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Commentaire de easy

sur Mise au point sur le suicide de Marie-Claude Lorne et l'université


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easy easy 2 novembre 2008 05:14

Quand j’observe ces discussions autour du suicide de Marie Claude Lorne, discussions qui ouvrent une polémique sur l’honnêteté ou l’équité du système universitaire ; quand je constate que la diatribe est créée et entretenue par des universitaires, je ne peux m’empêcher de penser à un ouroboros.

Car enfin lorsque vous avez visé cette carrière, vous faisiez déjà (ou encore) partie de ceux qui ne comptent pas risquer leur vie ou du moins engager leur corps, prendre des risques physiques (à des exceptions d’amiante, de radio activité et de malbouffe près, que d’autres subissent de surcroît en d’autres univers). Ne le prenez pas mal s’il vous plaît, je le dis en toute considération, aux yeux de ceux qui risquent leur physique au boulot, les universitaires passent pour des pantouflards dont le regard sur les ignares est incroyablement méprisant.

Oh il y a bien quelques Curie, Schweitzer, Bombard, Tazieff et autres Kraft qui ont prouvé leur engagement corporel total dans leur quête, mais bon, les autres, on ne peut pas dire qu’ils se soient cassés un ongle en 20 ans de carrière. Non seulement on n’y risque même pas une piqûre d’écharde mais en prime, on parvient parfois à s’y faire coupoler ou palmer-dorer-sur-tranche.

Ne me dites pas que vous aviez espéré oeuvrer dans cette grande maison sans rêver d’y trouver titres, honneurs et gloires en reconnaissance de votre intelligence, de votre acuité intellectuelle, de votre sagacité, de votre pugnacité.
Vous rendez-vous compte du privilège que c’est de participer à l’ultime tournoi du Panthéon ?

Quel pêcheur, quel éleveur d’oies, quel égoutier, quel dresseur de chiens, quel conducteur d’autocar peut espérer un jour une telle gloire ?

Ne faut-il pas être egocentrique ou puéril pour ne pas concevoir un instant que son siège, voire son trône en un tel aréopage ne s’obtiendrait ni dans la douceurs, ni dans les amabilités mais plutôt par une mise à l’ombre de la majorité des candidats ?
Jusqu’au lycée, vous étiez des enfants et vous meniez une compétition contre une masse de gosses sans espérance élitiste et vous avez gagné. Mais dans le supérieur, vous vous retrouvez entre vous les élitistes. Et à partir de là, tous les coups sont permis. Il y en a de superbes mais il y en a de vicieux.

Où voyez-vous une quelconque espérance élitiste chez un éleveur de cochon, chez un boucher, chez un technicien de surface ? Elles ressemblent à quoi leur carte de visite, s’ils en ont ?

Alors qu’en entrant dans le SUPERIEUR, vous vous aligniez parmi les postulants aux palmes, à un Nobel ou à un nom de rue, à une page dans Google et à 10 dans Wiki, à quelques centimètres de productions personnelles rangées entre Hegel et Kant à la BNF, à une carte de visite télescopique, etc.

Voyez comme notre ami Dugué est prompt à faire état de ses innombrables qualifications et productions scientifiques et intellectuelles. En comparaison, quel ramasseur de crottes aura l’idée d’exhiber sur Agora Vox le tonnage de merde qu’il a éliminé de nos trottoirs ?

Ici on est à donf dans de l’Aristote. Le travail est dévalorisant et juste bon pour les esclaves (qui n’ont alors pas à s’en prévaloir) Pour Aristote, le beau rôle social consiste à penser, à la rigueur à coucher sa pensée sur le "papier" et encore, écrire serait déjà trop manuel pour ce penséiste

La tête, la tête, la tête bordel !
Le reste n’est rien puisque c’est évident, le haut est plus élevé que le bas.
Arrrhhh ce Monde sphérique qui pense encore comme s’il fallait toujours un plat et un dessous de plat !


Vous comptiez bien faire partie de ceux qui sont au-dessus, de ceux qui sont supérieurs aux autres, en tous cas sur un certain nombre de plans dont celui de l’autorité savante "Je sais donc je suis", c’est bien ça ?
Alors, lorsqu’après avoir franchi brillamment les épreuves inférieures, vous vous plaignez de faire partie des échoués de l’ultime compétition supérieure, vous vous prévalez de vos propres turpitudes. C’est l’ouroboros. Vous êtes pris à votre propre jeu élitiste qui suppose forcément et très cyniquement un sommet étroit reposant sur une large base de recalés.

Quand on crie "Vive l’empereur" faut s’attendre à se retrouver grognard


Certes, il y a beaucoup de prétendants aux postes d’enseignants qui n’auraient d’autre Graal que de transmettre à des plus jeunes tout ce qu’ils ont découvert. Accordons à Marie Claude qu’elle puisse être rangée dans cette catégorie. M’enfin, ce système comportant intrinsèquement et de facto un élitisme, on ne peut y collaborer sans le soutenir.

Ou alors il faudrait y entrer en trompettant d’emblée que l’élitisme est le fléau du genre humain
Il y en a beaucoup d’entre vous qui ont posé un manifeste de ce genre ?















 


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