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Commentaire de Sotek

sur Proposition de loi 2895 : instauration du délit de blasphème


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Sotek 21 mars 2006 00:58

Mon article a suscité le débat, c’est déjà satisfaisant.

Voici un condensé de réponses aux nombreux commentaires postés ci-dessus.

La proposition de loi de M.Roubaud constitue une grave atteinte à l’exercice de l’esprit critique sur les idéologies que sont les religions, c’est un fait que l’on ne peut que dénoncer et qui, effectivement, trahit l’esprit démocratique laïc et républicain.

Je suis athée et je n’ai pas d’animosité envers les religions, bien que je considère celles-ci comme des reliquats du passé dont les sociétés doivent se désencastrer et les individus se détacher. Je respecte le droit légitime de toute personne à adhérer à une croyance et à la pratiquer, mais la liberté d’expression doit demeurer assurée. Le mystique ne doit en aucun cas accorder l’inviolabilité à une doctrine.

Ma vision de la religion est la suivante. Sans oublier les incalculables massacres et autres guerres dont elle est à l’origine, il est indéniable qu’elle a, par le passé, eu des conséquences bénéfiques, du temps où les hommes ne pouvaient comprendre ou même entrevoir le fonctionnement du monde. L’homme a toujours placé Dieu sur l’inconnu ou l’inexplicable, mais la frontière de l’ignorance humaine a reculé, et je pense que la religion doit faire de même afin d’accompagner l’humanité dans son chemin vers la connaissance sans l’entraver. Or les courants fondamentalistes visent justement à reprendre du terrain sur le savoir humain ou à le pervertir à leurs fins. La liberté d’expression constituant certainement l’un des facteurs de progrès parmi les plus décisifs - la remise en cause des fondements religieux en est une parfaite expression - elle ne peut être obérée par souci de « respect » ou de « tolérance ».

Concernant l’apitoiement de certains intervenants, dont notamment Aziz, sur le sort des agnostiques et athées, une réponse s’impose.

La religion est indéniablement un carcan idéologique dont les athées se sont libérés et, même s’il en demeure encore beaucoup d’autres qui oppressent l’esprit, c’est déjà un de moins. La religion, que je différencie de la simple croyance en une entité supérieure ou demiurge, est un moyen de fuir la réalité ou de se rassurer quant à l’avenir ou l’inconnu. C’est ce qu’elle a toujours été, c’est ce qu’elle demeure, et c’est ce qu’elle sera toujours. L’adhésion à des principes millénaires, dont beaucoup sont clairement périmés et frisent du risible, témoigne d’une inhibition partielle de l’esprit critique, totale dans le cas du fanatisme. Un croyant peut ainsi être un grand penseur ou scientifique, mais dès lors qu’il aborde sa religiosité, l’esprit critique s’endort. Or l’avancée exponentielle de la technologie et du savoir approfondit de plus en plus ce fossé, ce qui engendre parfois un conflit intérieur. Bien sûr, certains pratiquants, dont nombreuses de mes connaissances, parviennent encore à exercer cette dualité dans leur esprit, heureusement. Mais le retour en force des fondamentalismes, qui refusent la modernité, indiquent une difficulté croissante à opérer une telle divions dans le jugement.

Pour ma part, et pour contredire certains intervenants, je n’ai pas besoin d’un carcan idéologique pour m’épanouir dans la vie, je n’ai pas besoin du refuge ou du réconfort qu’est la religion, je prends sur moi les épreuves que je dois traverser sans en appeler à une puissance supérieure. Ceux qui doutent, souvent à tort, de leur volonté, de leur courage ou de leurs capacités à affronter la vie et ses épreuves, ceux là optent souvent pour la religion, par faiblesse, frilosité ou couardise. L’endoctrinement et l’éducation jouent également un grand rôle dans le développement de la foi, mais cela ne constitue pas une excuse suffisante pour refuser le rationnel et le réel.

Concernant la question sur la loi Gayssot, effectivement, il s’agit d’une limitation de la liberté d’expression, mais dont le caractère unique et exceptionnel m’empêche de prendre une positions claire. Je ne sais pas encore si je suis pour l’abrogation ou le maintien de cette loi, je ne peux donc fournir de réponse tranchée. Mais ce que je peux affirmer du moins, c’est que cette légisation concerne un fait historique passé et risque donc moins de nuir au progrès et au futur de l’humanité que l’ idéologie religieuse qui elle est intemporelle.

(je n’ai pas relu ce message, désolé pour l’orthographe, le style et la syntaxe)


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