Hortefeux joue sur les mots. Certes, la séquence Tarascon/Vienne/Strasbourg présente bien des profanations de tombes de musulmans, mais il n’y a pas eu pour autant trois cas de racisme anti-musulmans. Apportons les précisions nécessaires :
Les auteurs de la profanation de Tarascon (4) se sont révélés être des collégiens sans mobile raciste (« Malheureusement », souligna naïvement le Procureur). Ils avaient d’abord tenté d’arracher des croix chrétiennes, mais elles étaient trop solidement plantées ; qui plus est, l’un d’entre eux serait issu d’une famille maghrébine. Ceci n’empêche que l’affaire de Tarascon continue d’être exploitée, tant par Hortefeux que par Moussaoui, pour contribuer à construire une pseudo-série de profanations anti-musulmanes, et continue d’une façon plus générale à être instrumentalisée politiquement et médiatiquement, par exemple par des communiqués de SOS Racisme et du MRAP présentant cette profanation comme raciste, communiqués toujours en place, sans la moindre mise à jour, ou mise en garde, au mépris des résultats de l’enquête, lors de notre vérification du 9 août 2010 (4). Extrait du communiqué de SOS Racisme : « SOS RACISME compte saisir un avocat pour se constituer partie civile dans le cadre de cette procédure et demande au Parquet de mener une enquête approfondie pour retrouver les auteurs de ces actes inqualifiables. En particulier, il apparaît nécessaire de s’interroger sur les éventuelles influences de groupes néonazis qui déversent leur haine, et notamment sur le réseau internet. » Extraits du communiqué du MRAP : « Cet acte n’est pas isolé, mais vient après toute une série d’attaques racistes, qu’ils soient islamophobes ou antisémistes, qui ont émaillé l’hiver dernier et le printemps 2010 ... Ces agressions viennent s’ajouter à la libération de la parole raciste encouragée par la dérive xénophobe du « débat sur l’identité nationale » ».
La profanation de Vienne a touché des tombes de harkis ; Le texte précis des inscriptions trouvées (et rapidement effacées) est sous omertà : le Figaro parle, sans plus de précisions, d’« inscriptions racistes visant notamment la communauté harkie ». Il est donc au nombre des hypothèses légitimes d’envisager que ce soit leur engagement en faveur de la France, et non leur religion, qui ait motivé la profanation. Parmi les gens qui n’aiment pas les harkis, il y a quand même pas mal de musulmans. N’allons pas pour autant accuser sans preuve la communauté musulmane ou algérienne de la profanation de Vienne : nous respectons la présomption d’innocence. Mais nous aimerions quand même que ladite présomption d’innocence fonctionne aussi en faveur des non-musulmans, des Français de souche et des souverainistes. Tant que la justice n’a pas rendu ses conclusions, il n’y a pas de raison que les harkis de Vienne se voient annexer et instrumentaliser sans états d’âme par Hortefeux (et Moussaoui) pour construire cette fameuse « série » anti-musulmane.
Quant à la profanation de Strasbourg, elle n’était accompagnée d’aucune inscription. Il n’y a donc aucune conclusion politique à en tirer en l’état actuel de l’enquête.
Dans notre belle série apparente de trois profanations anti-musulmanes, nous trouvons donc, à l’analyse :
un acte de collégiens en principe purement « ludique » (Tarascon) dont un des auteurs est d’origine maghrébine ;
un acte (Vienne) dont le message est en principe anti-Français plus qu’anti-musulman ;
un acte sans indice parlant (Strasbourg).
Ces accusations sans fondement, répêtées ad nauséam, qui restent en place même quand l’enquête les a contredites, constituent une véritable stigmatisation de la population de souche et en particulier de sa composante souverainiste. Passe encore de les lire dans la littérature des associations communautaristes, mais il est inadmissible de les voir relayées par un ministre.