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Commentaire de Corinne

sur Sortir de Babel : pour une science citoyenne


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Corinne Colas Corinne 26 février 2012 23:36

Partie A

 

 Bonjour,

 

Il y a des sujets qui n’intéressent que modérément la société française, et l’autisme en fait partie. La première idée est de vous remercier pour ce qui semble être un « article-feuilleton » avec un thème peu habituel sur Agoravox. Mieux, on se dit que cela mérite une petite ovation ! Mais dès le début, vous plantez le décor de telle façon, qu’on se demande où cela va aboutir. 

Après deux papiers consécutifs sur ce qui serait //le cas de l’autisme// « dans …, et…, etc. », je m’interroge encore plus sur votre démarche. Je la pense sincère, voire idéaliste mais pour être honnête jusqu’au bout, je la trouve peu à même de faire avancer la compréhension de l’autisme au moins dans la façon de poser votre sujet. Elle semble un prétexte à un exercice de style. Dans un contexte politoco-médiatico particulier où certains tentent d’introduire un faux débat, cela ajoute à la confusion.

 

Quelques remarques en vrac :

Votre fiche de rédacteur mentionne que vous êtes psychologue scolaire. Vous êtes donc un professionnel susceptible d’apporter son « expertise » au sein de l’école mais vous affirmez :

a) il n’y a toujours pas d’accord sur la question de savoir ce qu’est l’autisme

b) sa définition est // terriblement vague et sans utilité //

 

De telles assertions sont inquiétantes ! Ne forcez-vous pas un peu trop le trait ? Attention, c’est ce que disent justement les psychanalystes… pour une fois, on ne peut pas leur donner tort mais pour une autre raison qu’un simple refus des étiquettes ou d’un trop grand nombre de conceptions quant à son étiologie. Pour étudier des causes, il faut bien définir l’objet. Ne serait-il pas préférable de dire que si on n’en connaît pas les causes, on est quand même d’accord aujourd’hui pour « savoir » ce qu’est l’autisme puisque le diagnostic est possible. Cela inclut notamment des outils (CARS, PEP-R, AD-R, ADOS, l’échelle de Vineland, tests de QI…) qui sont validés et une batterie d’examens, qui bien conduits, permettent par exemple un diagnostic différentiel. Ce n’est pas parce que les familles ont la malchance de tomber encore et toujours sur des professionnels qui se font, chacun dans leur coin, leur propre tambouille quant à leur représentation de l’autisme qu’il faut conclure à une mauvaise définition de ce handicap. 

Blâme t- on l’auteur parce que son bouquin fait l’objet de diverses interprétations ? C’est la même problématique dans l’autisme. Certains professionnels ne lisent que ce qu’ils veulent voir. Quant au rapport de la HAS : // montagne qui a accouché d’une souris //, je suis d’accord avec vous… mais c’est le propre de tous les rapports, non ? Il ne fallait pas en attendre des révélations spectaculaires. 

C’est juste un cadre de travail qui n’est pas exempt de défaut mais tout de même, il n’est pas à jeter. Bien que ménageant les susceptibilités des uns et des autres (le fameux consensus franco-français), il est plutôt « à la page », notamment au 5.3 Spécificités de fonctionnement. Cette synthèse rapide a pour objet l’autisme et autres TEDS, rappelons-le tandis que vous, vous parlez du // cas de l’autisme// comme un trouble unique. Pour que ce soit plus clair et précis, il  est « utile » de s’entendre sur les termes utilisés lorsqu’on s’adresse à tout le monde (// entre chercheurs et citoyens // comme vous dites dans l’article 2).

Vous comptiez vous former sur les autismes en consultant ce rapport, je comprends votre dépit... Mais si on faisait Médecine ou Psycho en consultant la HAS, cela se saurait ! Pour ceux qui connaissent bien ce type de troubles, une formation de référent allant à la rencontre des professionnels, est cruciale. De là, débouche la « mesure 5 du Plan Autisme 2008-2010 relative à la nécessité de développer la formation de personnes ressources "susceptibles d’assurer une formation adaptée aux spécificités des TED, aux handicaps qu’ils génèrent et aux réponses que différentes méthodes d’intervention sont susceptibles d’apporter aux personnes qui en souffrent".

 

D’autre part, je vous rappelle au moins un des points de vigilance des recommandations ANESM :

« Donner aux familles une information aussi objective que possible, qui tienne compte de l’avancée des connaissances dans le domaine de l’étiologie et des caractéristiques cliniques de l’autisme et des autres TED. »

 

Pour appuyer votre démonstration sur « l’inutilité » de la définition de l’autisme, vous citez : //un développement nettement déficient de l’interaction sociale et de la communication, et un répertoire considérablement restreint d’activités ou d’intérêts.// Ceux qui sont indifférents à ce handicap, trouvent là, une justification à leur méconnaissance, d’autant que l’analogie simpliste avec le monde politique souligne votre propos. Si eux ont des excuses, ici un psychologue n’en a pas. En effet, vous savez bien que pour chacun de ces trois points, il y a pourtant toute une palette de critères objectifs très précis qui ne peuvent être comparés à l’« autisme » de nos politiques. Je vous cite : //pourrait même s’appliquer à ces politiciens qui deviennent autistes lorsqu’ils accèdent au pouvoir //. Pour rappel, le terme « autisme », complètement galvaudé signifie « refus d’écouter » dans le langage courant tandis qu’au sens clinique, « le problème de l’autisme n’est pas le manque de désir d’interagir et de communiquer, mais un manque de possibilité de le faire »(1).

 

 


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