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Commentaire de Tristan Valmour

sur L'Enseignement catholique vend du rêve pour recruter. Gare au réveil !


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Tristan Valmour 13 mars 2009 15:09

Salut mon Léon

Je crois que l’on peut se tutoyer, non ? Quand une école privée sous contrat est l’unique établissement scolaire (comme dans certaines communes de l’Ouest), elle est naturellement obligée de scolariser les élèves. Dans le cas contraire non. Mais franchement Léon, les établissements publics qui visent le palmarès refusent aussi des élèves. Ils prétextent des problèmes d’option (« on acceptera votre enfant s’il fait du russe, mais s’il ne souhaite pas suivre cette troisième langue en plus de l’option informatique appliquée à la gestion des robots de troisième génération en sciences de l’ingénieur, alors nous vous invitons à vous rapprocher de l’établissement x »), de transport, etc. On trouve toujours une raison pour exclure, ce n’est pas ce qui est le plus difficile.

Pour en revenir à l’article de Paul, la crise des vocations, il faut observer les phénomènes suivants :

-   Le démantèlement de l’EN a été savamment orchestré depuis que l’OCDE s’occupe sérieusement d’éducation. Les différents gouvernements ont laissé les problèmes s’installer sans apporter de solutions gouvernementales. L’objectif était de développer le secteur parascolaire privé qui est devenu aujourd’hui un gros business. Il suffit de voir les mètres linéaires d’ouvrages parascolaires dans les librairies, comme la multiplication des officines de cours particuliers. Et ça n’est pas fini. L’argent non investi perd de sa valeur. Or le secteur de l’enseignement échappait au règne de l’argent. Donc il faut le détruire pour offrir des opportunités d’investissement.

-   De plus en plus de profs quittent l’EN. Ce sont surtout des profs d’anglais et de maths qui trouvent facilement à se reclasser dans les entreprises.

-   Les bons étudiants ne veulent plus devenir enseignants. Ils choisissent les écoles de commerce car elles proposent de « travailler moins pour gagner plus » !

-   Il y a une surreprésentation d’étrangers parmi les profs vacataires, signe que la profession n’attire plus les français.

-   De nombreux profs qui font des stages en entreprise se voient offrir un contrat.

De même, l’OCDE impose l’idée de « formation tout au long de la vie » parce que les études démontrent qu’au-delà d’un certain niveau de formation, le pays ne bénéficie plus de points de croissance. Toutes les politiques éducatives se basent sur ce fait ; C’EST LE POINT CENTRAL ! Comme je l’ai écrit dans mes articles consacrés à PISA, « formation tout au long de la vie » ne signifie pas que les gens seront mieux formés, mais qu’ils seront formés sur une période plus longue ; qu’ils apprendront en une vie ce que nous avons appris en 18 ans ! Si au delà d’un certain niveau, la formation des individus n’apporte plus de point de croissance, pourquoi les Etats dépenseraient-ils à les former ? C’est le raisonnement de l’OCDE. D’où le transfert des coûts de formation vers le secteur privé (entreprises), les parents et les étudiants. C’est tout benef" pour l’Etat qui fait des économies. 

Ce qui se produit sous nos yeux, c’est l’école à deux vitesses : quelques établissements (publics ou privés) accueilleront et formeront l’élite. On y enseignera le savoir fondamental, le transfert des compétences, la créativité, bref, à accomplir des tâches transformatrices. La majorité des autres établissements (publics ou privés) accueilleront et formeront la plèbe. On y enseignera les compétences nécessaires à la vie de tous les jours (appuyer sur un bouton, dire deux mots), soit à accomplir des tâches reproductrices. Ce qui est vrai pour le secondaire, l’est aussi pour le supérieur, d’où les lois sur l’autonomie des universités, sur l’octroi de la liberté de se regrouper.

La guerre établissements privés / établissements publics est donc dépassée, le problème ne se situe plus à ce niveau. Je rappelle enfin que Darcos a été ambassadeur de France auprès de l’OCDE.



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