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Commentaire de Manuel Atreide

sur Houellebecq : le devoir d'être abject


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Manuel Atreide Manuel Atreide 7 décembre 2007 21:21

@ l’auteur ...

Vous avez écrit un papier formidable, chiadé, argumenté, passionnant. Vous exposez votre point de vue avec talent, même si c’est un bon article roboratif à l’image d’une vraie bonne potée.

Je suis en total désaccord avec vous. Vous faites de M.H. le porte-parole de l’époque, le symbôle, l’écrivain de génie des temps actuels, partant du postulat qu’il a raison, que vous avez raison, que tout le monde occidental n’est qu’un vaste cloaque dans lequel nous sommes plongés ; pataugant dans la fange, la décadence, peut être même la dépravation la plus absolue.

Vous êtes en droit d’avoir cette vision du monde. Si tel est le regard que vous portez sur l’époque, ma foi, je vous concède que M.H. vous va fort bien. Mais, de grâce, ne venez pas me dire que toutes et tous partagent votre point de vue ! Je ne vis pas dans ce même regard. Le monde que je vois, le monde auquel je participe, le monde que je tâche de bâtir n’est pas celui que vous décrivez et que M.H. colle dans ses livres. C’est sans doute bizarre, mais je ne vis pas dans votre monde.

N’essayez donc pas de faire de M.H. mon porte-voix. Il ne saisit pas mon regard, il ne vit pas ce que je vis. Je ne suis pas dans un monde opposé au sien, il n’y a pas de demi-tour. Je suis juste à 90°.

C’est cela en définitive que je ne supporte pas chez M.H. ou Dantec : cette prétention à détenir la verité ultime, comme si leur vision, parce qu’elle était vraie dans leur monde, était la seule vraie parce que forcément unique. Je suis au regret de le dire, cette vérité n’a pas cours chez moi.

Mais ce simple fait est peut être insupportable pour tous ceux qui se reconnaissent dans les bouquins de M.H. Oui, nous ne vivons pas tous ce que vous vivez. Et ce que vous vivez semble si insoutenable que je comprends ce cri de désespoir lorsqu’une voix, parfois ténue, s’élève pourtant pour dire que la fange n’est pas partout.

Si tel est le cas pour vous, peut être vous faut-il vous poser la question suivante : Dois-je sortir de cet état terrifiant dans lequel je suis, ou dois-je tout faire pour y plonger les autres afin d’y être moins épouvantablement seul ?

Je vous incite à relire Victor Hugo, la Légende des siècles, et plus particulièrement la Fin de Satan qui parle de ce quelque chose qui surnage après le naufrage, ce débris qui se refuse à sombrer, cette chose infime qui refuse ce destin pourtant tracé pour elle. Qui sait, cela pourrait vous plaire ...

Manuel Atréide


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