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Commentaire de Bulgroz

sur L'ère Sarkozy et le triomphe du cynisme


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Bulgroz 19 mai 2008 12:21

Nicolas Sarkozy a choisi de célébrer la victoire de 1945 sur le nazisme sur les plages de Ouistreham, contrairement à ses prédécesseurs qui préféraient les Champs-Elysées. Une rupture plus loin, c’est du symbole de ces Français résistants, souvent communistes, dont le chef de l’Etat a essayé de s’emparer.

Et, comme à son habitude, le choix des mots touche à la vulgarité et aux contre-vérités : La France Eternelle (là je m’étouffe presque, en effet je ne savais pas qu’il y avait une France Éternelle), elle avait la voix du général de Gaulle. Avec l’atlantisme forcené, de Nicolas Sarkozy depuis un an, le général doit se retourner dans sa tombe de se voir citer par celui-là même qui a rompu ce choix de non-alignement qui faisait de la position française une voix particulière et souvent dissonante depuis plus de trente ans. Jacques Chirac s’était d’ailleurs inscrit dans cette idée de la France.

Nicolas Sarkozy souhaitait donc lors de cette cérémonie s’emparer de tous les symboles vivaces dans le cœur des Français ; il ne peut y avoir de doute, il s’adresse dans ce discours comme à son habitude, ni au citoyen ni à ses électeurs ni à l’UMP ni à l’Europe, mais au cerveau reptilien de chacun d’entre nous. Le message "subliminal" qui semble émaner de ce discours est "s’il vous plaît, aimez-moi, regardez comme je vous aime". Il nous tape toujours sur l’épaule pour vérifier si on l’aime, mais les Français se sont retournés depuis déjà trois mois, et ils regardent du côté de leurs difficultés économiques, car eux aussi essayent d’avoir droit au bonheur.

C’est assez étrange, sans savoir exactement pour quelles raisons, mais ce discours "émotionnel" me fait penser à de la naphtaline, à quelque chose de rance que l’on sort de temps en temps pour prendre l’air. Un fond de l’air révolu d’un autre temps où baignent des idées réactionnaires qui disent le contraire de ce qu’elle sont censées désigner.

Ce président nous dresse donc un discours qui sent le rance, d’une banalité affligeante, destiné à notre cerveau primaire et émotionnel, bref il est dans l’affect tout court. Sans doute ne peut-il faire autrement ? Il souhaite donc mettre en exergue ce qui a fait sa force, c’est-à-dire d’essayer d’être le copain de tout le monde, celui qui épate les filles, celui qui fait plus que tous les autres. Une posture non feinte pour une fois qui révèle une fois de plus le caractère profondément adolescent dans lequel il baigne encore. Il n’est rempli que de lui-même et lorsqu’il parle à notre cerveau primaire, c’est pour mieux nous parler de lui-même, mais c’est également pour mieux se parler à lui-même. Il se réconforte dans un discours forcément à l’opposé de ce qui a été pour simplement exister.

Alors une pensée pour Nicolas Sarkozy, oui tu existes, la preuve tes amis à qui tu as donné les 15 milliards du paquet fiscal en 2007 t’en sont encore reconnaissants.

Le symbole est passé, le commando Kieffer a débarqué à Ouisterham, ces Français étaient des héros, encore une fois ils étaient certainement à l’encontre de l’image iconique qu’essaye de nous dresser le président avec ses mots grandiloquents censés nous faire oublier le colonialisme à la française qui lui est entaché de crimes contre l’humanité durant plus d’un siècle. Encore quelques années, monsieur le président et en bossant un peu d’histoire vous parviendrez à arriver à la cheville de vos prédécesseurs, au moins sur le plan de la dignité.


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