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Commentaire de Sylvain Reboul

sur L'éternelle tentation communiste


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 14 mai 2008 17:55

Bon résumé de thèses qui me semblent, pour partie, datées :

Si le communisme réel ou capitalisme d’état centralisé (ou administré centralement) a sombré, c’est qu’il était tout à la fois un système d’exploitation inefficace du travail , car incapable d’ajuster l’offre à la demande et de gérer les ressources rares et un système de domination et de répression politique totalitaire des désirs individuels par une classe (la bourgeoisie d’état ou nomenklatura)) sur une autre, indifférenciée : la force de travail . Mais en aucun cas il ne s’agit de communisme au sens de Marx, c’est à dire d’économie libérée de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Mais ceci dit, l’exemple de la Chine qui semble avoir tiré une certaine leçon de l’effondrement soviétique en promouvant l’association du capitalisme privé à l’occidentale et la domination politique et en réduisant, voire en supprimant, toute contrainte sur l’expression des désirs privés de consommation, dès lors qu’ils ne concernent pas le pouvoir politique, peut apparaître à tous ceux qui cherchent à se développer d’une redoutable efficacité (lire à ce sujet A.Sen), en cela il tente d’associer d’une manière originale et complexe (ambivalente, mais la culture chinoise, traditionnellement, intègre dialectiquement les ambivalences et les contraires) la régulation politique autoritaire et l’initiative individuelle.

En ce qui concerne le capitalisme, il me semble que son efficacité historique indiscutable (et admirée par Marx) était lié à sa forme industrielle et à la stabilité à long terme d’unités de production intégrées plus ou moins concurrentes. Or que sa dérive financière spéculative à très court terme et donc irresponsable vis-à-vis de ses effets sociaux et économiques, voire écologiques, actuelle devient dominante et est à terme contre performante, voire prédatrice de toute élévation de la richesse socialement produite et consommée en terme de bien-être et de liberté réelle pour la grande majorité.

Cette dérive justifie le retour à des formes de régulation financière et sociale de la concurrence (qu’il n’est pas question de supprimer) au seul niveau aujourd’hui efficace , le niveau international , afin que l’économie capitaliste et la part nécessaire d’exploitation et de l’inégalité entre capital et travail qu’elle implique serve l’élévation du bien-être de tous et ne serve pas à accroître des inégalités qui délégitime le système le capitaliste ; cette délégitimation, qui s’accompagne de la dérégulation du capitalisme fordien (relativement sécurisant) en cours, perpétue le rêve d’un communiste d’état que cultive une certaine ultra-gauche, aveugle au fait historique prouvé qu’une économie administrée et gérée par l’état ne peut être que totalitaire car elle en fusionne nécessairement le pouvoir politique et pouvoir économique au profit d’une minorité organisée quasi-militairement (quand ce n’est pas l’armée elle même qui prend directement le pouvoir).

La voie sociale-libérale , appuyée sur le renforcement des contre-pouvoirs démocratiques (droits syndicaux et lutte politique) au pouvoir d’un capital ensauvagé par la mondialisation et foncièrement despotique, voire esclavagiste, est étroite et fragile, mais son internationalisation régulatrice est la seule possible, si l’on veut échapper aux mythologie pseudo-communistes et autres aventures totalitaires politico-religieuses (il y a même une tendance chez nous, assez ridicule mais révélatrice, à vouloir réintroduire du sacré ou de la transcendance dans le politique, voir la position d’un R. Debray ou, de l’autre côté, de Nicolas Sarkosy ) au bout du compte liberticides et sanglantes.


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