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Commentaire de sasapame

sur Nous, on veut ! Pourquoi il faut quitter l'euro et démanteler l'Union européenne


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sasapame sasapame 22 juin 2012 19:34

Brave Démosthène,

sans volonté aucune de vous offenser, c’est aussi pathétique mais bien plus confus et infiniment moins lucide que les discours de l’Athénien illustre dont vous semblez vous réclamer. L’imagineriez-vous, face à la menace de Philippe de Macédoine, haranguer les foules pour leur prêcher la paix inconditionnelle dans l’amour de son prochain, en lui faisant miroiter un pur miracle supposé sauver la démocratie ? Non, assurément... Cela, c’était par contre la stratégie courante des oligarques : vendre le peuple aux tyrans d’un empire avec qui on a signé des traités de paix fort intéressés, sans même consulter le peuple...

Pour éviter de perdre du temps inutilement, en m’appliquant néanmoins à vous répondre, je me permets de vous adresser la réponse que j’ai faite hier, à 13h30, à Lulupipistrelle. Affirmations, direz-vous peut-être encore, mais je crois, de bonne foi, que ça donne quelques indications quant à ma position et mes intentions.

Des affirmations. Mon analyse serait donc « partisane » ? Pourquoi ? Un partisan ne cherche pas à démontrer, il cherche à persuader. (*)

« Les postulats mensongers imposés depuis bientôt 40 ans » : lesquels ? Du reste, je pense que ma thèse est ultra minoritaire, alors merci de m’indiquer les portes-ouvertes que j’enfonce.

« Une concordance temporelle majeure de tous les moyens démocratiques qui auraient permis d’utiliser ce qu’il reste de démocratique au sein des institutions Européennes pour amener une réforme citoyenne. »

Mauvaise plaisanterie. L’Union européenne n’a jamais eu, dans aucun secteur, de fonctionnement qui puisse être qualifié de constitutionnel (autrement dit elle est tyrannique sur toute la ligne), sans parler de démocratie...

Une « réforme citoyenne » ? Mais on ne réforme que ce qui est réformable, mon cher. Quand c’est pourri depuis les premiers fondements, c’est une folie de s’attacher à pareille idée. Et c’est encore plus grave de renvoyer tout à pareille condition, dissuadant de faire autrement, lorsque nous entrons dans une crise de l’ampleur de celle qui a commencé. Bien sûr, il est plus facile de ne pas dire combien la chose est ambitieuse quand on ne détaille rien. Vous permettez, je pense avoir bien plus écrit sur la question que vous ne l’avez fait, alors je vous laisse un peu travailler.

« Dommage que vous ne soyez pas à même de comprendre pourquoi et comment il ne faut pas se désunir, mais au contraire renforcer les liens qui nous unissent, même si ces liens doivent être intégralement revus et corrigés afin de remplacer les dictats ’ économiques ’ par une harmonie sociale et fiscale, doublée d’un protectionnisme à l’échelle de l’union dissuadant toute forme de financiarisation/ spéculation, tout en incitant les investissements productifs. »

Je connais ces prêches, j’ai donné. Je pourrais vous parler des paradis fiscaux, dont le plus gros du monde, de loin, qui se trouvent au sein de l’UE. Vous rappeler que les volumes d’échanges mais aussi les déséquilibres commerciaux concernent avant tout l’intérieur de la zone euro et de l’UE, et rappeler parallèlement que si cette UE est une machine de guerre (économique), soit un truc délibérément fait pour empêcher l’union, ce n’est pas par hasard : autrement dit, il y a un tas de forces qui concourent encore et toujours pour lui conserver ce rôle. J’en passe : il n’y a encore rien, pas le moindre début d’ouverture.

Je préfère faire valoir que sans un parlementarisme européen digne de ce nom, ce qui suppose déjà en soi une ré-vo-lu-tion, au plein sens du terme, rien de tout ça ne marchera. Affirmation, direz-vous ? Je ne pourrai que vous mettre au défi de vous appliquer à démontrer plus que je ne l’ai fait. Et plus encore, parce que l’on trouve encore moins de monde pour y réfléchir un peu sérieusement, je préfère analyser les conditions qui font qu’un ensemble institutionnel peut ou non fonctionner, et naître pour commencer.

Puisque la finance et les multinationales tirent DEJA d’immenses avantage de ce machin et puisqu’ils en contrôlent DEJA les principaux décideurs, chose inévitable après des décennies qu’on a laissé ces institutions hors de tout contrôle, il est évident qu’ils ne vont pas laisser les gouvernements laisser les peuples faire tous ces nécessaires bouleversements qui mènent à l’État fédéral... — encore une fois, cela supposerait carrément de renvoyer chez eux les gouvernements, rien de moins, et encore une fois la monnaie unique et, par ailleurs, toutes ces belles réformes que vous invoquez, ça ne peut pas marcher autrement que sur une telle base. Les référendums interdits ou violés, les eurocrates et les banquiers parachutés en Grèce et en Italie, ça n’est encore rien. Voyez d’ailleurs : dans ce dernier traité, Lisbonne, qui ne change presque rien à ce qui existait déjà, ils ont même pris soin de glisser une clause permettant d’aller « communautairement » casser la figure — que dis-je, tuer et torturer au besoin — à ceux sur l’action desquels votre projet miraculeux s’appuie.

Vous achevez sur l’idée complètement antidémocratique d’appuyer le tout « par une institution publique Européenne indépendante chargée de la création des richesses nécessaire au financement des institutions publiques... » Bon, vous confondez la monnaie, c’est-à-dire du papier et des bits informatiques, avec des richesses, passons. Mais quel niveau d’amateurisme ou d’inconscience faut-il pour vouloir inclure une institution indépendante dans un système supposé un peu démocratique ? Démosthène... franchement. Montesquieu n’était pas démocrate, mais tout de même... La séparation des pouvoirs, c’est le contraire de leur indépendance. Pardonnez-moi mais une telle confusion, c’est effrayant.

(*) Du reste, je me réclame volontiers des Athéniens contemporains de Démosthène : je me crois démocrate et à ce titre je suis contre les partis politiques, quels qu’ils soient, et j’aspire à une démocratie un peu digne de ce nom, laquelle ne peut tout bonnement pas découler d’un régime électif.


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