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Commentaire de easy

sur Sortir de Babel : pour une science citoyenne


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easy easy 23 février 2012 17:08

Je connais d’autant les expériences d’Asch (1950) et de Milgram (1960) que ce dernier avait écrit sur le phénomène de soumission à l’autorité certes lors de la Shoah mais aussi lors de la guerre de Corée et aussi lors du massacre de My Lai au Vietnam (1968)

Sur ce sujet je préfère les expériences démontrant notre stratégie face au groupe à celles qui démontrent notre stratégie face à un chef. Je substitue à l’habituel mot « soumission » que je trouve trop déresponsabilisant et victimiste, celui de « stratégie ». Je crois que sauf à avoir un pistolet sur la tempe ou des chaînes aux chevilles, on agit non par soumission mais par stratégie.




«  » Il est vrai que nous sommes des êtres adaptatifs, et que l’image que nous renvoie l’autre de nous même est fondamentale dans notre histoire et nos évolutions.«  »«  »


Votre assertion serait parfaitement entendue par les sauvages.
Jusqu’à son dernier mot.
Vous avez utilisé ici le mot évolution dans le seul sens de changement, de différent, sans sous-entendre un jugement de valeur. Il n’y a pas de « demain mieux qu’hier » dans vos propos. Même dans ce sens a-valoriste, il serait assez peu compréhensible à bien des non gréco-romanisés.


Depuis Aristote, ce mot est le plus souvent porteur d’un jugement de valeur en « Demain mieux qu’hier » et mieux à tous égards depuis le confort jusqu’à la moralité en passant par la justice ou le droit.

Ce sens progressiste du mot évolution, c’est certain, les sauvages que j’ai connus ne le comprenaient pas.

Rien que le salaire temps passé ou au poids de feuilles récoltées était à l’époque un concept qui était à la limite de les autister. Si ce n’était par cette cueillette dans notre plantation, ils ne pratiquaient que très peu de commerces avec les Viets et préféraient en tous cas le troc forfaitaire.

Comme les Aborigènes d’Australie, ils étaient perturbés par la question « Combien as-tu d’enfants ? ». Ils répondaient « Bin, il y a Joseph, Hélène et Léon » « Certes mais alors ça fait combien ? » « Bin euh, Joseph, Hélène et Léon »

Ils pratiquaient des jeux de société sans principe d’accumulation et on n’en sortait jamais clairement vainqueur. On avait joué, villageoisement joué, c’est l’essentiel. Même entre Viets, entre équipes des différentes plantations, quand on jouait au volley-ball, on ne comptait pas. On se félicitait d’avoir joué aimablement ensemble, c’est tout. Et plus tard, j’ai été choqué quand j’ai vu qu’en France on comptait des points. Ca m’a paru très inamical. 

(Les colonisateurs avaient très souvent enseigné la marelle aux enfants indigènes afin de les initier à différentes notions : les chiffres arabes, les principes comptables et d’accumulation, le carré, l’empilement, la croix, le transept, l’église, la symétrie, la dualité, le progrès, la conquête, la frontière, le territoire, la propriété foncière, l’ascension sociale, la victoire, le paradis, le mérite, l’élitisme, le cataphatique...)

L’évolution au sens de « Demain mieux qu’hier » n’a été probante que sur le plan du confort (armement inclus). C’est alors le confort qui valide à lui seul tous les champs du mieux. Le mieux du confort certifie le mieux de la Justice, le mieux de la politique, le mieux de la morale, le mieux de l’éthique.

C’est en saucissonnant le mieux global et en ne considérant principalement que le mieux confort que nous parvenons à nous convaincre de notre progrès global.
On fait semblant. Car dès qu’il apparaît que le confort matériel régresse, on ressent le naufrage spirituel.
Quand on retire son smartphone à quelqu’un, il panique tant ce seul appareil résume le progrès global.


Il ne sert à rien de continuer à courir après la solution de progrès. Il vaut mieux en abandonner l’illusion et se contenter de l’étant. Le « da-sein » suffit et n’a pas besoin d’être de progrès.

Dire que le progrès n’a jamais été indispensable ne veut pas dire qu’on le pourchasserait désormais. Ca veut seulement dire qu’on ne sera pas dépité de ne pas progresser et qu’on ne verra aucun inconvénient, aucune honte à revenir éventuellement à des formules de vie ayant convenu aux anciens.
Mais renoncer au concept de progrès implique de renoncer aussi à l’arrogance et au sentiment de supériorité culturelle.


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