Bonjour Joletaxi,
C’est toujours un plaisir de dialoguer avec vous.
Si le virus Ebola venait soudainement à se répandre dans le pays, la
démocratie aurait à confier le salut de la communauté française à des médecins
et à personne d’autre. Elle n’aurait même d’autre choix que leur donner carte
blanche, quitte à tolérer qu’ils prennent quelques libertés avec elle, comme
décider autoritairement des mises en quarantaine. Or, dans nos sociétés
contemporaines de plus en plus complexes, une telle problématique s’applique désormais
à beaucoup plus de domaines qu’on ne croit. Dès lors, la pertinence de la
désignation du « qui fait quoi » y devient de plus en plus vitale et
l’intégrisme démocratique, arme favorite de tous les démagogues à statuts, un
poison de plus en plus mortel.
Ainsi, ne soumet-on pas à élection la puissance que l’astre du jour
distribue à chaque mètre carré de notre planète, la présence, la localisation
ou la vitesse du vent, pas plus que la puissance spécifique de chacune des
énergies primaires, mises à notre disposition par la nature. En un mot, on ne décide
pas par référendum de forcer cette dernière à donner ce qu’elle est incapable
de donner, ni ce que la science et la technologie des hommes ne savent pas ou
pas encore lui faire donner.
L’énergie n’est qu’un des domaines dans lesquels des idéologies au
pouvoir de nuisance de plus en plus grand s’emploient quotidiennement à dévoyer
le champ d’action de la démocratie. Le drame c’est que l’efficacité de la
défense de leurs intérêts particuliers ou de leur inconscience parvient à
masquer au pays les nombreux motifs de sa mise en danger. La survie de celui-ci
n’en dépend pas moins d’une lucide identification du péril, de son imminence
et, pour l’affronter efficacement, du caractère idoine de la nature et du
volume des armes dont on décide de confier la conception et la matérialisation
à ses meilleurs spécialistes ; pour rendre un tel service, qu’attendre du
suffrage universel ?!
Au plan militaire, c’est cet état de faits que nos ainés des années 30 ne
voulurent pas voir, qu’un Japon très mal entouré ferait bien de méditer
aujourd’hui et que, pour son salut, Israël comprit très tôt. Aujourd’hui,
confrontés à un péril socio économique plus universel et probablement plus
durable que la guerre, c’est également de cet état de faits que nombres de
compatriotes semblent détourner le regard ou simplement ignorer la nature
funeste.
Or, ce péril là requiert plus que jamais de mobiliser les forces vives
intellectuelles du pays, ses meilleurs experts et spécialistes des domaines les
plus stratégiques de l’industrie, de la science, de la technologie et de
l’économie. Il est même du plus haut intérêt national que les missions à leur
confier, accordent à chaque spécialiste, dans son domaine, une grande autonomie
de moyens et de résultats, sans pour autant mettre en péril la
démocratie ; ceux qui la mettent sont précisément les ignorants qui
revendiquent de se substituer aux experts, dans le cadre de rituels « démocratiques »
de plus en plus grotesques… Parmi eux, on compte pas mal d’économistes.
Sans aller jusqu’à recourir au quasi coup d’État, massivement plébiscité
(!), du Général De Gaulle, en 58, Hollande et son exécutif ont toute légitimité
pour mettre en œuvre cette stratégie de la dernière chance et disposent pour
cela de tous les outils constitutionnels garantissant le respect rigoureux le
notre démocratie. Ils leur suffit de le vouloir.
Pour le reste, je suis bien entendu de votre avis.
Cordialement,
André Pellen