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Commentaire de Eloi

sur Compétitivité : l'Etat matraque sans trêve les entreprises


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Eloi Eloi 7 août 2008 08:57

@ donino

Oui, oui, ce que j’avance est probablement très caricatural. Mais il met selon moi certains aspects en relief.

Le problème réside ici :
* nous avons des besoins
* remplir ces besoins nous demande des efforts
* une manière de réduire ces efforts est de faire turbiner notre cerveau pour fabriquer des machines qui fabriqueront ces objets à notre place
* ces machines demandent du capital
* d’où l’ « invention » du capitalisme, en tant qu’outil

Donc oui, le capital est intéressant. Mais ce qui est contestable, c’est le fait qu’un capital doive être rentable, à mon avis là est l’erreur, car alors il est nécessaire d’augmenter le rendement de ce capital autant que possible, et donc en arriver aux extrémités actuelles : publicité idiote (donc plus de transparence), résistance au changement, tendance au monopole…

Si l’on conjugue cela au fait que le capital a tendance à s’agglomérer, à se concentrer (à mon avis un uniquement par le fait de sa tendance à s’augmenter de manière exponentielle), on se retrouve dans un système qui tend vers l’immobilisme absolu, et l’esclavage de tous par un seul qui possède tout. Vous conviendrez que c’est tout l’inverse d’un système libéral…

A mon avis ce qui est contestable dans tout cela, c’est le fait même de pouvoir tirer des revenus de son capital. Je ne conteste pas le droit de propriété (droit constitutionnel quand même !), je conteste le droit d’en tirer des revenus. Car alors les inégalités s’accroissent perpétuellement. Aujourd’hui pressions sont faites pour supprimer les taxes de succession, c’est à mon avis la pire des situations pour une république (transfert par la naissance, et donc la chance, plutôt que par la compétence)

Il est curieux en fait de constater que notre monde prend les choses à l’envers. A priori, ce serait : si un besoin existe, une communauté se forme autour de ce besoin, pour le résoudre. Chacun a pour unique intérêt de répondre à ce besoin. Chacun va donc participer à la confection de l’outil pour ce besoin : devenir actionnaire d’un « capital productif ». Un gestionnaire parmi les actionnaires est désigné (il gagnera un gros salaire) Une fois l’usine construite, l’objet est produit, le besoin satisfait, et évidemment, le capital ne sert plus à rien. Mais et alors ? Le besoin est satisfait, non ? Au pire l’usine est revendue, démentelée et utilisée comme ressource…

Actuellement c’est l’inverse : un besoin indistinct est révélé par des études marketing. Des « gens courageux » (et c’est probablement vrai) construisent un capital et fabriquent l’usine pour répondre au besoin. Le problème est que ce besoin n’est pas circoncis, et que le but n’est en fait pas d’y répondre, mais de faire du revenu. Aujourd’hui une entreprise n’est pas une pourvoyeuse de service, mais un centre de profit : là est à mon avis la dérive. Et tout ce qu’elle implique en non-satisfaction, en mise sous dépendance des consommateurs etc…

A mon avis tout cela est dangereux…

Pour ce qui est des « gens courageux », ils sont rétribués de plusieurs manières : salaire élevé, influence plus ou moins sensible, mais aussi fierté de soi-même, fierté de l’œuvre réalisée, et probablement, avec de la chance, respect de la part de la communauté. Tout cela est déjà BEAUCOUP ! Pourquoi vouloir tirer des revenus du capital, sachant les risques qu’il implique ?

De plus, vous l’avez dit, la vie d’un chef d’entreprise est une vie harassante. Selon moi, c’est trop de poids et de responsabilités pour un seul homme : c’est cela qu’il faut éviter. Lançons la discussion sur la pénibilité du travail, pour le maçon ET le chef d’entreprise.

Mais évitons le piège de la multiplication exponentielle des revenus…


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