Ce que vous appelez « souplesse »
est en fait mollesse et inconséquence.
Je préfère une pensée logique et
argumentée. Je suis, mais c’est vous qui ne suivez pas et n’assumez pas votre affirmation
peu fine que j’ai réfutée à plusieurs reprises, que je recite donc : « Le
luxe est le secteur qui crée la richesse culturelle, sans laquelle il n’y a pas
de talents, ni d’artistes... »
Quant à la richesse, il y a pourtant
des philosophies ou des religions qui sont majoritaires en France, ou dont ont été
adeptes des milliards d’humains, qui la condamnent :
« N’estime
pas les biens d’acquisition difficile pour que le peuple ne les vole pas. N’exhibe
point ce qui porte à l’envie pour que sa conscience ne soit pas troublée. »
(Lao-Tseu, Ta-Tö-King, III)
« Jésus dit à ses
disciples : Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le
royaume des cieux. Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de
passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche de rentrer dans le royaume de
Dieu. » (Matthieu, 19, 23-24).
« Diogène
s’approcha de l’orateur Anaximène qui était obèse et lui dit : "Donne-nous
un morceau de ton ventre, à nous les mendiants. Toi, tu te sentiras plus léger
et nous, tu nous rendras service". » (dans Diogène Laërce VI 57)
« L’amour de l’argent joint à l’injustice
est impie, et joint à la justice honteux, car il est inconvenant de constituer
une sordide épargne, même avec la justice de son côté. » (Épicure, Sentences vaticanes, 43)
« Je vais vous
dire : il faut donner part à tous de toutes choses, en communauté ; égalité de
ressources pour vivre, au lieu que l’un soit riche et l’autre pauvre, que l’un
ait de vastes terres à cultiver, et, l’autre pas même de quoi se faire
ensevelir, l’une foule d’esclaves à son service, et l’autre pas même un valet.
Je pose une seule condition de vie, commune à tous, la même pour tous. »
(Aristophane, L’Assemblée des femmes)
« Richesse et
savoir Richesse et savoir sont rose et
narcisse qui ne sauraient fleurir ensemble. » (Chahid de Balkh)
Si vous voulez
savoir pour quoi il y a autant de condamnations de la richesse dans des pensées
auxquelles ont adhéré de façon plus ou moins conséquente des milliards de
personnes (christianisme, taoïsme), dans des philosophies antiques (épicurisme,
cynisme) ou chez des écrivains perses, vous trouverez des réponses dans La Violence et le
Sacré de René Girard et dans Comment les riches
détruisent le monde du journaliste du Monde Hervé Kempf, car l’accaparation injustifiée
de richesses et de ressources qui ne sont pas infinies sur cette planète sont
meurtrières.
Votre défense des riches et votre
défense d’en faire partie (misère : « même pas bibliothèque »,
écrivez-vous !) m’a fait me souvenir de débats ici sur ce thème : «
Pourquoi les pauvres votent-ils à Droite ? » Mais parce qu’ils y trouvent un
intérêt ! et "Pourquoi
les pauvres votent-ils à Droite ?", réponse à Paul Villach. Dans votre
cas, ça doit venir d’un grand altruisme :
« Je joue mon
rôle dans cet opéra de la richesse et de l’opulence. Le rôle joué par la
pauvreté fait partie intégrante du succès de la pièce globale. Au bout d’un
moment, l’Argent devient indifférent à ce qui a déjà été acheté. A ses
extrêmes, l’Argent devient théorique, impalpable. Et c’est là que j’entre en
scène. Quel contraste plus saisissant à imaginer ? Je rends service aux riches.
La richesse sert, bien sûr, à mesurer la distance qui sépare de la pauvreté.
Crésus sait qu’il est Crésus seulement lorsqu’il peut voir un vagabond comme
moi traîner ses basques loqueteuses devant sa demeure. Il a besoin de moi. Que
seraient ses richesses sans moi ? » (Robert McLiam Wilson, Ripley Bogle, 1988, Chapitre III)
Vous parlez de trotskysme, mais je n’en
suis pas.
Vous affirmez que je ne connais « rien ni aux créateurs ni aux artistes ».
C’est encore faux. Je fais de la photographie artistique et j’en vends, ce que
vous auriez vu si vous aviez eu la charité de parcourir mon site avant de
parler de moi rien qu’à partir de vos fantasmes simplistes et manichéens.
Vous avez de drôles de conceptions
générales qui ne résistent encore pas au moindre contre-exemple : « ce qui fera la différence entre
l’amateur et l’artiste c’est précisément le besoin de reconnaissance concrète
de l’artiste », écrivez-vous. Or, Denis Diderot n’a pas publié la plupart
de son vivant ses œuvres les plus importantes ; et surtout Kafka
demanda même qu’on détruise ses oeuvres. Heureusement que des artistes
peuvent oeuvrer par amour de créer (ah ! quels amateurs, ne pas être
motivés avant tout par le lucre) et autrement que motivés par un besoin de
reconnaissance sociale qui ne ferait de l’art qu’une médiocre association
à but lucratif.