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Commentaire de Svetlana

sur Suppression des droits d'auteur


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Svetlana 3 avril 2012 11:57

« Je vois pas en quoi ça dérange, de toutes façons ces oeuvres auraient jamais été publiées et auraient jamais rapporté un copec »


Tout le contraire, cette loi ne concerne que des oeuvres qui ont été publiées avant le 1er janvier 2001 et qui sont maintenant indisponibles.

« ce n’est vraiment pas sérieux d’interdire une publication. »

personne ne veut interdire quoi que ce soit ! Les auteurs veulent juste qu’on leur demande leur avis avant de se faire des thunes sur leur travail.

« Il faut arrêter de penser par réflexe »c’est la droite c’est mal c’est pour nous entuber« . Je suis vraiment attrister de voir le peu de débat sur le sujet et que tout le monde suive comme un mouton le »bou Sarkozy !« . »

Le Sénat (à majorité de gauche) et les députés socialistes ont voté cette loi. Donc non, le problème n’est pas une histoire de droite-gauche. C’est qu’une loi issue d’un accord cadre secret avec le SNE (groupement de gros éditeurs) dit qu’on republiera sans leur demander leur avis les oeuvres d’auteurs, et qu’on partagera les droits d’auteurs avec les éditeurs grâce à qui les bouquins ne se vendent plus — puisque par définition, « indisponibles », ça veut dire que le livre n’est plus exploité !

« Ca ne peut déranger que ceux qui écrivent de manière narcissique au lieu de vouloir partager une culture, des idées. »

Je pense que pour écrire ça, vous n’avez aucune idée de la façon dont fonctionne l’édition... Alors en bref : un auteur, quand on lui propose la réédition d’un de ses vieux bouquins, en général, il saute de joie. Et il reprend le fichier, il le fignole (en tenant parfois compte des critiques qu’il avait reçues), il modifie un truc (ou non), bref, il le retravaille. Il s’intéresse aussi à la façon dont le livre sera publié, à sa lisibilité, à son prix. Les auteurs détestent les maquettes ratées qui rendent le livre désagréable à lire et les prix trop élevés qui empêchent les lecteurs d’acheter leurs ouvrages. Tout ça se fait dans le cadre d’un nouveau contrat d’édition où il est clairement stipulé qui fait quoi. 
Tout cela sera impossible, puisqu’on ne préviendra même pas l’auteur qu’on s’apprête à numériser son bouquin, qu’il est prévu que Jouve se charge de la numérisation — et que les premiers e-books faits dans ces conditions sont nuls, des scans bourrés de coquilles sans relecture, et vendus très chers. 

Bref, on est à mille lieues du partage de la culture et des idées !

(à noter que parmi les initiateurs de la pétition se trouvent des auteurs qui ont milité contre Hadopi et qui n’hésitent pas à publier certains de leurs textes en ligne, gratuitement. Certains, hein, pas tous, parce que les auteurs, ils sont comme tout le monde, ils ont un estomac à remplir et un loyer à payer)


Autre point : l’auteur qui ne veut pas que sont livre soit republié. Ben oui, c’est son droit, ça fait partie de ce qu’on appelle « le droit moral ». On peut le déplorer, mais il y a le domaine public pour tout lire, tout prendre, tout consommer de ce qu’a créé autrui. (Alors certes, le domaine public n’intervient que 70 ans après la mort de l’auteur, c’est énorme, c’est trois fois trop, voire plus. Mais là n’est pas la question — même si elle est liée)

Certains auteurs — je pense aux essais politiques, aux manuels techniques, aux thèses philosophiques et j’en passe — peuvent ne pas vouloir qu’un de leurs ouvrages anciens soit réédité, tout simplement parce que leur pensée a évolué, ou que la science et la technique, ont évolué. Et que les lecteurs risqueraient de se retrouver avec un ouvrage obsolète bourré de notions périmées... Cette loi ne concerne pas les seuls ouvrages de fiction ! Tous les livres sont concernés.


Et puis il y a aussi les auteurs qui ne souhaitent pas que leurs oeuvres de jeunesse soient republiées, parce qu’ils ont progressé dans leur écriture, et qu’ils trouvent que c’était vraiment mauvais, ce qu’ils faisaient avant. C’est leur droit, d’ailleurs, cette loi ne le nie pas, elle se contente de leur lier les mains en instituant des modalités telles que le délai de six mois pour refuser, à compter de l’inscription de l’ouvrage dans la base de données, évènement dont ils ne seront pas avertis... 

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