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Commentaire de Ran

sur Jean-François Kahn et Jean-Michel Aphatie, le débat de trop


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Ran 22 février 2008 16:27

Vous remarquerez au passage avec quelle virulence les Français se sont remis à faire de la politique depuis l’élection de NS. Au travail, au café, en famille, partout : les discussions s’enflamment. Les gens ont plus ou moins perçu qu’il y avait un choix de civilisation qui s’opérait en ce moment, et c’est pour ça que les passions s’exacerbent.

Rappelons le contexte : tout le monde sent aussi que la domination mondiale est en train d’échapper à notre "civilisation" occidentale, ou tout du moins qu’une opposition remarquable est apparue : la puissance industrielle des pays hier encore émergeants, le dynamisme conquérant de l’Islam, la réémergence des nationalismes... Les gens ont peur. Et c’est d’ailleurs la peur qui a fait élire NS. Entendons nous : je ne dis pas que tous les électeurs de NS étaient des petits vieux baricadés chez eux, ou des actionnaires qui tremblent pour leur portefeuille - mais c’est ceux là qui ont fait pencher la balance ("Ordre, Travail, Autorité" : ça ne vous rappelle pas une autre époque de peur, où la figure paternelle d’une petit vieux auréolé de gloire avait - un temps - rassuré les égarés ?)

Partant de là, les deux conceptions de notre civilisation qui s’affrontent sont : d’une part ceux qui veulent défendre nos valeurs "fondatrices" (République laïque, défense des Droits de l’Homme, de notre modèle social etc.) devant des menaces, extérieures ou intérieures, de plus en plus pressantes, et qui, elles, ne s’encombrent pas de tant de principes ; d’autre part ceux qui veulent combattre le mal par le mal : nationalisme contre nationalisme (bonjour le "Ministère de l’Identité Nationale"), religion contre religion (hello Mr. Chanoine), impérialisme contre impérialisme (visitez la Françafrique, ses dictateurs, son pétrole...) bref, adopter les armes de l’ennemi, jugées moins rouillées que les nôtres.

(L’administration Bush, que NS ne se cache pas d’admirer, pratique déjà cela : les Irakiens ont beau appeler leur "invasion" une croisade américaine, l’Américain moyen prend ça comme un compliment et non comme une insulte : "oui, notre Dieu est plus fort que le vôtre, qui d’ailleurs n’existe pas : la preuve, nous avons gagné la guerre".)

Les passions se déchaînent, parce que certains ont peur de perdre les batailles du monde de demain, et que les autres ont peur que, en se préparant à ces batailles, nous ayons perdu notre âme bien avant qu’elles ne commencent.


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