Bonjour Michel Koutouzis,

Merci pour vos articles, toujours intéressants.

Quand on lit le petit livre de Keith Dixon « Les Evangélistes du Marché », on comprend que les économistes de l’ Ecole de Chicago présentaient TINA comme le fin du fin des théories économiques et la promesse d’un miracle, en lieu et place des systèmes de solidarité sociale issus de la guerre.

Pour la mise en place de la pompe à phynances, il a fallu éliminer les obstacles intellectuels, politiques et syndicaux, et favoriser l’émergence d’une classe de porte paroles.

Ils ont phagocyté les leaders d’opinions (économistes, journalistes, intellectuels, universitaires, artistes etc) qui ont servi de relais dans les médias sous contrôle avec l’unique discours TINA :

« Foin des régulations, moins ou plus d’Etat du tout ; plus de frontières ni de Nations, laissons faire le marché, la richesse coulera à flot, les riches seront encore plus riches et les bienfaits couleront comme du miel vers le bas de la Société. »

Pourquoi ne se rendent -ils pas compte que cela ne fonctionne pas ? Ils n’en sont pas victimes, mais bénéficiaires, ils se sont enrichis et continuent à s’enrichir. La classe des larbins aussi.

Quand ils se trompent, rien ne change pour autant, ce n’est jamais de leur faute, mais de celle des peuples qui ne font pas ce qu’ils devraient faire.

Le FMI a reconnu en Janvier que ses modèles sur l’austérité étaient erronés, que les effets néfastes sur l’économie étaient 4 ou 5 fois supérieurs à leurs prévisions.
Vous avez vu changer quelque chose ? Nada.

Les cranes d’œuf d’ Harvard avait fait des tas de calculs, dont il ressortait qu’au delà de 90% du PIB, la croissance serait en berne.
Jusqu’au jour où un étudiant a refait les calculs et montré qu’il y avait une erreur de formule. Cela a-t-il changé quelque chose ? Les pays du Sud de l’ UE doivent continuer dans la même voie.

On peut se demander s’il s’agit de l’effet de l’idéologie, ou si le système n’a pas volontairement écarté les gens compétents pour ne garder que les nouilles ?

L’idéologie a tendance à perpétuer le système, présenté non pas comme erroné, mais comme incomplet. Comme en URSS, si ça ne marchait pas, c’est qu’il n’y avait pas assez de communisme.

En URSS, l’idéologie était perpétuée parce qu’elle assurait à ses adhérents de faire partie de la distribution des places et des prébendes.

La terreur a éliminé les opposants et persuadé les autres qu’il fallait en rajouter une couche pour que ça marche vraiment.

Pour l’Union européenne, il a fallu faire taire les opposants aussi, créer une classe de larbins politiques et médiatiques, afin de manipuler la population pour qu’elle intègre les bonnes idées :

« L’ Europe, c’était pour faire contrepoids aux USA », alors que c’est pour nous ruiner au bénéfice des USA, de sa finance et de ses multinationales.

« L ’ Europe, c’était la paix » , alors que nous n’avons cessé dans le cadre de l’ OTAN , de mener des guerres pétrolifères et gazières.

« L’Europe, comme disait Martine Aubry en 1992, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale, et moins d’exclusion ». Rêve !

Maintenant que les peuples ont compris qu’ils avaient été roulés dans la farine, que la Grèce, exsangue, donne une idée de notre avenir proche, et qu’ils veulent en sortir, la manipulation consiste à leur faire croire que ce serait l’apocalypse, le désastre total.

Et pire, que s’ils veulent en sortir, c’est qu’ils sont d’extrême-droite !