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Commentaire de armand

sur L'étonnante histoire de « Fort Chabrol »


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armand armand 11 janvier 2010 14:12

Bonjour Fergus,

Chaque fois que je quitte la Gare du Nord et emprunte la rue Lafayette en direction de l’Opéra j’ai une pensée pour cette affaire en passant devant la rue Chabrol.

Bravo pour cet article qui rappelle un moment cocasse de l’histoire de Paris. Le souvenir qu’on a gardé de ce « Fort Chabrol » n’était pas vraiment à l’avantage de Guérin, qui s’en est sorti passablement ridiculisé.

Quelques autres infos amusantes autour de cette affaire :

Guérin et sa ligue antisémite étaient des partisans de feu le marquis de Morès, un aventurier intrépide et passablement déréglé qui avait tenté de faire fortune dans le Dakota (fondant la ville de Médora, du nom de son épouse) et a failli se battre en duel avec le futur président Teddy Roosevelt. Connaissant les talents de Morès, les Etats-Unis auraient peut-être manqué là un de leurs meilleurs présidents si le duel s’était fait !

Morès a importé en France des façons extravagantes - sa Ligue eut comme hommes de mains les bouchers et chevillards de la Villette, qu’il affublait de chemises « western » rouges et de sombreros pour faire régner la terreur sur les boulevards.

Mais Morès trouve la mort au Sahara, où il avait pris la tête d’une mission ayant pour but de fomenter une alliance avec l’Islam contre les Juifs et les Britanniques. Il est massacré avec quelques uns de ses compagnons par les Touaregs en 1896.
C’est effectivement Guérin qui hérite d’une organisation en manque de chef charismatique.

Pour la petite histoire, les bouchers, rudes gaillards qui travaillaient dans le sang et aimaient à faire peur, étaient moins méchants sur le terrain. Lors des pugilats que vous nous rappelez, la police du préfet Lépine reçut le soutien inattendu des anarchistes de Sébastien Faure contre l’ennemi commun. Une des raisons pour lesquelles les policiers, à titre individuel et dans leurs rapports, ménageaient les anars.

L’affaire Dreyfus brouille en effet les lignes de partage. On trouve, par exemple, d’anciens communards comme Cluseret qui virent à l’antisémitisme, tandis que Deroulède (cmme vous le signalez) et surtout le Ministre de la Guerre, le marquis de Gallifet, grand fusilleur de la Commune, sont, sinon dreyfusards, du moins convaincus de l’innocence de l’homme.

sur cette période, vous pouvez consulter La Cité du Sang - les bouchers de la Villette contre Dreyfus, d’Eric Fournier, Ed. Libertalia, 2008 (livre qui m’a été conseillé par Gazi Borat) ; un polar historique, Le Sioux des Grands Boulevards (2006) de Marc Rolland, Ed. JP Gisserot, est situé à l’époque et parle de Morès, de Guérin et de leur bande.


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