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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Les pervers narcissiques manipulateurs (suite)


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Philippe VERGNES 19 décembre 2012 09:09

@ JL,

Ce que j’admets concernant certaines réactions suite à mon premier article, c’est l’utilité et la nécessité de mieux expliquer les phénomènes d’auto-manipulation sur lesquels jouent actuellement tous ceux qui cherchent à nous manipuler. Que nous soyons tous manipulés, et la façon dont nous le sommes, je pense que même si je continue à en découvrir tous les jours, je suis assez bien sensibilisé au problème. J’en ai fait un livre (un autre) qui ne parle que de çà et qui est une synthèse des dix meilleurs ouvrages parus sur le sujet. J’ai fais parvenir cet essais à deux responsables culturels de grands quotidiens (avant de le proposer à des maisons d’édition afin d’éviter les déconvenues précédentes) et je me suis arrêté là, car leur verdict a été unanime : lisant plus d’une centaine de bouquins par an, ils m’ont confirmé ce que toutes les personnes qui m’aident à corriger mes écrits (surtout les fautes, je n’aime pas me relire, du coup j’en laisse passer pas mal) m’avaient déjà signifié, à savoir que c’était le meilleur essais qu’il avait lu de l’année (du point de vue de son utilité). Ils m’ont même donné des solutions pour le faire éditer et me recommander auprès d’éditeur qu’ils connaissaient personnellement, ce que j’ai refusé, car j’ai d’autres projets en cours de réalisation pour ces ouvrages (il est cependant disponible sur TheBookEdition).

Je ne cesse de le répéter : nous nous manipulons « bien plus » que l’on nous manipule (en fait tout autant, mais cette dimension de l’auto-manipulation est quasi totalement éludée par le grand public bien qu’étudié depuis longtemps). Cela tient en fait à nos processus perceptuels et la manière dont ils peuvent être déjoués. J’y ai fait quelques allusions dans certains de mes commentaires. L’ultime piège étant nos interprétations.

Sur la phrase que vous souhaitiez commenter et le bémol que vous y apportez : oui !

C’est en fait beaucoup plus compliqué que le schéma (très réducteur) d’après lequel j’ai condensé le problème. Mais de ce point de vue, il reste de nombreuse zone d’ombre à éclairer. Par contre, je ne suis pas persuadé que Serge TISSERON réduise l’empathie aux seules dimensions du cognitif et de l’affectif. Cette vision est assez ancienne et nous en sommes maintenant à un point de vue en quatre dimension. Je vous mets en lien, si cela vous intéresse, un article de Jean DECETY (c’est pour moi l’une des plus grandes références sur la compréhension de l’empathie) qui consacre sa vie à l’étude de cette capacité et ce sont ses travaux qui m’ont inspiré le concept d’empathie positive « pathologique » et d’empathie négative « pathologique » (cela serait à vérifier en relisant le livre de Serge TISSERON, mais il me semble qu’il emploie aussi ces termes-là dans ses écrits, à moins que je ne confonde avec un autre auteur) : L’empathie et la mentalisation à la lumière des neurosciences sociales.

En conclusion de cet article l’auteur y déclare : "Cette fragmentation de l’empathie en composants élémentaires permettra sans doute de mieux appréhender les altérations de cette capacité qui peuvent survenir soit à la suite de désordres neuro-développementaux (comme dans l’autisme), ou dans des troubles de la personnalité.« 

En fait, l’empathie est neutre. C’est justement le déséquilibre de cette neutralité que je souligne en parlant d’empathie positive »pathologique« et d’empathie négative »pathologique« . Cette neutralité est une condition pour que cette capacité s’exprime pleinement et c’est bien sûr ce que nous en faisons qui fait, selon moi, qu’elle bascule sur un pôle »négatif« ou »positif« (j’avais pris cette image dans mes écrits en faisant référence aux aimants et à l’attraction quasi »magnétique« que la majorité des victimes ressentent envers leur futur »bourreau« ).

En fait, dans ma vision des choses, quelque chose (qui reste à découvrir) a perturbé les quatre dimensions de l’empathie pour en faire soit »quelque chose« de »négatif« , soit son pôle inverse. C’est de plus en plus évident pour moi, mais pour en avoir confirmation il faut partir à la pêche aux informations, ce qui n’est pas une mince affaire sur un sujet qui commence à peine à intéresser les scientifiques.

Ce qui revient à dire que pour moi, il est faut de dire que le pervers narcissique où le psychopathe n’éprouve pas d’empathie comme indiqué dans toutes les descriptions nosographiques de ce trouble de la personnalité. Il éprouve une forme d’empathie à qui il a attribuée d’autres fonctions que celles que la majorité des gens »normaux« lui ont attribuée, d’où mon paragraphe sur le handicap de l’empathie dans mon article.

Et ce, même si cette hypothèse n’est pas vérifiée scientifiquement, de nombreux indices (pluridisciplinaires, d’où la difficulté à les mettre en évidence) permettent de la corroborer. Mais cela, c’est vraiment un long, long débat. Encore une fois ici, nous réagissons comme si ce qui ne se voyait pas n’existait pas et nous nous piégeons nous même en interprétant trop vite les situations. Ce qui revient à vouloir donner un sens à ce que nous observons et ce coûte que coûte (c’est une particularité du fonctionnement de notre cerveau, une »faille" pourrait-on dire, sur laquelle jouent tous les manipulateurs).


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