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Commentaire de ZEN

sur Démographie et immigration : suicide collectif des Européens ?


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ZEN ZEN 30 novembre 2007 10:44

Pour approfondir le cas italien, évoqué plus haut :

La Roumanie, ses Italiens, ses Chinois... LE MONDE | 28.11.07 | 14h51 • Mis à jour le 28.11.07 | 19h28 BUCAREST CORRESPONDANT

En descendant de l’avion à l’aéroport de Timisoara, ville située à l’ouest de la Roumanie, le voyageur peut avoir l’impression d’être dans le nord de l’Italie. La publicité et les enseignes sont bilingues, en roumain et en italien. Il s’agit d’ailleurs souvent des mêmes mots, les deux langues étant proches du latin. Mais, depuis la mi-novembre, les relations entre les lointains « cousins » se sont assombries : le gouvernement italien vient de prendre un décret d’expulsion qui vise principalement des ressortissants roumains émigrés dans la péninsule.

Le meurtre d’une femme par un Rom d’origine roumaine a radicalisé l’opinion publique italienne contre la nouvelle vague migratoire roumaine : 342 000 personnes selon les chiffres officiels, 556 000 d’après l’association Caritas. En conséquence, depuis début novembre, les agressions contre les ressortissants roumains se sont multipliées en Italie. Ces actes xénophobes risquent de nuire aux échanges économiques entre les deux pays. Avec ses 22 000 entreprises installées en Roumanie, contre 7 000 entreprises roumaines en Italie, Rome est le premier partenaire économique de Bucarest.

Les hommes d’affaires italiens installés en Roumanie s’insurgent contre les mesures prises à Rome et veulent faire entendre leur voix. « Ce n’est pas avec des discours populistes que l’on réglera le problème de l’inefficacité politique, affirme Michelangelo Rosso. Le plus grave est l’ignorance totale du problème car, à l’Ouest, on n’a aucune idée de ce que sont les Roumains. Je peux vous dire que je me sens plus en sécurité comme Italien installé en Roumanie que si j’étais un Roumain installé en Italie. Récemment, lorsque la jalousie a poussé un Italien à tuer une Roumaine, les autorités roumaines n’ont pas traité un peuple entier de délinquants. On condamne un criminel et basta. »

Arrivé à Timisoara en 2002, ce médecin vétérinaire de Turin s’y est installé définitivement. Ville symbole de la chute de la dictature de Nicolae Ceausescu en décembre 1989, Timisoara est devenue non seulement un mythe pour les Roumains anticommunistes, mais aussi une « success story » pour les investisseurs étrangers, dont la plupart sont italiens. « J’avais 48 ans et j’ai commencé une nouvelle vie, affirme M. Rosso. Je n’aurais jamais réussi dans mon Italie natale, mais en Roumanie tout était possible non seulement pour les affaires, mais aussi pour la vie en général. L’Italien qui arrive à Timisoara se sent chez lui. Il y a la langue, mais aussi la sensation de retrouver les villes italiennes que j’ai connues dans mon enfance. Ici, tout est à faire, et il n’est pas nécessaire d’avoir une fortune pour démarrer une affaire. »

Environ 12 000 Italiens vivent dans cette région qui compte plus de 2 000 sociétés italiennes. La ville qui s’enorgueillissait de son surnom de « Petite Vienne » est devenue entre-temps une colonie italienne où le business prospère.

Pourtant, le 6 novembre, en visite officielle en Roumanie, le ministre italien du développement économique, Pier Luigi Bersani, a pu mesurer l’impact des tensions diplomatiques roumano-italiennes sur les relations économiques entre les deux pays. De nombreux Roumains qui se sentent menacés ont exprimé leur désir de retourner au pays dès que possible.

Et les grandes entreprises italiennes craignent des représailles dans ce pays jusque-là ami. Les Roumains commencent à regarder d’un mauvais oeil les Italiens implantés chez eux. « Il y a des ingénieurs italiens qui sont payés une dizaine de milliers d’euros par mois, tandis que les Roumains n’arrivent pas à en toucher mille, s’insurge un employé de la centrale nucléaire de Cernavoda, située au sud-est du pays. Le problème est qu’ils ne sont pas aussi compétents qu’ils l’affirment. »

Ansaldo, une compagnie italienne qui participe à la construction d’une deuxième centrale nucléaire en Roumanie aux côtés des Canadiens de Candu espère mener son chantier à bout. Le projet d’un oléoduc de 1 360 km qui devrait relier la ville roumaine de Constantza et Trieste, en Italie, risque aussi de souffrir de la détérioration des relations diplomatiques. Retardé à plusieurs reprises, le destin de ce projet repose sur la bonne entente roumano-italienne.

La crise entre les deux pays pourrait aussi avoir des répercussions dans l’agriculture car, selon le ministère italien de l’agriculture, environ 300 000 hectares de terres roumaines - 2 % de la surface agricole du pays - ont été achetés par des Italiens. « Il y en a parmi eux qui sont venus avec des machines dernier cri et qui modernisent notre agriculture, affirme Felicia Stoian, comptable à la mairie de Cilibia, un village situé à l’est de la Roumanie. Mais il y en a aussi qui ont acheté des terres et hésitent à investir. »

Le paradoxe de la vague d’émigration roumaine - notamment vers l’Italie et l’Espagne - est que la Roumanie souffre désormais d’une pénurie de main-d’oeuvre. Et cela pose de plus en plus de problèmes aux entreprises italiennes installées dans le pays. L’autoroute Bucarest-Budapest, dont le chantier devait être ouvert cette année, a été reporté d’une année au moins. L’autoroute Bucarest-Constantza, qui devait être terminée en 2008, est loin d’être achevée.

Les 130 000 employés roumains des entreprises italiennes ne sont pas assez nombreux pour répondre aux besoins des patrons transalpins. Pour pallier le manque de main-d’oeuvre, Sonoma Wear Company, société textile italienne installée à Bacau, à l’est de la Roumanie, a ainsi dû sous-traiter une partie de la production à une entreprise roumaine qui fait actuellement travailler 300 Chinoises. Bref, les Roumains partent en Italie et des Chinois viennent les remplacer.

Y a-t-il d’autres solutions ? « Je connais des sociétés italiennes qui s’installent en Roumanie et embauchent des Roumains qu’elles ont fait travailler en Italie, déclare Marco Rondina, directeur du patronat italien en Roumanie. Mais pour les motiver, on leur propose un pourcentage sur les bénéfices. »

L’Italie a atteint sa vitesse de croisière pour ce qui est des affaires en Roumanie. Un millier de sociétés italiennes par an devraient continuer de s’y installer, si tant est que la situation se normalise. Environ 5 000 Italiens voyagent quotidiennement, et rien qu’à Timisoara l’aéroport affiche une vingtaine de vols par jour. Mais pour les Roumains qui embarquent vers l’Italie, le voyage s’annonce désormais périlleux. Mirel Bran


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