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Commentaire de Jonas

sur Rencontre Abbas, Peres, François : Médiation réelle ou méditation inutile ?


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Jonas 10 juin 2014 19:31

 

 A l’auteur,
Le monde arabo-musulman est en feu et en sang et votre préoccupation c’est la Palestine. J’aurai aimé vous lire , sur la Syrie, sur les événements d’Egypte, sur la guerre en Irak entre chiites et sunnites , sur le Soudan , le Liban qui n’arrive pas à former un gouvernement , cela depuis plusieurs mois. La Libye en rébellion constante, la Somalie ce quasi -Etat, Le Pakistan, la Turquie qui n’a pas été invitée aux cérémonies d’investitures d’Abdel Fattah Al-Sissi etc.
 De votre pays l’Algérie qui selon le quotidien Ech-Chouruk, des renforts déployaient à la frontière Tunisienne ont été retirés et redéployés à la frontière libyenne . A cet égard le quotidien croit savoir , que l’armée Algérienne mène une vaste opération en Libye dans le cadre de la guerre préventive. Cette opération d’une intervention historique en dehors du territoire. La première depuis l’indépendance. Le quotidien Al-Khabar reconnait que l’Algérie fait face à une menace terroriste de grande ampleur. 
Vous avez comme cela 57 pays arabo-musulmans qui normalement auraient dû attirer votre attention au lieu de parler de la Palestine à chacun de vos articles. Cela vous permet d’étaler votre science géopolitique limité a ce conflit, à ce seul conflit. 
 
Vous escamotez le comportement et la trahison des pays Arabes envers la cause palestinienne. Vous refusez d’admettre que si les pays Arabes avaient été pragmatiques et suffisamment politiques , ils auraient accepté le partage suivant la résolution 181, ce qui aurait épargné bien des morts et des souffrances pour le peuple israélien et palestinien. L’histoire est faite par les historiens et non par les apparatchiks du pouvoir pour se maintenir et jouer le beau rôle. Vous oubliez que l’Egypte et la Jordanie auraient pu créer un Etat Palestinien puisqu’ils occupaient de 1948 à 1967 , Gaza , la Cisjordanie et Jérusalem -est , pendant 19 ans. 

Dans un livre « Un siècle pour rien » de Jean Lacouture- Ghassan Tuéni et D.Khoury , Albin Michel , 2002. Je relève ces extraits, pp 89/90. 

- Gérard Khoury* : Â l’issue de la Deuxième Guerre mondiale , un certain nombre de pays accèdent à l’indépendance et on assiste à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Quels sont les différents facteurs qui ont permis à l’Etat d’Israël de se consolider, de trouver sa légalité. 

Ghassam Tuéni ** : J’étais présent en novembre 1947 au débat de l’assemblée générale de l’ONU qui a abouti , ce jour-là, au vote du partage de la Palestine. C’est alors que m’est apparu le décalage culturel, la disparité entre l’approche des délégations arabes et celle, autrement plus pragmatique, je dirais même scientifique , des représentants de l’Agence juive et des délégations occidentales , soviétique comprise. Un sentiment de grande tristesse a envahi les jeunes et les quelques moins jeunes que moi qui, tout en défendant le point de vue arabe , aux côtés d’une vague délégation palestinienne, ou dans le cadre des délégations arabes, s’apercevaient que nous ne parlions pas le même langage, que les orateurs arabes ne semblaient traiter des questions posées à et par l’ONU qu’en des termes désuets marqués par une sorte de nomadisme attardé. Des idées générales et des formules simplistes et surannées , telles que << le monde n’acceptera jamais que les droits légitimes soient violés>>, etc.

J’observais ,en tant qu’étudiant à Harvard, nos délégués et nos dirigeants représenter l’esprit et les aspirations de notre Renaissance, la Nahda : leurs propos me semblaient déjà éculés , dépassés . Ce fut le premier test d’une diplomatie à laquelle nous venions d’accéder. Une sorte d’examen de passage. Il ne fallait pas beaucoup d’intelligence pour pressentir dès avant le vote , et bien avant la création de l’Etat d’Israël, que nous allions échouer. 
Alors la question que je pose est celle-ci : la Nahda avait-elle insuffisamment préparé les Etats arabes souverains à l’exercice d’une liberté chèrement acquise ? Nous étions libres, mais libres de quoi faire ? Libres d’agir, mais comment ? La succession de l’Empire Ottoman contre lequel nos dirigeants s’étaient rebellés et qu’ils avaient , avec leurs alliés d’ Occident , aidé à abattre , nous semblait une bien lourde charge . Nous évoquions , en guise d’alibi , une << responsabilité de l’histoire >>, comme pour nous en décharger . D’autant plus que le mouvement sioniste avait lui aussi, autant que le nationalisme arabe, émergé de la chute de ce même empire".

Un intellectuel en principe cherche à expliquer et à éclairer le chemin et non à égarer et à fausser les faits historiques. Dans le monde arabo-musulmans très peu le font par peur et pour ne pas être soupçonné de traitrise. 

*Gerard Khoury est historien et écrivain.
** Ghassam Tuéni fut successivement ministre,ambassadeur à l’ONU et président de l’université Balamand. Il a dirigé An-Nahar , le groupe de presse et l’édition du Liban.




 




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