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Commentaire de Dominique Dutilloy

sur A Vichy, il va y avoir de l'eau dans le gaz...


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Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 28 août 2008 19:01

Et pour alimenter encore plus ce débat, voici le Résumé du compte-rendu mettant en avant le dialogue entre Gérard Charasse et Serge Klarsfeld


Compte rendu. Mission d’information sur les questions mémorielles. Mardi 13 mai 2008, Séance de 16 heures 30. Compte rendu n° 4
Présidence de Bernard Accoyer Président, puis de Catherine Coutelle Vice-présidente,
– Audition de M. Serge Klarsfeld, écrivain, historien, président de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France et Vice-président de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, et de son épouse, Béate Klarsfeld 2
– Audition de M. Denis Tillinac, écrivain et journaliste 8
La mission d’information sur les questions mémorielles a procédé à l’audition de M. Serge Klarsfeld, écrivain, historien, président de l’association des fils et filles de déportés juifs de France et vice-président de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, accompagné de Mme Beate Klarsfeld, son épouse.


[...]

Mme Arlette Grosskost  : Je salue également M. et Mme Klarsfeld.

Ma question est d’autant plus facile à poser que je suis Alsacienne et fille de déporté. Les élus alsaciens et mosellans sont de plus en plus souvent interpellés par les enfants des « Malgré-nous » qui veulent se faire reconnaître comme pupilles de la nation. Qu’en pensez-vous ?

Mme George Pau-Langevin  : Je salue l’immense travail accompli par M. et Mme Klarsfeld, en particulier, les procédures mises en œuvre à l’encontre de Paul Touvier et de Maurice Papon. En outre j’ai beaucoup apprécié, lorsque j’étais à la Mairie de Paris, la présence de Mme Klarsfeld à la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage.
Comment faire en sorte que l’ensemble de la Nation s’approprie la singularité de chaque mémoire ?

M. Gérard Charasse : Je salue également le remarquable travail de M. et Mme Klarsfeld.
En tant que député de Vichy, je suis toujours un peu choqué que l’on évoque le régime de l’État français et le gouvernement de la Collaboration sous les termes « régime de Vichy, police de Vichy, gouvernement de Vichy. » Une bonne pédagogie implique l’utilisation de termes idoines. Les Vichyssois n’ayant jamais demandé que le gouvernement de Pétain et de la Collaboration s’installe dans leur ville, je souhaiterais que l’on utilise les formules : « gouvernement de l’État français », « police de Bousquet », « gouvernement de Laval », « dictature de Pétain ». Je rappelle par ailleurs que le 10 juillet 1940, 80 parlementaires accomplissaient à Vichy le deuxième acte de résistance après l’appel du 18-Juin – c’est en effet le 11 juillet 1940 que Pétain a tué la République en publiant trois décrets-lois lui conférant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Il serait temps d’appeler un chat un chat et une dictature une dictature.

M. Serge Klarsfeld  : Je comprends l’état d’esprit des Vichyssois mais les faits géographiques sont têtus : n’a-t-on pas jadis parlé du Roi de Bourges…

M. Gérard Charasse  : Ce n’est pas la même chose.

M. Serge Klarsfeld  : …ou du camp de Pithiviers ? Certes, la formulation « sous l’autorité de fait dite gouvernement de l’État français » est utilisée de même que celle de « gouvernement de l’État français » mais elles ne sont pas satisfaisantes compte tenu de leur ambiguïté polysémique.
Je souhaiterais vous donner deux exemples qui témoignent de la schizophrénie qui régnait à Vichy il y a seulement quelques années. En 1992, nous avons déposé illégalement une plaque sur la façade de l’Hôtel du Parc mentionnant qu’ici avait été décidée la grande rafle des Juifs considérés comme apatrides dans la zone libre mais saluant également les Français qui, à cette occasion, ont contribué à freiner la coopération policière de Vichy – je reprends spontanément le mot, vous le constatez – avec la Gestapo. A cette occasion, j’ai dit au maire que Vichy avait tout intérêt à assumer son passé.

M. Gérard Charasse : Voilà !


M. Serge Klarsfeld  : Mais tel n’a pas été le cas. Vichy aurait pu par exemple organiser des colloques sur cette période.

M. Gérard Charasse  : Voilà !

M. Serge Klarsfeld  : Tel n’a pas été le cas non plus. Il a également fallu attendre 1990 pour qu’une plaque commémorant le souvenir des 80 parlementaires ayant refusé les pleins pouvoirs à Pétain soit apposée. C’est très long ! En l’état, je vois mal comment rattraper tout ce temps perdu. Vichy, qui a été choisie en raison de ses nombreux hôtels et de son très grand central téléphonique, restera comme étant la capitale géographique de la Collaboration. J’ajoute que le deuxième sous-sol de La Poste recelait jusqu’à il y a peu une armoire contenant l’ensemble des télégrammes chiffrés reçus par ce gouvernement. Elle se trouve maintenant aux Archives nationales mais, vous le voyez, Vichy a trop longtemps fermé la porte de l’armoire et celle du passé alors qu’il fallait les ouvrir largement. Sans doute la ville a-t-elle manqué d’un maire…

M. Gérard Charasse : Je souhaite d’autant plus que l’on ouvre ces portes et que la vérité soit faite qu’il ne s’agit plus tant de condamner ces faits infâmes que d’essayer de les comprendre afin qu’ils ne se reproduisent plus. Je continuerai ce combat. A cette fin, j’ai déposé une proposition de loi visant à ce que l’on évoque désormais la « dictature de Pétain » plutôt que le « régime de Vichy ».

M. Serge Klarsfeld : Essayez d’organiser un colloque sur les raisons du choix de la ville de Vichy par le gouvernement d’alors.

M. Gérard Charasse : Je l’ai déjà fait.

[...]

Ceci n’était qu’un résumé de ce compte-rendu du 13 mai 2008, qui avait lieu à l’Assemblée Nationale... Vous pourrez trouver son texte complet en allant sur ce lien :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-miqm/07-08/c0708004.asp#P2_65


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