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Commentaire de morice

sur Kadhafi et ses mercenaires sud-africains


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morice morice 28 octobre 2011 22:58

c’est un excellent rapport en effet qui insiste sur l’exagération du CNT en tout. Voilà ce que j’en retiens :


1) Au total, Kadhafi se comporte davantage comme un chef d’Etat africain que comme leader arabe. Il est tyrannique, imprévisible, fantasque, mégalomane.

Le régime Kadhafi, c’est 42 ans d’injustice et de privation de liberté En février 2011, la situation du pays était bloquée. A la différence de la Tunisie et de l’Egypte, il n’y avait aucune place pour les partis politiques, les syndicats, les médias indépendants et la société civile était quasiment inexistante. L’opposition était réduite néant. Le pays vit sous étroite surveillance, avec des détentions arbitraires. La nécessité de réformes politiques était criante. Cela ne pouvait que déboucher sur une explosion de violence.

Le régime de Kadhafi conduisait inexorablement le pays à se refermer sur lui- même engendrant un phénomène d’insularité de fait. Il limitait l’ouverture au monde aux voyages et, fait significatif, l’enseignement des langues étrangères que les jeunes générations parlent peu, l’exception des Libyens de la diaspora.

Dans le même ordre d’idées, le développement de la société civile a été considérablement freiné par le système mis en place depuis 40 ans par le colonel Kadhafi. Ce dernier n’hésitait pas dire, l’année dernière encore, qu’une telle émergence ne pouvait avoir de sens en Libye : dans un pays où le peuple est censé détenir le pouvoir, il ne peut exister une entité sociologique s’opposant lui. Ce vide socio- politique contrarie l’émergence de futurs dirigeants au sein de l’opposition.


2) Au cours des années récentes, de nouveaux recrutements d’étrangers ont été opérés. Ce phénomène est tout fait comparable ce que l’on retrouve tous les niveaux de la vie économique libyenne : une très forte proportion de travailleurs étrangers en quête d’un emploi dans le pays.

De nos jours, les recrues sont majoritairement de nationalités malienne, tchadienne, nigérienne, congolaise et soudanaise. Si la solde n’atteint pas les 2 000 dollars par mois annoncés par la propagande adverse, elle est tout de même conséquente rapportée aux salaires de misère qui sont en vigueur dans les pays d’origine des volontaires.

Les informations en provenance des forces rebelles qui dénoncent ces intrusions étrangères sont vagues et sujettes à caution. Début avril, les insurgés ont indiqué avoir capturé quinze mercenaires algériens à Ajdabiya et en avoir tué trois lors des combats livrés dans cette ville. Le porte-parole des rebelles a aussitôt accusé l’Algérie de soutenir Mouammar Kadhafi, affirmant que ce pays « fermait les yeux » sur la venue de mercenaires.


3) sur le nombre :

Jennifer Rubin, du Washington Post, citant un ancien proche du régime aujourd’hui passé dans l’opposition, écrit que 450 mercenaires saharaouis participeraient à la répression des insurgés. Ils proviendraient des camps de Tindouf en Algérie, où sont basés les membres du Polisario, ce qui impliquerait une complicité de l’Algérie. Ces combattants toucheraient, toujours selon le Washington Post, 10000dollars pour deux mois d’engagement. Le montant de la solde est tout simplement ahurissant. Le Polisario a d’ailleurs rejeté ces allégations.

Ce qui est en revanche avéré – et la mission l’a constaté par elle-même -, c’est que les Touaregs (Targuis) du Niger sont venus en mai à Tripoli apporter leur soutien à Kadhafi. Leur démarche relève d’une dette d’honneur et elle est spontanée. Ils se disent 30 000, chiffre très largement exagéré. La mission a pu rencontrer certains de leurs chefs logés l’hôtel Corinthia, à Tripoli.

A la vérité, les effectifs de ces combattants étrangers sont particulièrement difficiles à évaluer. Les chiffres qui circulent sont gonflés (jusqu’ 6 000 selon certaines sources) et il semble qu’un amalgame délibéré soit fait entre des Libyens d’origine étrangère et de véritables volontaires venus d’autres pays. Quel que soit leur nombre, ils ne constituent qu’une faible partie des forces libyennes.


4) - Le président du CNT, Mustapha Abdujalil al-Bayda, était ministre de la Justice de Kadhafi il y a encore quelques mois. Il a démissionné le 21 février, au début du mouvement de contestation. Considéré comme un traditionnaliste, soutenu par les islamistes et les tribus, il n’a pas laissé de très bons souvenirs en Bulgarie : quand il était président de la Cour d’appel de Tripoli, il a confirmé, à deux reprises, la peine de mort des infirmières bulgares et du médecin palestinien emprisonnés à Benghazi de 1999 à 2007. En récompense de son intransigeance, le Guide l’a nommé ministre de la Justice en 2007.

- Le responsable des Affaires étrangères, Ali Abdelaziz al-Essaoui, était ministre du Commerce et de l’Economie, puis ambassadeur en Inde, avant de démissionner et de rejoindre les rebelles.

24- Omar al-Hariri, chargé des « affaires militaires », a participé avec Kadhafi au coup d’État de 1969, mais a été emprisonné puis exilé après l’échec de sa tentative de coup d’Etat contre le Guide en 1975. - L’ancien ministre de l’Intérieur, le général Abdul Fatah Younis al Abidi, est un homme puissant et respecté dans l’armée, créateur des forces spéciales. C’est un ancien compagnon de Kadhafi, qui n’a fait défection que quelques jours après le début des émeutes.

Si tant de dignitaires du régime ont abandonné Kadhafi, ce n’est pas en raison d’une soudaine conversion la démocratie, mais par opportunisme. Le président du CNT et le patron de ses forces armées sont des anciens hauts dignitaires du régime de Tripoli, compagnons de toujours sinon complices du Guide ou exécuteurs des basses œuvres de la « Grande Jamahiriya ». Leur ralliement l’insurrection ne saurait les absoudre de leurs responsabilités passées et il est totalement erroné d’en faire des « libérateurs » qui voudraient faire entrer la Libye dans l’ère de la démocratie et du respect des droits de l’homme, qu’ils ont allègrement violés au cours de la dernière décennie.

Toutefois, certains représentants authentiquement démocrates du CNT n’hésitent pas à affirmer que « la présence d’anciennes personnalités du régime au sein du CNT est utile car cela permet de profiter de leur expérience ».


5) Les opérations clandestines d’assistance

Dès le début des opérations aériennes, des équipes de la CIA furent déployées en Libye, sur ordre du président des Etats-Unis, pour prendre contact avec les insurgés et guider les frappes de la coalition. Le président américain aurait signé un mémorandum secret permettant la conduite d’opérations clandestines afin « de contribuer l’effort de guerre » en Libye. Celles-ci ont permis le retour du colonel Hafter1.

Puis, à la demande de Washington, le Royaume Uni dépêche des conseillers militaires auprès des insurgés, afin d’épauler sur le terrain l’action de la CIA. Ainsi, quelques dizaines de membres des forces spéciales britanniques et d’officiers du Secret Intelligence Service opèrent en Libye, en particulier pour recueillir des renseignements sur les positions des forces loyalistes. Mais ces missions ne se déroulent pas toujours au mieux.

Début mars, un petit groupe composé de deux agents du MI-6 et de six hommes du Special Air Service (SAS) tente d’entrer discrètement en contact avec les chefs de la rébellion Benghazi. L’opération tourne court car, dès leur descente d’hélicoptère, les huit hommes sont surpris par des hommes armés qui gardent une ferme. Capturés, puis remis aux rebelles, ils sont interrogés pendant plusieurs jours avant que les autorités britanniques ne confirment leur mission et ordonnent une extraction par hélicoptère.

Le Canard Enchaîné a révélé que la France aurait, pour sa part, fourni, sous couvert de fret humanitaire, des canons de 105 mm et des batteries antiaériennes aux rebelles de Benghazi, tenant la promesse de Nicolas Sarkozy au président du Conseil libyen de transition : « Nous allons vous aider ». Cette opération menée par le service action de la DGSE aurait également permis d’envoyer sur place quelques officiers de liaison, chargés d’aider les combattants à coordonner leurs opérations et plusieurs instructeurs pour prodiguer des conseils d’ordre technique, logistique et organisationnel aux insurgés. François Baroin, le porte-parole du gouvernement français, a déclaré que le nombre d’agents dépêchés en Libye restait limité. Cette initiative a, selon lui, pour objectif d’organiser la protection des civils, car la France n’a pas l’intention de déployer des troupes au sol.

Afin de ne pas demeurer en reste, l’Italie a également fini par envoyer plusieurs conseillers militaires auprès de la rébellion.

Les Etats occidentaux ne sont pas être les seuls à apporter leur soutien aux rebelles, l’Egypte est également impliquée. Certaines informations indiquent que des membres de ses forces spéciales – appartenant à l’Unité 777 - auraient traversé la frontière pour fournir armements et appui tactique aux rebelles.


6) Les tentatives d’assassinat de Kadhafi

L’une des solutions les plus rapides afin de mettre un terme la crise libyenne serait la disparition du guide libyen. Ainsi, les services de la coalition, en coordination avec les forces aériennes, ont tenté de l’éliminer.

En effet, les membres de la coalition craignent la dislocation de celle-ci. D’une part, le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, connaît une situation difficile en raison de procès personnels et d’alliances politiques très fragiles qui pourraient entraîner son départ à court terme. Or, ses successeurs éventuels ne semblent pas favorablement disposés l’égard de l’opération de l’OTAN et pourraient faire sortir l’Italie de la coalition. D’autre part le 19 mai, l’Executive Order signé par Obama pour les opérations en Libye et valable 60 jours, a pris fin.

Ce calendrier semble expliquer le bombardement de la résidence du dirigeant de Tripoli, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, en flagrante violation de la résolution 1973 de l’ONU. Au cours de cette opération des forces aériennes de l’OTAN, l’un des fils de Mouammar Kadhafi - Saïf al-Arab, âgé de 29 ans - qui n’occupait pas de fonctions officielles au sein du régime, a trouvé la mort avec trois de ses enfants. Moussa Ibrahim, le porte-parole du régime a dénoncé une tentative d’assassinat du leader libyen, qui se trouvait dans la maison bombardée lors des frappes mais n’aurait pas été blessé.

Il convient également de rappeler que la résidence du colonel Kadhafi, à Bab-al Azizia, au centre de Tripoli, avait déjà été prise pour cible lors de la première vague de bombardements.


extrait de la conclusion

La coalition parviendra peut-être à éliminer le guide libyen ou à provoquer son départ. Mais l’Occident doit prendre garde qu’il ne soit pas remplacé par un régime plus radicalement anti-occidental et tout aussi peu démocratique. Il serait alors devenu son complice. Il est légitime de se demander si une telle direction n’est pas déj choisie, lorsque l’on observe les étonnantes alliances contre-nature qui ont été conclues autour de l’affaire libyenne par Washington, pour l’unique défense de ses intérêts stratégiques. Tout laisse craindre que les Occidentaux n’aient oublié l’Afghanistan des années 1990 et, surtout, la vieille histoire de Charybde et Scylla.


ce qui rejoint PARFAITEMENT et ce que je raconte, et le Canard Enchaîné...


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