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Commentaire de Milla

sur Borderline... of life ?


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Milla 25 février 2007 19:41

Freud publie un texte où il explique que la science inflige au narcissisme humain trois humiliations : la première d’ordre cosmologique, par la révolution copernicienne, qui ruine l’illusion selon laquelle la terre occupe la place centrale dans l’univers ; la seconde d’ordre biologique, par l’évolution darwinienne qui abat la prétention de l’homme à s’affirmer autre que l’animal ; la troisième, d’ordre psychologique, par l’inconscient freudien qui contredit l’idée que le Moi est le maître en sa demeure. Les personnalités pathologiques, approche psychanalytique (AAPEL : Le propos n’est pas d’expliquer la psychanalyse mais de vulgariser la vision de l’humain tel que Freud l’avait conceptualisé) Freud part semble t’il d’un postulat qu’il n’existe pas vraiment de gens « normaux ». C’est à dire que nous avons tous des fragilités plus ou moins importantes. Pour Freud nous sommes tous des névrosés mais il y a une gradation selon que ce soit léger (ex « obsessionnel un peu maniaque ») ou lourd (ex « obsessionnel obligé de vérifier 10 fois que la lumière a été éteinte ») * Le coté positif de ceci c’est que l’on peut se sentir moins stigmatisé dans le sens où il n’y a pas d’un coté les « normaux » et de l’autre les « malades », ce qui peut éviter le sentiment de 2 camps, les « élus » et les « exclus ». * Le coté totalement négatif de ceci est justement cette absence de frontière qui permet d’entretenir le déni chez une personne malade en disant des phrases comme « tout le monde a des problèmes ». Sans seuils, impossible de dire « cette personne n’est pas malade » ou « cette personne a un cancer », ce qui peut être très dangereux, cf la définition psychanalytique de l’état limite (voir plus bas) qui a un effet dévastateur en fabriquant la catégorie des « pas vraiment malades » Il existe 2 principaux pôles
- Les névrosés (la majorité des individus)
- Les psychotiques * Les névrosés Parmi les névrosés on trouve - Les obsessionnels qui sont des personnes plutôt refoulées, qui recherchent l’ordre, le coté méticuleux, le contrôle permanent. L’obsessionnel vivant et étant à fond dans « son truc » et dans ses « rituels » ou - Les hystériques qui sont le contraire, c’est à dire un désordre total, un vrai « bordel » (pardon). L’hystérique, assez histrionique a besoin d’attirer l’attention sur lui pour exister. Avec lui c’est le théatre de rue, la vision de la « mama italienne », beaucoup de gestes, beaucoup de bruits, beaucoup de fantasmes, mais pas grand chose de palpable... et - Les phobiques qui constituent une petite catégorie à part. Le phobique est un anxieux, un évitant. Il a peur de plein de choses. (listes de phobies disponibles à la page http://www.alaphobie.com/symptomes.php#anxiété 7) * . Les psychotiques Les psychotiques sont « plus atteints ». Leur état perturbe réellement leur vie et leur identité ou celle de leur entourage. Pour Freud ce sont vraiment des malades. A un moment il perd le contrôle de lui-même avec des douleurs psychiques atroces On trouve - Les paranoiaques. Eux, on sait ce que c’est. Le paranoiaque vit avec la théorie du complot. La terre entière est contre lui, nous sommes tous espionnés. Ex : « il y a des micro-puces dans les céréales qui se logent dans notre intestin et qui avec analyse de notre ADN permettent de savoir où l’on se trouve, ce que l’on fait, ce que l’on mange afin de fournir les données à la coalition des états collaborateurs avec les extra-terrestres qui ont planifiés l’invasion de la planète » (je fais bien le parano, hein ??!!) - Les schizophrènes. Le « schizo » c’est ce que tout le monde appelle le « dingue », le « fou ». C’est une personne qui a plusieurs personnalités (qui théoriquement ne se « fréquentent » pas) et qui dans certaines circonstances est totalement en dehors de la réalité. Il a des raisonnements que l’on ne comprends pas, des actions de même. Chez le parano, on peut croire à ses délires parce que c’est bien construit que cela repose en partie sur du vrai, chez le schizophrène ça peut partir de tous les cotés et on se dit « il manque une case, il est pas avec nous lui ». Par exemple quand un clochard commence à vous expliquer qu’il possède 3 avions, une banque, qu’il est marié à un mannequin, qu’il parle à Dieu et que visiblement il y croit, on a alors tendance à douter... Ces 2 poles, névrose et psychose étaient à la base Mais il existe une autre catégorie bien distincte qui s’appelle * Les pervers. Si les deux premiers sont « A » alors le pervers c’est « A barre », c’est dire « qui n’est ni névrotique, ni psychotique » On peut dire que le pervers n’est pas un refoulé mais qu’il passe à l’acte, il réalise les fantasmes Chez les pervers on trouve - Les sado-masochistes dans lesquels l’autre ou soi-même n’est qu’objet dans un « jeu » plus ou moins « jeu » mais plutôt consenti de part et d’autre. Dans ce cadre, celui qui joue le rôle du sadique est un psychopathe « light » - Les psychopathes pour lesquels l’autre n’est pas et on peut donc en user à volonté comme le jeter après usage. (a noter que le pervers narcissique serait une combinaison de pervers et de narcissique) Vous pouvez aussi lire les pages borderline ou pervers narcissique ? Autre découverte qui n’est arrivé qu’après Freud... * « Mais il existe des gens qui semblent être plus que névrosés mais qui ne sont pas vraiment non plus psychotiques ! » Ces personnes sont de fait dans un no man’s land Et c’est ainsi qu’est né « l’état limite ». Les borderline ou état limite sont à la frontière entre les deux. (définition du dictionnaire : « Borderline = à la frontière ») Il est donc logique qu’un borderline au sens psychanalytique du terme ne soit parfois pas du tout borderline au sens DSM IV « Si vous avez le désir profond d’être diagnostiqué borderline, allez voir un psychanalyste, par contre si vous redoutez ce diagnostic, allez voir un psychothérapeute adepte d’un DSM pur et dur, vous mettrez alors le maximum de ’chance’ de votre coté ! » La définition DSM du borderline étant « qui est ça ça ou ça » alors que la définition psychanalytique du borderline est « qui n’est ni ça, ni ça et ni ça » Au fil du temps le trouble borderline est devenu un vrai fourre tout « je ne sais pas ce que vous êtes, mais de toute évidence vous avez un problème, donc vous êtes borderline ». Sans doute est-ce la raison pour laquelle le trouble de la personnalité borderline est (était) si peu étudié dans les facultés de médecine françaises Il me semble personnellement difficile de soigner une personne en ne sachant pas ce qu’elle est, mais en ne sachant que ce qu’elle n’est pas.


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