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Commentaire de Christian Labrune

sur La seule victoire à Gaza est celle de l'honneur, tout le reste est désastre


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Christian Labrune Christian Labrune 29 août 2014 21:38

@Alinéa
Si vous avez lu mes interventions, la question n’a même pas à être posée, mais s’il faut mettre les points sur les i, ça ne me dérange pas du tout de vous répondre.
L’été dernier, un mouvement de résistance de style « tamarrod », dont les objectifs étaient les mêmes que ceux des Egyptiens sous la botte des« Frères » de Morsi avait déclaré son intention de commencer à agir dès novembre. J’en avais parlé ici même. Le problème, c’est qu’en novembre et même plus tard, on n’a jamais rien vu. Si j’étais à Gaza, bien évidemment, je travaillerais à organiser une résistance à la milice fasciste jusqu’à ce qu’elle soit complètement éliminée. Pour les Israéliens qui ne sont pas sur le terrain et qui sont obligés de recourir à des moyens militaires traditionnels, c’est très difficile, mais pour des groupes mêlés à la population et très déterminés, ce type de guérilla urbaine devient, du moins en théorie, beaucoup plus envisageable. Comment se fait-il qu’aucune résistance n’ait encore pu s’organiser ?
1- La population à Gaza vit dans la terreur, on l’a bien vu récemment avec les exécutions sommaires de « traîtres ». Les mêmes scènes d’horreur avaient eu lieu en 2012, et on avait même traîné des cadavres dans la ville derrière des motos. Tapez « Gaza exécutions » vous les verrez immédiatement. Les exécutions se passent en pleine rue, devant les enfants.
2- Ceux qui, dans cette singulière démocratie, font mine d’exprimer une opposition sont systématiquement soumis à des traitements horribles : balles tirées à bout portant dans les jambes, en particulier. C’est arrivé à beaucoup de partisans Fatah après que le Hamas eut pris le contrôle de la bande. Il y a une video de France 3, datant de 2008,que je n’arrive plus à retrouver. Elle montre dans un hôpital des types blessés aux jambes, quelques uns déjà amputés après des punitions de cette nature. L’un dit même « Le Hamas est pire que les Juifs ! »
3- C’est aussi que l’antisémitisme est la religion la mieux partagée à Gaza comme dans toute la Palestine. Les cervelles sont formatées dès le primaire dans les écoles de l’UNRWA qui sont depuis longtemps passées sous le contrôle du Hamas. Au point qu’il peut y entasser ses stocks de roquettes sans même que les fonctionnaires de l’ONU rendent compte de la chose -ou trop tardivement - à l’organisation qui les a missionnés. Difficile donc, pour ceux qui voudraient organiser une résistance à la tyrannie de l’organisation islamo-fasciste, de trouver des appuis certains dans la population. Ils risquent surtout d’être rapidement dénoncés et éliminés.

Actuellement, le cessez-le-feu sans condition se prolonge mais Netanyahou le reconnaît, il n’y a aucune garantie que cela puisse se prolonger indéfiniment. De fait, Khaled Meschaal déclarait hier de sont hôtel de Doha qu’il était hors de question que le Hamas acceptât d’être désarmé, que que la lutte continuerait et qu’il y aurait d’autres attaques du Hamas. Abu Zhuri avait déjà déclaré dès la fin des hotilités : « Ce succès ouvre la voie à la libération de Jérusalem et de toute la Palestine ». Le programme n’a donc pas varié, c’est ce que prévoit l’article 7 de la charte : élimination de tous les Juifs jusqu’au dernier, de Haïfa jusqu’à Eilat. Le Hamas n’a jamais envisagé une solution à deux états, il revendique la récupération par l’islam, et par une guerre génocidaire, de toute la Palestine. Un tel projet ne diffère en rien des objectifs d’un Califat fermement résolu à exterminer froidement toute population étrangère à l’islam.

Abou Mazen vient de faire observer que les conditions de l’actuel cessez-le-feu sont exactement les mêmes qui avaient été proposées par l’Egypte au commencement de la conférence du Caire. Très explicitement, il rend Meshaal directement responsable des morts et des destructions dans Gaza. Il laisse entendre également que le même Meshaal lui a menti à propos des trois adolescents enlevés à Hébron en lui disant qu’il n’était au courant de rien alors qu’un autre responsable du Hamas ne devait pas tarder à revendiquer l’assassinat.

La seule solution positive pour les Gazaouis serait bien évidemment que l’Autorité palestinienne puisse reprendre le contrôle de Gaza, et pas seulement celui du terminal de Rafah qui vient d’être entrouvert par l’Egypte et celui de la porte d’Erez, du côté d’Israël, laquelle n’a jamais été totalement fermée (plusieurs centaines de camions auront continué d’y transiter chaque jour pendant le conflit, pour approvisionner la ville). Mais cela ne sera guère possible aussi longtemps que le Hamas n’aura pas été éliminé. L’autorité palestinienne ne peut rien faire s’il reste dans Gaza une milice rivale, lourdement armée, et qui y fait régner la terreur.

Etant donné la tournure que prennent les choses, étant donné ce qui se passe du côté du Califat et l’inquiétude grandissante du côté des états européens (déclarations récentes de Cameron), il va devenir chaque jour un peu plus évident dans les prochaines semaines que le Hamas n’est qu’une une partie du problème islamiste au Moyen-Orient, qu’il devra subir le même traitement que toutes les organisations qui y font actuellement régner la terreur. Netanyahou, en ce moment, passe pour un mou en Israël, mais c’est qu’il a parfaitement compris que le temps travaillerait pour lui et qu’il avait intérêt à attendre que le Hamas tombe comme un fruit mur. Ca économise les dépenses d’une guerre difficile et coûteuse et ça économise surtout les vies des soldats et des civils qui sont de l’autre côté. « Viva la muerte ! », c’est à peu près l’article 8 de la charte du Hamas, mais ça n’est pas vraiment la tasse de thé des Israéliens.

Vous voyez que ma position n’a rien de bien original : je pense qu’il faut par tous les moyens, mais quand même surtout par les moins sanglants (donc en prenant son temps et si possible sans entrer dans Gaza) éliminer le Hamas pour y rétablir l’Autorité palestinienne. Abou Mazen est un vieux politicard assez tordu mais ce n’est quand même pas un fanatique islamiste. Il a compris qu’il fallait s’entendre avec Israël et la plupart des israéliens sont bien convaincus de leur côté, même si cela paraît bien difficile, qu’il faudra arriver à une paix durable.


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