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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Les pervers narcissiques manipulateurs (suite)


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Philippe VERGNES 18 décembre 2012 14:29

 @ JL,

Vous dîtes : "En effet, il y en a qui consultent, ne serait-ce que par obligation (suite à des inculpations par exemple).« 

Exactement ! Toutefois, dans l’exemple précis que vous nous donnez (la délinquance), le concept qu’utilisent les psychiatres (puisque leurs services sont de plus en plus associés aux prisons dans le cadre de la politique sécuritaire en expansion dans notre pays ses dernières années) n’est pas celui de pervers narcissique, mais celui de psychopathe.

De nombreux pays occidentaux tels que les ÉTATS-UNIS - bien évidemment - le CANADA, l’ALLEMAGNE, la BELGIQUE, les PAYS-BAS, l’ANGLETERRE, la SUISSE, l’ESPAGNE, l’ITALIE, etc. etc, ont adopté, pour la définir la criminalité et tenter de prévenir la récidive, la grille de lecture proposée par Robert HARE (qui se nomme la PCL-R dont la pertinence a été maintes et maintes fois »testées« ). Pratiquement tous les pays occidentaux... exceptée la France.

Avec les techniques modernes d’exploration du cerveau et les connaissances en biologie cellulaire de notre système nerveux central (j’y reviendrais dans un autre article, car c’est sur la bases de ses connaissances que nous sommes TOUS manipulés par les idéologies politiques), nous sommes désormais en mesure de mieux cerner les causes de ce trouble de la personnalité qui, les psychanalystes avaient raison, remonte à la petite enfance dans la période pré-œdipienne. Toute la théorie de Paul-Claude RACAMIER porte la dessus et elle est maintenant attestée par les découvertes scientifiques qui s’accumulent au fil du temps.

En 2005, la Haute Autorité de Santé a publié un rapport d’audition publique intitulé : »Prise en charge de la psychopathie« où interviennent de nombreux pédopsychiatres, psychiatres, sociologues, psychologues cliniciens, etc., etc. Dans ce rapport, nombreux sont les intervenants qui déplorent l’absence de politique publique concernant ce phénomène qui a des conséquences sociales dépassant de loin le simple cadre de l’incarcération.

A titre d’exemple, Maurice BERGER, un pédopsychiatre (parmi tant d’autres) déclara :  »Le problème de fond, c’est l’idéologie du lien familial qui règne en France, et qui amène à tenter de maintenir à tout prix un enfant dans sa famille, dans des situations où les parents sont fortement nocifs et n’ont pas la capacité d’évoluer dans un délai compatible avec les besoins affectifs de leur enfant. Actuellement, on théorise mieux l’origine de la violence précoce mais seule la création d’une loi spécifique sur la protection de l’enfance, centrée sur l’intérêt de l’enfant défini comme la protection de sa sécurité et de son développement affectif et intellectuel permettra une action cohérente. A la différence de ce qui s’est passé dans d’autres pays, il n’est pas certains qu’un tel changement législatif soit pensable dans notre pays.« 

Vous dîtes :  »Mais je suppose que ça reste quand même marginal dans les salles d’attentes des psys.« 

En fait, non ! Le problème est justement en train de submerger les psys qui, manquant de bases conceptuelles pour l’interpréter correctement, se retranchent (se protègent) derrière des cadres théoriques obsolètes ou désuets (comme bon vous semble). D’où les différentes critiques et attaques (bien souvent justifiées) envers cette psychologie qui ne sait se remettre en cause.

Tel n’est pas le cas de notre sujet ! C’est même absolument tout le contraire, dans le sens où P.-C. RACAMIER a su créer des »concepts ouverts« . C’est-à-dire qui ne s’enferment pas sur eux-mêmes comme peuvent le faire les différentes classifications nosographiques à usage international (tel que les actuels DSM-IV ou CIM-10 pourtant bien utile pour savoir de quoi on parle).

Par rapport à l’étude de la psychopathie, nous accusons en France 30 ans de retard sur tous les autres pays. Je dis bien 30 ans, c’est ce que relèvent tous les professionnels qui se sont expatriés. Or, nous avons l’occasion, avec le concept de pervers narcissique, de non seulement combler ce retard, mais d’être des précurseurs en la matière (et donc en matière de politique publique à mener contre la criminalité), car comme je l’ai déjà souligné cette notion est bien plus précise que celle de psychopathie même si l’une et l’autre se complète.

Toutefois, il est certains qu’avec des gens qui rament à contre-courant, les mentalités seront, comme le souligne si bien Maurice BERGER, très difficile à faire évoluer en France. Ce débat n’est pas nouveau, surtout lorsqu’il touche à la protection de l’enfance et possède un lien filial direct avec le droit de la famille. Nous en avons, en ce moment même, un exemple quotidien.

Pour finir, juste une petite précision, car je connais par cœur les objections faîtes par les professionnels entre le concept de psychopathe et de pervers narcissique. Robert HARE (dans le droit fil d’Hervey CLEKLEY), au sujet des psychopathies, parle de »psychopathe successful« (psychopathe »réussi« qui est en fait le pervers narcissique) et de »psychopathe unsuccessful« (psychopathe »raté« qui est en fait un pervers narcissique qui s’est fait »gaulé" par la patrouille).


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