Non caricaturé Pierre Jourde a écrit :
Le problème, c’est que l’indignation
des uns n’est pas celle des autres, et que chacun est convaincu de
la valeur de son indignation. Il paraît idiot de rappeler de tels
truismes, hélas, le discours de Hessel situe le débat exactement à ce
niveau. Indignez-vous, croyants, contre les croisés mécréants et la
ploutocratie occidentale, et allez faire sauter les twin towers.
Indignez-vous, masses musulmanes, contre les odieuses caricatures du
Prophète. Indigne-toi, peuple allemand, contre les clauses du traité de
Versailles. Indigne-toi, petit prolo blanc, contre l’invasion de la
France par des hordes d’immigrés africains. Et pourquoi pas ? Pourquoi
votre indignation serait-elle meilleure que la mienne ? C’est là que
commence la question. La vraie. Celle que l’on tente de traiter ici ou
là, mais pas dans la brochure de Hessel. Hessel ne pense pas. Il a autre
chose à faire, il s’indigne.
Hessel
a trouvé son indignation : le sort des Palestiniens et la politique
israélienne. C’est sans surprise. On en était sûr : parmi les mille
motifs d’indignation possible, c’est forcément là que ça allait tomber :
Israël, l’éternel croquemitaine, le vilain méchant en soi. Voilà au
moins un sujet d’indignation rassembleur, puisque la haine d’Israël est
inculquée dans les écoles de Casablanca à Karachi, ressassée dans nos
banlieues, scandée dans de régulières manifestations. Ce qui se passe
entre Gaza et le Jourdain, c’est l’injustice en soi, insupportable,
indiscutable
Et je suis d’accord.