• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de coleporter31

sur Les Palestiniens : un peuple avec des droits ou des individus avec des besoins ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

coleporter31 10 avril 2010 18:21

Ce texte, comme tant d’autres, qui ne fait que reprendre la thématique de la propagande palestinienne, sans aucun esprit critique….
 on s’attendrait à mieux de la part d’un doctorant !
Je suis frappé par les raccourcis historiques, où l’on passe du sionisme naissant à la situation actuelle en passant par une vision quelque peu simpliste pour ne par dire simplette de la création d’Israël suite à la résolution 181 de l’ONU. Sans compter les approximations chiffrées.
Premier point concernant l’aire géographique Palestine sous l’empire ottoman ( rappelons que depuis l’annexion de cette aire géographique en 1071 à l’empire Seldjoukides elle perd son nom de Palestine / Falastîn pour être découpée en diverses entités administratives). 

La région  va subir tout comme le Liban une déforestation massive à partir du XV° siècle pour fournir les chantiers navals de la Porte, déforestation qui va ruiner la vie agricole de la région et réduiront notamment la Judée à être une « terre à chèvres aride » et les rives du Lac de Galilée à des zones marécageuses où sévissent la malaria et le paludisme.

À cela il faut rajouter le climat d’insécurité lié aux razzias bédouines, razzias qui chasseront les personnes des hameaux et villages pour se réfugier dans des villes montagneuses.

Ainsi, Volney, Twain, Lamartine, Flaubert, Stanley lorsqu’ils visiteront ces régions constateront tous l’aspect désolé, délabré, désert de la région. Il suffit d’aller sur le site de la BNF (Gallica) pour vérifier la concordance de tous les récits des voyageurs depuis le XVIII° siècle.

Cela dit la situation n’est pas si simple, il faut se référer à des données quantitatives. L’empire ottoman comme tout état qui prélève des impôts faisait régulièrement des recensements (les premiers datent de 1831). Si nous prenons les Sandjaks d’Acre et de Jérusalem qui recouvraient l’actuel Israël/Cisjordanie nous avons les chiffres suivants :

· 1850 : 340 000 habitants dont 13 000 Juifs

· 1860 : 369 000 habitants dont 13 000 Juifs

· 1880 : 462 000 habitants dont 15 000 Juifs

· 1890 : 509 946 habitants dont 17 614 Juifs

· 1900 : 586 581 habitants dont 23 662 Juifs

La population du Sandjak de Jérusalem est évaluée par le consul de France à Jérusalem, en 1847, à : 250 000 mille personnes dont environ 219 200 Musulmans, 16 800 Chrétiens de toutes obédiences – essentiellement des orthodoxes – et 13 800 Juifs.

Ces chiffres démentent-ils les propos des Volney, Twain, Lamartine, Flaubert, Stanley et autres ?…. Ils permettent de les nuancer. La population était très inégalement répartie sur l’aire géographique que l’on nomme Palestine, comme je l’ai signalé plus haut ; les razzias bédouines rendaient les rives du Jourdain très incertaines, ainsi que les plaines côtières. La population était concentrée dans des villes portuaires : Gaza, Ashdod, Jaffa, Haïfa ; à l’intérieur des terres, la grande ville est Naplouse. Entre la côte et le Jourdain la population vit essentiellement dans des villages de montagnes, les mettant ainsi à l’abri des incursions bédouines qui cesseront progressivement à partir de 1870. L’insécurité régnante fait que les grandes villes bibliques étaient soit désertées, soit dans un état de délabrement avancé.

Des exemples : Jérusalem ne compte en 1850 que 12 000 habitants 7000 d’entre eux sont des Juifs et des Chrétiens (de diverses églises) occupés principalement à l’entretien des lieux saints et à l’accueil des pèlerins.

Ce n’est pour cela qu’il faudrait parler d’une population palestinienne au sens national du terme. L’aire géographique « Palestine » passage obligé entre l’Afrique et l’Asie a connu diverses couches de populations ainsi rien qu’au XIX° siècle nous assistons à l’implantation :

· d’Égyptiens venus s’installer lors de la venue des armées égyptiennes d’Ibrahim Pacha en 1831,

· de Bédouins venus se sédentariser

· de Yéménites assurant la commercialisation des produits venant de leur pays.

· De Grecs implantés depuis l’antiquité

· De descendants des croisés

· De Vénitiens entretenant leurs entrepôts et comptoirs.

· D’Arméniens

· De Druzes

· Divers anciens combattants de l’armée ottomane issus de territoires perdus : Tchétchènes, Tcherkesses, Bosniaques, etc.

· De Kurdes et d’Albanais venus assurer l’ordre ottoman

· De maghrébins venus avec Abd El Kader

· Etc.… la liste est trop longue

Cette longue liste montre que les habitants de l’aire palestinienne ne forment pas un peuple que l’on pourrait nommer palestinien, il s’agit d’une mosaïque de communautés d’origines diverses, de cultures diverses et de confessions religieuses diverses. Même si les musulmans sont majoritaires, les obédiences sont diverses chiite, sunnite, à l’intérieur du sunnisme : Malékites, Hanéfites, Chaféites.

Cette mosaïque était toujours menacée par des guerres claniques ou interconfessionnelles…

La vie économique était très limitée : produits dérivés des oliveraies (dont le savon), le coton, les orangeraies. Dès 1870 les oranges de Jaffa sont exportées vers l’Europe, ainsi que les savons de Naplouse.

Le nationalisme palestinien commencera à prendre naissance dès que l’effondrement de l’empire ottoman apparaît comme inéluctable, soit à partir de 1905. Mais il serait plus juste de parler de « nationalismes palestiniens » au pluriel. Car très vite des lignes de fractures apparaissent entre d’une part

1 / les Syriens qui veulent reconstituer une Grande Syrie englobant les régions du Liban et de la Palestine 

2/ les Égyptiens qui désirent établir un glacis de sécurité entre eux et les Syriens

3 / les Arabes qui tiennent à garder une fenêtre sur la Méditerranée pour écouler librement leurs marchandises acheminées par les caravanes.

NB : il est nécessaire de distinguer les Arabophones des Arabes. Les Syriens tout comme les Égyptiens ne sont pas Arabes mais arabophones. La confusion entre les deux mots génère autant de confusions empêchant de comprendre ce qui se passe au Moyen Orient.

Ces divers nationalismes palestiniens seront d’accord sur une seule chose : le refus des implantations sionistes. L’invention de cet ennemi commun permettait de conserver une unité de façade…. Comme aujourd’hui…. Croire à l’unité « arabe » relève de l’ignorance naïve de l’histoire et des nationalismes.

Quant aux implantations du Yishouv, il est effectivement utile de souligner que jusqu’en 1948, il n’y eut aucune expropriation. Toutes les terres achetées par les Juifs fraichement venus le furent auprès de propriétaires libanais, syriens, ottomans, etc.… souvent à des prix exorbitants. Les terres vendues aux sionistes étaient, je le répète, des terres de désolation : terres à chèvres arides ou terres marécageuses où sévissait le paludisme.

Cela dit en 1948, il y eut des expropriations violentes, mais très localisées et pour des raisons stratégiques, notamment en Galilée sur la frontière syrienne. Ces expropriations comme l’expose très bien Benny Morris ont été peu nombreuses et ne relevaient absolument pas d’un nettoyage ethnique comme le suggère un faussaire notoire tel qu’Ilan Pappé. Cela dit l’enflure verbale est une constante dans la propagande arabe anti-israélienne ainsi le massacre de Deir Yassine commis par des membres du groupe Stern, si criminel soit-il, prendra une ampleur démesurée, tout comme le moindre dynamitage de villages en Galilée va prendre des proportions wagnériennes, qui prêteraient à rire si les conséquences n’étaient point meurtrières.

Pour finir, au slogan péremptoire « la Palestine est une terre sans nation qui a besoin d’une nation sans terre » a été lancé en 1853 non pas par un Juif mais par un Protestant millénariste Lord Shaftesbury, qui dans sa lancée précisait « que cette nation existe : les authentiques et anciens propriétaires du sol, les Juifs ».

 

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès