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Commentaire de Courouve

sur Le Ciel aux pédés


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Senatus populusque (Courouve) Courouve 3 août 2009 14:36

EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE DE FRANÇOIS MAURIAC (1885-1970)

« S’il n’existait que des homosexuels désespérés et voués au suicide, je vois bien la nécessité de leur montrer qu’il n’y a rien dans la nature qui ne soit naturel et qu’il peut être bon de les accoutumer à contempler leur corps et leur coeur sans dégoût ... Mais il existe tous les autres, chaque jour plus nombreux et qui ne s’embarassent pas d’être ce qu’ils sont. Et puis, j’entends mal votre distinction entre homosexuels et invertis ... Quand je songe à tous ceux que je connais, je ne vois que des malheureux, des diminués, des êtres déchus, dans la mesure où ils ne luttent pas. Mais c’est vrai qu’il y a là un trop grand mystère et que l’hypocrisie du monde a trop vite fait de ne pas méditer ... Ce qui importe n’est pas ce que nous désirons – mais le renoncement à ce que nous désirons. »
Lettre à André Gide, 28 juin 1924.

« Qui me rendra ma vertu ? Il m’est arrivé, cette semaine, une histoire étrange et belle : un garçon de 19 ans a débarqué à Paris avec mes bouquins ; une figure d’ange rimbaldien ... »
Lettre à Daniel Guérin, fin 1924.

« L’influence de ces sortes d’ouvrages sur les mœurs est certaine ; non qu’ils puissent incliner à l’inversion ceux qui n’en ont pas le goût : car ce vice inspire trop d’horreur aux hommes normaux, et l’usage en demeure trop périlleux ; ceux que de telles peintures troublent, c’est qu’ils étaient, à leur insu, atteint du même mal.
Beaucoup de ces malades qui ne se connaissaient pas, se connaissent aujourd’hui, grâce à Gide et à Proust. Beaucoup qui se cachaient ne se cacheront pas.
Est-ce nuisible à l’art ? Non et oui. Cette préoccupation homosexuelle est d’abord une préoccupation sexuelle. »
Réponse au questionnaire sur la préoccupation homosexuelle en littérature, Les Marges, n° 141, 15 mars 1926.

« Ce n’est pas toujours le même corps, c’est toujours la même folie, – toujours le même corps aussi ; toujours la même adolescence ; la même dure poitrine, le même fruit pesant dans les mains. »
Lettre à Daniel Guérin, 26 septembre 1928.

« Le désir que l’homme ressent de posséder ce qu’il admire aboutit à ce comble d’horreur et de misère, crée toute une race traquée dont la tare éclate aux regards comme une plaie. C’est donc que la loi de la nature est une loi de Dieu. La nature toute seule n’a pas de loi, puisqu’elle n’a pas de volonté. Le vice grec se heurte à un interdit, et plus qu’à un interdit, à une exécration. »
Voyage en Grèce, Journal, 1937.

« Très simplement et au nom de notre vieille amitié, je vous demande de me restituer ce qui, dans cette correspondance, est trop personnel pour que je puisse exposer les miens au risque d’une publication posthume. Non qu’il y ait rien là dont j’aie à rougir. Mais enfin cette crise d’il y a trente quatre ans dont vous avez été le témoin, vous comprenez que je ne souhaite pas de la savoir exposée à la curiosité (à supposer que l’on s’intéresse assez à moi, après moi, pour se poser des questions sur ce pauvre être que je fus entre 1924 et 1928).
Cher Daniel, Celui qui m’a sauvé à ce moment-là, je ne l’ai plus reperdu. Et me voici au seuil de la mort avec Lui dans le cœur. Si vous saviez ... »
Lettre à Daniel Guérin, 4 juillet 1961. 


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