travail ou de scolarisation. La majorité précoce, au sens de Kotler & Dubois (Marketing management, Publi Union Edition) doit maintenant s’engager dans le construire durable. Des objectifs clairs, des produits de qualité, des délais, des prix, des produits, des objectifs de performance, des labels et certification... C’est là que le véritable engagement dans le construire durable sera pris. C’est cela qui fera l’avènement du marché.

Construire est un réel projet d’entreprise. Un enjeu politique majeur de l’après-guerre fut d’élargir l’accès à la propriété. Il est toutefois paradoxal de constater (et ceci est un vrai paradoxe Ikoff), que le projet est saucissonné en de multiples phases qui en font perdre de vue la globalité. Y compris jusqu’à fractionner les coûts et refuser d’intégrer le montant de la facture de chauffage au débours liés au paiement de l’habitation. Dès le premier mois pourtant le propriétaire paie son banquier ET son chauffage. Cumulez les deux sur la durée de votre prêt et vous ne parlerez plus jamais de ’surcoût’ de constructions peu énergivores. J’ai développé un petit calculateur pour vous permettre de jouer avec VOS propres chiffres (Lire aussi http://www.construire-malin.be/finance/internaliser-lenergie-3.html)

L’argent est la question clé. Nul doute que Sir Nicholas Stern, qui préside ce premier groupe de travail du Grenelle de l’environnement, ancien Conseiller du Gouvernement britannique sur le changement du climat, ancien économiste en chef et vice-Président de la Banque Mondiale, auteur du rapport inaugural de la Conférence des Nations Unies de NAIROBI, veillera à la qualité des estimations économiques.

L’offre précède toujours la demande. Le secteur de la construction n’est pas réceptif MAINTENANT (proactif, contraint ou incité) à ouvrir de nouveau produits sur le marché. Le tassement dans la conjoncture du secteur de la construction ce premier semestre s’inscrit à la suite d’une série impressionnante de périodes de croissance record, frôlant les 10% (Lire aussi http://blog.ecopilot.be/conjoncture-batiment-2006). En clair ? Les carnets de commande des entrepreneurs sont pleins. L’intérêt du public pour la construction durable n’est pas encore une demande solvable. Oui Ikoff, ca coûte plus cher de construire durable,... Mais le produit acheté (la maison) est de qualité supérieure. Et cette qualité supérieure a un prix. Plus économe en énergie certes, les bâtiment neufs répondent en effet à de nouveaux critères puisqu’on leur assigne des objectifs performentiels au travers de la transposition en droit national de la Directive-PEB-2002/91/CE du 16 déc 2002 sur la Performance énergétique des bâtiments. Un seul bémol à l’article, la formule marketing de la construction durable doit encore être inventée. Il me semble évident que toute tournure négative soit être proscrite (Lire aussi http://blog.ecopilot.be/vocabulaire-developpement-durable).

Délais de mise en oeuvre ? Les plus enthousiastes diront hic et nunc ! Ben tient ! Le bâtiment est un bien de consommation qui se renouvelle très lentement. 2008-2012 ? La première période d’évaluation du Protocole de Kyoto. Le secteur des professionnels de la construction n’est pas directement éligible. Rien ne l’aiguillonnera à court terme dans cette voie. Seuls les efforts individuels seront soldés par une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Les ’décideurs’ pour ces efforts sont multiples. Une politique massive est difficile à mettre en place à l’échelle nationale. 2012-2020 ? L’Union européenne a voté le paquet énergie lors du Sommet de printemps (Lire aussi http://blog.ecopilot.be/energie-paquet-energie-union-europeenne-2020). Un effort significatif sera certainement amorcé dans cet horizon temporel. 2050 : un horizon peut être réaliste pour une mise en oeuvre effective de l’objectif ’Facteur 4’, pointé par le label Effinergie (Lire aussi http://blog.ecopilot.be/effinergie-label-france). En 2050, ce sera banal !

Le Grenelle de l’environnement n’ambitionne pas la révolution verte. Le Grenelle de l’environnement mettra en place un contexte pour promouvoir la nécessaire évolution vers une rupture de notre ’business as usual’ et la mise en place du développement durable et du construire-durable : le produit d’une triple approche, économique, sociale et environnementale (Lire aussi http://blog.ecopilot.be/construction-durable)

Politicien et banquier sont des corps d’états bien établis, derrière lesquels il y a des hommes, avec une sensibilité propre, y compris une sensibilité environnementale. Il n’y a pas d’incompatibilité. Chacun son métier. Oui Ikoff, « les banquiers [...] permettent à chacun d’entreprendre : prêter de l’argent pour créer, innover, construire. » Une fois qu’ils connaîtront les montants financiers requis, nul doute qu’il proposeront sur le marché des produit qui permettent de répondre à ces demandes. Leur réactivité au marché est de loin supérieure aus délais de mise en œuvre présentés ci-dessus !

Au Canada, par exemple, j’ai vu une initiative réellement innovante en terme de Partenariat Public Privé centré exclusivement sur des bénéfices environnementaux http://superpointsvertscanada.deficapresse.ca/articles/917/

Son but : nouvelle source de financement pour l’environnement. Son opération : un programme de points dans la consommation. Ses bénéfices : une participation directe de l’ensemble de la population et des agents économiques en termes de partage de coûts et avantages immédiats et à moyens et longs termes pour un objectif donné de réduction de XX Mt de Gaz à Effet de Serre (GES).

Un Modèle financier dont on parlera peut être aussi un jour en France et en Belgique


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