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Commentaire de Lucilio

sur Pinochet, Castro, combien de victimes ?


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Lucilio (---.---.210.2) 5 décembre 2006 15:00

« LA plus grande victime de Pinochet est la (fragile) démocratie chilienne. »

Erreur. La démocratie chilienne avait déjà été assassinée par le gouvernement d’Allende. Pour rappel, l’armée chilienne renversa le gouvernement Allende sans l’aide des États-Unis (le gouvernement des USA tenta bien en 1970 d’empêcher la désignation d’Allende à la présidence par le parlement chilien, mais en 1973, ce gouvernement ne collabora en rien au coup d’État militaire) , mais surtout l’armée chilienne intervint suite à l’appel du parlement chilien. En effet, après la Cour Suprême - qui, le 26 mai 1973, avait adressé une énième protestation contre les violations sans cesse répétées par l’exécutif des décisions de justice des tribunaux (Allende y répondra en déclarant qu’en période de révolution, c’était au pouvoir politique de décider de l’opportunité de l’application des décisions judiciaires) -, le parlement chilien, le 23 août 1973, dans une résolution, approuvée à 81 voix contre 47, après le rappel des innombrables violations constitutionnelles et légales du gouvernement Allende, demande aux autorités et aux FORCES ARMÉES de mettre fin immédiatement aux situations de fait dont ils étaient fait mention. Les documents historiques sont très clairs à ce sujet :

http://es.wikisource.org/wiki/Acuerdo_de_la_C%C3%A1mara_de_Diputados_sobre_el_grave_quebrantamiento_ del_orden_constitucional_y_legal_de_la_republica

De même que les témoignages des principaux acteurs :

- Eduardo Frei, patron de la Démocratie chrétienne qui expliqua clairement au journal espagnol ABC le 10 octobre 1973 que les militaires furent appelés par les parlementaires pour remplir une obligation légale :

http://www.josepinera.com/pag/pag_tex_hablofrei.htm

- Patricio Aylwin - premier président du Chili après la dictature - qui, dans une entrevue à la télévision espagnole le 16 septembre 1973, expliqua comment le gouvernement Allende tentait d’installer une dictature socialiste et que l’action de l’armée fut salvatrice :

http://www.youtube.com/watch?v=twVdTR8gcvI

Petit résumé de ce qu’était le régime Allende, repris dans la résolution votée par les 2/3 des députés chiliens le 22 août 1973 :
- le gouvernement d’Allende a gouverné par décret dans des domaines qui étaient de la compétence exclusive du parlement ;
- le gouvernement d’Allende à bafoué les prérogatives du parlement en refusant de se soumettre à son contrôle et en ignorant les motions de censure contre plusieurs de ses ministres ;
- le gouvernement d’Allende a empêché la promulgation de lois votées par le parlement ;
- le gouvernement d’Allende a harcelé la magistrature pour qu’elle se plie à sa politique, en violation de la séparation des pouvoirs et a couvert des attaques perpétrées contre des membres de la magistrature ;
- le gouvernement d’Allende a paralysé l’action du Ministère public contre des criminels activistes proches du gouvernement ;
- le gouvernement d’Allende a violé toutes les lois consacrant le principe de séparation des pouvoirs en empêchant l’application des condamnations prononcées par la justice contre des criminels activistes proches du gouvernement ;
- le gouvernement d’Allende a systématiquement violé les décisions du Contrôleur général de la République, la plus haute juridiction administrative ;
- le gouvernement d’Allende a systématiquement violé le principe d’égalité devant la loi en refusant la protection de la loi aux personnes qui n’étaient pas de son bord ;
- le gouvernement d’Allende a attenté contre la liberté d’expression (pressions économiques, fermeture illégale, emprisonnement de journalistes, appropriation partisane et violation de la prérogative du Sénat dans la nomination de la direction de la télévision publique, etc.) ;
- le gouvernement d’Allende a violé l’autonomie des universités et leur droit à disposer de canal de télévision, notamment en couvrant la prise de possession illégale et violente de ces chaînes par ses partisans ;
- le gouvernement d’Allende a attenté, par la violence, contre le droit de réunion pacifique d’opposants à son régime alors même qu’il tolérait les réunions en armes de ses partisans et les attaques de ces derniers contre l’opposition ;
- le gouvernement d’Allende a attenté contre la liberté d’enseignement en voulant, illégalement, par décret, imposer un plan éducatif marxiste ;
- le gouvernement d’Allende a violé le droit constitutionnel de propriété en couvrant plus de 1.500 occupations illégales de propriétés et en promouvant la prise de possession illégales de centaines d’entreprises et de commerces pour les réquisitionner ensuite, spoliant ainsi les propriétaires légitime au profit du gouvernement ;
- le gouvernement d’Allende a eu recours d’innombrables fois aux arrestations illégales et a autorisé que ls personnes soient soumises à la torture ;
- le gouvernement d’Allende a violé les droits de nombreux syndicats et à fait usage de la violente contre eux ;
- le gouvernement d’Allende a violé la garantie constitutionnelle qui autorise les Chiliens à sortir du pays en exigeant d’eux des conditions non requises par la loi ;
- le gouvernement d’Allende a violé la constitution (article 10 n°16) en créant ou en autorisant nombre d’organismes séditieux (Commandos communaux, Comités de surveillance, etc.) et en leur reconnaissant une autorité illégale en contradiction avec les autorités et les organismes constitutionnels ;
- le gouvernement d’Allende a brisé le cadre de l’État de droit en formant et en développement des groupes paramilitaires et en tentant d’employer les forces armées et de polices à des fins partisanes ;
- etc.

Rappelons également la programme du parti politique du parti d’Allende : « La violence révolutionnaire est inévitable et légitime. Il est le résultat nécessaire du caractère violent et répressif de l’État-classe. Elle constitue l’unique chemin qui mène à la prise du pouvoir politique et économique et à sa défense ». « Il est possible pour le gouvernement de détruire les bases du système capitaliste de production. En créant et en élargissant l’aire de ’propriété sociale’ aux dépens des entreprises capitalistes et de la bourgeoisie monopolistique, nous pourrons leur quitter le pouvoir économique » ; « L’état bourgeois au Chili ne peut servir de base au socialisme, il est nécessaire de le détruire. Pour construire le socialisme, les travailleurs chiliens doivent dominer la classe moyenne pour s’emparer du pouvoir total et exproprier graduellement tout le capital privé. C’est ce qui s’appelle la dictature du prolétariat ».

Rappelons également qu’en trois ans de « voie chilienne vers le socialisme », le bilan des violation des droits de l’homme s’élève à une centaine de personnes assassinées, un millier blessées, 200 séquestrées, une vingtaine de journalistes torturés, etc. le tout du fait de groupes politico-militaires alliés d’Allende (par exemple, son neveu qui fut un des chefs du MIR, groupe responsable de nombreux crimes restés impunis).

Bien entendu, tout ceci n’excuse en rien les crimes commis sous la dictature de Pinochet.

« Au sujet de cette comptabilité morbide, le chiffre de 2 600 victimes chiliennes me parait bien faible. »

Rappelons que la Commission Nationale de Vérité et Réconciliation établie par le gouvernement chilien après la dictature, destinée à dire « la vérité sur les graves violations des droits de l’homme commises dans le pays entre le 11 septembre 1973 et le 11 mars 1990 », fait état de 3.550 plaintes, dont 2.296 furent acceptées.


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