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Commentaire de L’enfoiré

sur Une révolution qui se révèle par sa solidarité et son humanité


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L'enfoiré L’enfoiré 21 décembre 2014 20:24

Des anecdotes, j’en ai aussi. 

Pas comme Asterix qui y a vécu pendant 4 ans, mais faut-il tellement de temps pour remarquer ce qui se passe ?

Je répondais dernièrement Yance sur un autre article qui voulait comparer Menton et Cuba.

Tout cela, j’en ai parlé, j’a donné le lien de l’article qui reprenait l’histoire. Bien sûr que Batista pas n’était pas le nec plus ultra. Que ce n’était qu’un lupanar avec les jeux. Mais si vous connaissez l’histoire de Charybde et de Scylla, vous en avez un autre exemple. 

Vous rendez-vous compte que c’est pendant deux générations que les jeunes attendent de voi ce qui se passe ailleurs qu’à Cuba ?

Il y a peu de pays dans lesquels je me suis dit que je ne remettrais pas les pieds si rien ne changeait. Cuba en faisait partie.

Je voulais tout y voir. Je n’ai pas eu cette chance. 

C’était au printemps 1996 pour situer. 

La péninsule de Varadero est le plus souvent la porte d’entrée des touristes dans ce monde d’exception, ce ghetto de faux riches qui ignorent l’extérieur et qui s’ignorent entre eux.

D’abord, le vol avec la Cuban Airline à bord d’un Iliouchine, avion drastiquement rustique. Une fois atterri à La Havane, pour regagner son hôtel dans cet endroit de rêve pour touriste, celui-ci est tout de suite mis au parfum de l’ambiance. La réflexion qui vient tout de suite, c’est la comparaison entre nos méthodes de ralentissement de nos autos. Chez nous, on installe à coup de monnaies des casses vitesse. A Cuba, pas de problème, c’est gratuit : on laisse faire la nature. Les slaloms commencent donc pour éviter les nids de poules laissés par les ruissellements. D’après, le film d’Antoine, les routes seraient devenues des billards ! Oui, entre Varadero et La Havanne, et encore, pas partout.

Arrivé à l’entrée de Varadero, contrôle avec barrière et guérite. La plaque minéralogique avec numéro spécial donne le tempo et le sésame ou non.

Les hôtels internationaux vont se succéder à un rythme accéléré plus prestigieux les uns que les autres avec des allures américaines. Luxe et volupté contrastant avec les préliminaires vus sur la route. Rien n’est trop beau pour satisfaire ce pourvoyeur de moyens financiers pour le pays.

Les panneaux publicitaires ont progressivement remplacé ceux qui montraient la gloire de la « revolucion » et de son leader, « el commandante ».

Le dollar se sent à plein nez tout en étant interdit officiellement à l’extérieur de l’enceinte.

La visite de La Havane va confirmer les impressions de départ avec des surprises de taille. Dans la voiturette moderne, le guide résiste aux questionnements avec le sourire le plus convainquant.

Pour comprendre, il faut prendre du recul et rien ne vaut une vue du fortin en face de la capitale. C’est beau de loin, c’est sûr. Les monuments sur l’autre rive se perdent dans une ville qui cherche son modernisme. Sera-ce le même topo sur l’autre rive au plus près ?

La traversée de la baie mène droit au Musée de la Révolution. Un tank trône, en avant plan du bâtiment, fier d’avoir repoussé l’envahisseur impérialiste. Car cette « Revolucion » est le leitmotiv, le fil rouge de ce demi siècle cubain puisque « La Revolucion es construir » trône sur une façade décrépie et « La Revolucion necessita sacrficios », sur un mur. Le passé de la résistance contre un embargo est volontairement le seul souvenir que l’on veut graver à jamais dans les esprits. Ce passé est tour à tour montré et caché comme si l’autorité avait voulu arrêter le temps les armes à la main.

Les voitures ne courent pas les rues, elles y trottinent de peur qu’elles ne se cassent. Elles ont un âge canonique de 40-50 ans et on les entretient. Trouver les pièces de rechange est une préoccupation majeure. Véritable musée ambulant qui vaut tout de même au mieux 150 mois du salaire le plus élevé d’un médecin. La médecine est gratuite ici. Les médicaments brillent, en revanche, un peu par leur absence. Le logement est aussi un problème majeur reconnu par le régime.

Alors, on répare, on bricole et on parvient à rouler vaille que vaille. Les moyens de transports publics quand par chance, ils passent toutes les heures, on les veut les plus efficaces possible au détriment d’un confort.

El camello« , »le chameau« comme on l’appelle, est là. Embarquons dans ce long bus.

Sur l’immense place de la Révolution, on croit entendre les discours de Fidel Castro tellement ils ont imprégné les heures des premiers mai.

Le Capitole se veut être une copie de l’original de Washington.

Volontairement, un plongeon dans ce passé que l’on veut oublier et qui revient lancinant, les différents endroits célèbres qui ont hanté Hemingway, le restaurant Floridita, le bistro Bodeguita. Les photos, les signatures rappellent ces moments d’un autre espace temps. On veut les ignorer, on les pousse avec nostalgie à la vue du touriste pour probablement ne pas le désorienter.

Très vite, la visite guidée mène à l’immense place de la révolution où le monument du poète José Marti trône en maître avec le Che rappelant la tribune aux discours fleuves du président et avec les Ministères, aux bâtiments plutôt austères et secrets.

La visite suivante ne va pas passer par les échoppes d’aujourd’hui. Hors du cycle touristique, elles étonneraient le touriste, habitué aux grandes surfaces, supermarchés avec profusion de marchandises. Les gens d’aujourd’hui ne sont pas habilités à donner un avis sur leur vie. »On se partage la précarité, les combines et les sacrifices dans une interminable course de fond« , comme l’écrit l’écrivain cubain Fernando Leonardo Padura

Bien au contraire, on oriente ensuite le touriste vers le cimetière avec ses mausolées de personnages de la pègre, mafias d’avant révolution et qui ont sévi grâce à la prostitution en contournant la prohibition de l’autre côté. Epoque qui n’est pas plus enviable. 

Quelle est la raison de ce choix ? Je sais dans certains pays, on visite les catacombes, mais cela fait partie d’histoires bien plus anciennes. La visite continue après le musée où plastronne en évidence la statue de Christophe Colomb, qui est passé dans ces parages dans son rôle de découvreur du nouveau monde. Monde qui, ici, a suspendu son vol. Nous sommes dans l’histoire, mais c’est un peu la préhistoire, la période d’avant la révolution qui impressionne et que l’on montre avec ostentation. Une archéologie que l’on veut plus libertaire et plus libertine.

La place de la cathédrale va essayer de s’extraire au jour le jour, de refaire le plein de touristes et de dollars. On parcourt, on fréquente des échoppes à la sauvette. Le tour des belles, aussi, qui sont là pour satisfaire ces voyageurs en mal d’aventures nocturnes bien rémunérées par ces mêmes billets verts interdits.

Interdit ces billets ? Oui et non.

Dans la légalité, il faut échanger ces beaux billets verts dès l’entrée dans le pays contre la monnaie locale qui n’aura évidemment cours que sur place. Le peso local sera converti en CUC, une première fois à raison de 25 pesos par CUC convertible en dollars. Pour tous les Cubains, le rêve ultime est d’entrer en contact avec un étranger, considéré comme une sorte de banque de charité ambulante. Le salaire mensuel moyen équivallant à peu près à 10 euros, sera payé en pesos, en CUP, le peso cubain, sans valeur à l’extérieur du pays et la nourriture en CUC reliée à son tour en dollar. Dans le magasin, les bons de rationnement s’échangent contre le kilo de riz et les haricots rouges. Le médecin et le policier sont au sommet de la hiérarchie des salaires et doivent se contenter de 800 pesos par mois. Le marché noir est là. On y trouve pour 35 pesos un steak d’une livre, mais il faut aimer la graisse. Vu l’état des routes et les distances importantes, tous déplacements se résument pour des transferts en avion. Mais avec quel avion ?

- Je n’ai pas demandé de faire du parachutisme, ai-je eu l’intention de faire remarquer à la vue de l’un d’entre eux.

Car l’impression est bien là. Tout y est. Dans la carlingue de l’Andronov, on se regarde en face de chaque côté de la carlingue, on se sourit, pas très rassurés. Le cockpit est ouvert. Pendant la visite, pas besoin de chercher le pilotage automatique. Les nuages sont nombreux et on danse en coeur. Quinze minutes de vol et ce qui devait arriver, arriva. On doit faire demi tour, la piste à destination est impraticable due aux intempéries. Dure loi de la nature. Dure loi de la faiblesse des moyens.

Fin de l’histoire et peut-être une autre qui commence aujourd’hui.

Fidel n’a pas été au courant des échanges entre Obama et Raoul, peut-être aurait-il été contraire à dire »Yo sigo siendo el Presidente« 

J’ai un problème majeur, je n’ai pas le culte de la personnalité dans mes veines.

Le goût de la »revolicion" à perpétué me donne la nausée.

Les gens qui parlent trop longtemps à la tribune m’épuisent très vite. Avec Fidel, j’aurais, il occupait une place de choix dans le Guiness... , non ?


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