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Commentaire de Walid Haïdar

sur Royal, Delanoë et la gauche « moderne » : libérale ou centriste ?


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Walid Haïdar 26 mai 2008 23:42

 A l’auteur.

Je suis de gauche, et donc très préocupé par l’état des forces politiques en présence, susceptibles de promouvoir une action de gauche.

Mais je n’ai pas vraiment la même conception que vous de la gauche.

Pour moi, être de gauche, c’est :

- considérer comme un impératif, que les richesses soient réparties de façon à ce que chaque individu ait la possibilité de vivre dignement, c’est à dire avoir un logement, de quoi se chauffer, et de quoi manger. Mais plus encore, c’est considérer que la répartition des richesses doit être conforme non pas à une règle économique a priori, mais conforme à ce que nécessite la paix sociale.

- considérer comme un impératif la liberté de conscience de chaque individu.

- considérer que chaque homme est tributaire de l’histoire de l’Homme, et que donc il doit en partie ce qui le constitue aux choix qu’il a opéré au cours de son développement, mais indéniablement, il doit ce qu’il est à ce qu’est et ce qu’a été l’environnement dans lequel il a évolué. L’individu n’existant qu’au sein d’une société, il doit être soucieux de l’harmonie qui règne en elle, et doit la respecter.

- considérer que chaque entité (homme, association, entreprise) doit pouvoir, dans la limite du premier et du deuxième point, créer, s’exprimer, et bénéficier des richesses qu’il produit, ou contribue à produire.

Ca c’est pour les idéaux. Mais les idéaux, ce n’est quelque chose qu’on défend n’importe comment.

Tout d’abord, il faut constater, pour partir d’un bon pied, que l’état de la société, et surtout du monde, n’est pas du tout en phase avec ces idéaux.

Par conséquent, si on veut tendre vers ces idéaux, il faut agir, c’est clair.

Mais croyez vous qu’agir pour défendre ces idéaux, c’est aller tout droit ?

Moi, je me dis qu’il y a des obstacles, des subtilités, en fait une complexité de la réalité, qui fait que l’on doit agir en étant soucieux de maîtriser autant que possible l’objet que l’on manipule.

Par exemple, c’est paraît tout bête, de taxer telle ou telle chose. Mais d’une part à mon avis, ce serait éminament insuffisant et petit par rapport à l’étendue et à la multidimensionalité de la problématique, et d’autre part, ce pourrait être contre productif (je ne suis pas e train de dire que taxer est foncièrement mauvais).

Donc il ne suffit pas de prendre des mesures grossières et idéologiquement de gauche pour défendre des idéaux de gauche. C’est même néfaste.

A mon avis, il y a enormément de leviers qui permettraient à la France en tous cas, de mener une politique de gauche, répartissant mieux les richesses et surtout offrant une éducation de haute volée à beaucoup de gens, en ayant une économie florissante.

Par contre, je conviens avec vous qu’il est crucial, pour les forces progressistes qui en sont capables, de se battre pour changer la donne de l’économie au niveau international, pour la rendre plus douce, moins furieuse.

Enfin je veux juste donner un exemple, qui à mon avis, montre à quel point beaucoup trop de gens de gauche sont des caricatures sans s’en rendre compte.

Faut-il supprimer des postes dans l’administration des finances ? La réponse est claire, évidente : oui. Comment ? Avec inetrnet, l’informatique, la vitesse à laquelle on pourrait traiter et gérer l’information, on devrait encore employer je sais combien de personnes, parceque toucher aux fonctionnaires c’est "de droite" ?

On nage en plein délire. La gauche ne serait donc plus le camp de la raison, cntre les forces obscures du conservatisme ?

Bordel, hommes et femmes de gauche, arrêtez votre délire. Oui, il faut degraisser un paquet de choses dans nos administrations, ça veut pas dire qu’on met les gens sur la paille !

La formation, la reconversion, ça existe, et c’est ce que doit offrir la société pour s’adapter au capitalisme tel qu’il est, et tel qu’il sera pendant tout le temps où on s’efforcera même de le réguler. Un jour, ce sera peut-être different, mais pour l’instant, il faut agir dans le réel, pas dans l’imaginaire.

Vous dites, "interdire de licencier les entreprises qui font du profit". Mais c’est pas de gauche ça. Ca c’est un principe simpliste, et démagogique. c’est peut-être même de droite (je plaisante).

Ce qu’il faut c’est que le besoin d’une entreprise de licencier, n’entraîne pas de drame humain, et que la société protège ses membres de la précarité que peut induire les pratiques en vigueur dans son économie.

Pour cela, il y a de nombreux outils.

La formation continue, la transparence de l’information à l’intérieur de l’entreprise, l’adaptabilité de la durée du travail à la spécificité de l’entreprise (par exemple, les 35 heures ont été une catastrophe dans les hopitaux, mais très positives dans l’industrie, où elles ont permis d’optimiser le temps d’utilisation des machines), les indemnisations pour les chômeurs...

Bref, aucun dogme ne servira les idéaux de gauche. La réalité est bien trop complexe, et exige d’agir avec détermination, mais prudemment et sans jamais mépriser la réalité.

Je n’ai pas le temps d’élaborer un argumentaire plus complet et mieux construit, mais j’aimerais tant convaincre plus de gens de gauche, que certes, il y a plein de gens très dangereux qui ot beaucoup d’argent, et beaucoup de pouvoir sur la planète, qu’ils se donnent du mal pour continuer à acaparer les richesses et promouvoir des idées réactionnaires à travers nos médias, mais qu’il possible, au sein d’un capitalisme libéral (qui laisse faire les acteurs au maximum), mais contre balancé par une puissance publique (qui redistribue ce qu’elle prélève, de la manière la plus efficace possible, dans l’intérêt de tous), de tendre vers une justice sociale bien supérieure à tout ce qu’on a pu connaître n’importe o dans le monde, et à n’importe quelle époque.

La transparence de l’information, induira d’elle même, dans ces conditions, un changement encore plus profond du capitalisme, qui s’adaptera aux évolutions futures, pour peut-être finir par perdre sa substance capitalistique.

Mais l’urgence, ce n’est pas sortir du capitalisme ou jouer les rebelles face à lui. L’urgence, c’est, dans le contexte actuel, de se donner les meilleurs moyens pour aller dans le bon sens.


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