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Commentaire de Morgane Lafée

sur Madame ou mademoiselle ?


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Morgane Lafée 30 septembre 2011 20:29

@ Le Chardon :

Vous avez raison sur le système de réponse d’Agoravox, pas toujours pratique bien qu’il soit nettement plus lisible que sur certains sites concurrents.
Cela dit, citer l’interlocuteur dans un commentaire de forum me semble fairplay, mais dans un article on attend un peu plus que ça.
Pour ce qui est des « énormités » que vous auriez relevées dans de cet article, je regrette, je n’en vois pas. Je suppose que c’est parce que je suis concernée, et pas vous, d’où la différence de perception.
Ce qu’il y a, c’est que dès qu’un sujet est estampillé « féministe », il est de bon ton de le traiter par la dérision. Vous avez donc fait le choix de la facilité, avec ce système de citations/réponses. En même temps, vous soulignez les enjeux dans la langue française, un sujet somme toute assez sérieux. N’y aurait-il pas comme une contradiction dans tout ça ?

Moi aussi je vais citer une remarque que vous avez écrite dans une autre réponse ci-dessus :)

"Y a t-il un préjudice à se faire appeler mademoiselle ? Est-il mieux de se faire appeler dame ? Certaines préfèrent que l’on s’adresse à elles en disant « mademoiselle », d’autres en sont choquées.« 

Comme vous le soulignez si bien, ces appellations déclenchent des réactions émotionnelles (le mot »choquées« est fort). Certaines femmes s’en tapent, mais le fait est que d’autres réagissent à ces appellations qui sont parfois sources d’interprétations. En réalité, je vous le dis en tant que femme, tout dépend du contexte, de la personne qui le prononce et du ton employé.
En tant qu’homme, vous n’avez pas conscience de toutes les nuances que l’on peut relever dans la manière de dire »Mademoiselle« . Quand un homme (ou même une femme) appelle une femme »mademoiselle« , cela peut aussi être flatteur : sous-entendu, elle fait jeune. Mais cela peut aussi être un signe de mépris : elle n’est pas respectable autant qu’une femme mariée. Quand c’est un homme qui le prononce, cela peut aussi vouloir dire »tu n’es pas mariée donc tu es disponible« - j’insiste sur le »tu« de familiarité.

Je vous pose cette question toute simple : pourquoi une moitié de la population devrait se prendre la tête avec ces questions alors que l’autre se verrait accorder la même appellation quelque soit son statut, avec toute la neutralité que cela sous-tend ?
Voyez-vous, l’interlocuteur qui appelle femme »mademoiselle« n’est pas forcément un fonctionnaire de l’administration. Ça peut être le boulanger ou la boulangère du coin, et quand il ou elle prononce le »mademoiselle« avec mépris, cela se passe devant tout un tas de quidam.

Pour vous donner mon sentiment perso sur le sujet, très franchement, la plupart du temps je n’y pense même pas. Quand les rapports sont neutres avec les gens, je me fiche qu’on m’appelle Madame ou Mademoiselle. Mais il y a effectivement des moments, même s’ils sont assez rares, où cette nuance est franchement déplacée.
Enfin, je trouve ça complètement désuet. Aujourd’hui, une femme n’a plus besoin de se marier pour acquérir un statut social, donc pour être une »dame« . Car c’est bien de cela dont il s’agit. D’où le caractère dépassé, voire d’un autre temps, de cette nuance.
A la limite, quand la personne est vraiment jeune, je comprends qu’on l’appelle »mademoiselle« , de même qu’on dit »jeune homme« à un garçon de 20 ans. Mais après, quand une femme gagne sa vie et s’assume, ça n’a plus de raison d’être.

Défendre la langue française, c’est très bien, mais une langue est faite pour évoluer avec son époque. Et les temps ont changé.
Et puis, très franchement, en quoi la suppression de l’appellation »mademoiselle« met-elle en danger la langue française ? Ce sont de fausses excuses. Il est beaucoup plus essentiel de défendre la langue contre l’invasion des formules SMS ou du langage de »Caïra". Là il y a un vrai problème de disparition de la culture !


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