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Commentaire de ddacoudre

sur De la relation marchande à la « raison économique », le développement d'une réaction en chaîne


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ddacoudre ddacoudre 10 novembre 2007 22:36

Bonjour TTO

J’ai appelé le processus qui conduit à cela les « dominant systémiques », car il repose sur la pérennisation d’organisations « organico mécanistes », c’est-à-dire de principes innés (organique) structuré par le culturel (mécanique au sens Durkheimien), conforté par des procédés rassurants donnant la vision d’un but à atteindre. Naturellement la réalité en donne sans cesse de nouveaux paradigmes qui durent le temps que les évènements qu’il génère préparent la venu du suivant.

Par exemple aujourd’hui nous sommes dans une société « économicologique » comme je l’ai nommé, qui pour remplir les tâches qu’elle génère demande des individus formés pour les remplir. Or dans la réforme des universités, le principe de base retenu est qu’elle forme les sujets censés accomplir ses tâches, nous franchirons une étape de plus si cela se réalise, en suppriment des université les enseignements qui n’y concourent pas. Or l’enseignement économique rationalise les esprits qui regarderont donc leur existence et l’existence du vivant au travers de sa rationalité. Il y a donc la une véritable évolution des comportements culturels humains vers un nouveau paradigme. Forcément en découlera une nouvelle organisation politique.

Cette vision s’inscrit dans une théorie développementaliste et ethnocentrique, qui pose la démocratie comme l’aboutissement d’une évolution inéluctable des sociétés, favorisée par l’économie libérale, dans laquelle l’État (la communauté citoyenne) doit être réduit à sa plus simple expression et laisser la place aux agents des systèmes d’autorités arbitraires. Lesquels n’ont plus d’opposants, de « transgresseurs » de jugements susceptibles de se faire entendre, et le débat philosophique a été remplace par celui « économico logique » dogmatique, qui conclut que l’homme ne peut exister que s’il y a au préalable l’argent (monnaie) nécessaire à son existence. Donc, posséder de l’argent (monnaie) est synonyme d’autonomie. De là, il est posé que l’existence d’un Homme ne dépend que de celle de monnaie.

Les dominants systémiques.

Cependant la perception la plus complexe réside dans certaines approches de l’autonomie individuelle que l’on nous propose, et qui conduisent ceux qui l’acceptent à se placer sous le joug d’une dépendance arbitraire. Ceux-ci appartiennent bien souvent à des groupes sociaux moyens ou petits qui ont le sentiment de prendre des initiatives y compris en capitalisant leur épargne, mais dont en réalité la destiné leur échappe.

Il ne s’agit pas là de viser le bien fondé de l’initiative individuelle et de la capitalisation privée, ni l’interdépendance de toute organisation basée sur l’acceptation d’une discipline organisatrice. Mais force est de constater que ces personnes trouvent dans ce type d’organisation les moyens et la justification de l’autoritarisme et de la puissance dogmatique qui dépend des tempéraments et des caractères des individus.

C’est le cycle infernal de celui qui entreprend et qui possède. De fait il en déduit que ce statut lui donne une autonomie de dominant qui le situe au-dessus des autres (perception affective qui se rationalise). Il en conclut que cela lui donne le droit de disposer d’autrui pour atteindre ses buts, et il réclame dès lors des hommes politiques (le dominant affectif/ monarque et le dominant rationnel à divers degrés/ démocratie) une législation qui limite l’émancipation d’autrui si celle-ci ne s’inscrit pas dans son intérêt idéologique.

Ce résultat est dû au fait que ces groupes, moyens ou petits, détiennent leur autonomie de l’interaction avec les groupes supérieurs historiques, nés de l’industrialisation capitaliste que nous pouvons appeler les « dominants systémiques ». De fait , ces groupes petits ou moyens se sentent économiquement solidaires des « dominants systémiques », et n’ont aucun intérêt à les remettre en cause, tout en recherchant une diversification (autonomie) qui ne les rend pas dépendant d’un seul dominant. Cela conduit à des situations paradoxales où les groupes moyens ou petits relaient les intérêts des « dominants systémiques » : intérêt qui bien que liés, leur sont pourtant étranger.

L’autonomie individualisatrice.

Or les groupes supérieurs qui détiennent leur puissance de la propriété économique et financière, ont su réorganiser, comme nous l’avons indiqué antérieurement, leur pouvoir décisionnel par le développement d’une autonomie basée sur la prise d’initiative et de responsabilité participative qui reste tout de même parfaitement encadrée et même soumise à l’objectif rationnel du résultat financier.

Ce résultat financier est devenu plus qu’un objectif rationnel, puisque sa recherche organise et influence la sociabilité des individus. Il s’est substitué à la notion archaïque de profit pour faire plus moderne et politiquement correct. Ceci parce que chacun poursuit ce but en ayant trouvé en quoi il peut en être solidaire ; d’autant plus facilement que ce but peut être expliqué par des opérations mathématiques qualifiantes et quantifiables issus du monde des sciences qui constituent un label de garantie et qui ne sont pas suspectées de dogmatisme, de partialité. En fait, le résultat financier s’est substitué au pouvoir de droit divin puisqu’il dirige l’intérêt individuel. Il cache ce pouvoir « autarchique » et il choque moins que l’autoritarisme direct, même s’il est plus drastique, de plus il est réclamé au nom de l’efficacité et donne aussi lieu à des comportements « transgressifs », allant de la déviance à la délinquance.

Quant aux autres, ceux qui doivent louer leurs services, leur autonomie ne dépend que de leur aptitude à se vendre : ce qui sera interprété comme la recherche d’une autonomie économique. En conséquence chacun s’est trouvé une autonomie dans une dépendance totale ; une autonomie qui ne dépend en fait aujourd’hui que de l’exercice d’un arbitraire transféré à une organisation comptable. Celle-ci sert d’habile justification à tous les comportements dogmatiques régressifs dus à l’incapacité politique de ceux que l’on élit. Incapacités politiques et élues ne sont que le propre reflet de l’incapacité des citoyens, car dans le cas inverse nous n’aurions pas besoin des politiques et des élites.

L’exemple suivant en est criant de vérité. René NI, dans « Pour une histoire politique » éditions points H199 écrivait : « un choix politique qui peut ne rien devoir à l’analyse économique et n’obéir qu’a des considérations idéologiques aura sur l’économie des conséquences incalculables, telle la décision de nationaliser de grands secteurs de production ou d’échange. » Mais est-ce le simple choix effectué qui aura des conséquences incalculables, ou bien les réactions et attitudes des milieux économiques opposants à ces choix qui induiront les conséquences ? Car en fait, l’acte de nationaliser ou de dénationaliser n’implique pas des changements radicaux dans les productions et les modes de production, ni parmi les hommes qui constituent l’essentiel de la force de travail.

Il semblerait alors que ce soit une opposition idéologique qui entraîne les conséquences et non le fait lui-même.

Une idéologie au service d’intérêts particuliers qui provoque des représentations au sein d’un public toujours prompt à hurler avec les loups, s’affranchissant ainsi de l’effort nécessaire à une compréhension raisonnée Demandez alors à ce public d’expliquer le pourquoi de son opposition, et je doute fort que vous obteniez une explication cohérente et motivée, autre qu’une réaction irraisonnée provoquée par des Cassandres intéressés. A l’exemple de cette dame qui, à l’annonce de la nationalisation de certaines banques, est venue retirer son argent, ne sachant que la dite banque qui gérait ses fonds, était nationalisée depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Nous assistons à une rétroaction étrange où devant la complexité de la situation, leur capacité d’initiative et de responsabilité a été déléguée à un système qui reproduit sans cesse le même scénario, et rejette tous ceux qui s’en écartent pour en changer. De telle manière que dans cette solidarité de but (la recherche du résultat financier) basée sur les besoins de valorisation sociale issus de l’estime de soi de tout individu, chacun contribue à accroître la productivité qui rend attrayant l’investissement financier.

Lequel en retour ne contribue pas ou peu, ou ne veut pas contribuer au développement de la solidarité collective qui compense les déficits d’intégration d’une réorganisation structurelle de l’économie et du travail et, qui plus est, refuse toutes les autres mesures qui pourraient être mises en place dés lors qu’elles amenuiseraient l’investissement financier.

De plus cette démarche de refus de participation à la solidarité collective est soutenue par ceux qui se sentent valorisés au travers de cette délégation » qui, si elle représente un intérêt réel d’efficacité dans la compétition internationale n’a pas pour visé un intérêt collectif (nous savons que ce sont les mêmes groupes qui l’organisent dans tous les pays où ils sont présents, auto compétition).

Ainsi nous pouvons dire que, dans la division du travail qui se caractérise par un lien de dépendance, et de laquelle chacun retire ce qu’il pense être son autonomie sociale, ce lien c’est déstructuré pour se restructurer autour d’une fausse solidarité participative qui se veut scientiste (science économique) et moderne, sans pour autant avoir apporté une quelconque solution aux réalités de classes sociales qui se sont « atomisés ». De telle manière que les rapports de dépendance, qui hier se qualifiaient d’antagonismes fédérateurs des identités de classes, sont devenus la recherche d’une autonomie « individualisatrice » au travers de comportements corporatistes professionnels et catégoriels en manque d’une nouvelle identité de classe perdue dans une tertiairisation « moyennisante ».

Merci pour cet article excellent.

Cordialement.


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